10.

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Nous sommes encore tous les quatre sur le canapé. Tous ont oublié la notion de plaisir solitaire, pour préférer partager ces instants. C'est vrai que c'est bien meilleur et qu'il faut en profiter pendant que nous sommes confinés.

– Alors, Matthieu, quand est-ce que tu as pris conscience que tu es gay ?

Pas mal, on ne me demande pas « quand » je suis devenu gay. Pas besoin de leçon de morale pour mes potes, ils sont assez intelligents pour savoir que l'orientation sexuelle est définie dès le départ.

– Difficile de donner une date précise. J'ai toujours aimé le corps des hommes. Bien sûr, à l'adolescence c'est devenu plus évident, les filles ne me faisaient rien, mais je ressentais beaucoup de choses en voyant les garçons.

– Qui a été ton premier fantasme ?

– Bah, le premier corps que j'ai admiré c'est celui de mon père, forcément. Je le trouvais tellement beau, viril, avec tous ces poils et cette grosse queue.

– Tu l'as souvent vu nu ?

– Ouais, pas mal de fois. Le matin il était toujours à poil dans la salle de bains, pendant qu'il se rasait, se coiffait, se préparait.

– Le mien, je crois que je ne l'ai jamais vu nu. Sur des photos on nous voit prendre notre bain ensemble mais je ne me souviens même plus de ces moments.

– Le mien ne se cachait pas.

– Tu le regardais beaucoup ?

– Bien sûr. Quand j'ai l'occasion de voir un homme nu je ne prive pas.

– Tu restais à poil aussi devant lui ?

– Non, moi je gardais toujours un caleçon ou une serviette.

– Pour ne pas bander ?

– Surtout parce que j'avais un peu honte à côté de lui. Quand j'ai commencé à comprendre mon intérêt sexuel pour les hommes, j'avais encore un petit zizi imberbe. À côté de son gros membre perdu dans une touffe de poils je me sentais nul.

– Vous parliez de sexe ?

– Non, jamais. Mais même sans en parler, je savais qu'il avait conscience de mes changements, qu'il savait ce que je faisais quand je fermais la porte de ma chambre à clé.

– Tu te masturbais en fantasmant sur lui ?

– J'avoue, c'est arrivé. C'est le premier homme que je voyais nu en vrai, donc forcément ça m'excitait à fond.

– Tu l'as vu en érection ?

– Bah, une nuit je l'ai surpris en train de mater un porno en s'astiquant. Tout était plongé dans la quasi-obscurité donc je n'ai pas vu grand-chose, mais ça m'a suffi à l'époque.

– Une famille de branleurs.

– C'est un plaisir particulier, je crois qu'on n'arrête jamais.

– Et ton vrai premier fantasme ?

– Un pote, qui venait souvent à la maison.

– T'as fait des choses avec lui ?

– Pas plus que ce qu'on fait ici.

À ce moment, Damien se vide. Rapidement, on l'accompagne, c'est bien de finir ensemble. Évidemment, une fois que tout est sorti, ce genre de conversation s'arrête complètement. On ose ces questions que lorsque l'excitation est là. L'interrogatoire ne pourra continuer que lorsque chacun aura rechargé.

Confinement IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant