Equilibrium - Maléfique (Tome 1) [Publié en Auto-Édition]

Chapitre 2

2060...

C'était la veille de l'anniversaire de Felicie. Il faisait nuit noire et la chambre était plongée dans l'obscurité. Felicie essayait de trouver le sommeil, mais en vain, elle avait la désagréable impression de ne pas être seule. Elle se sentait angoissée, oppressée, son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Elle sentait une présence, une présence sombre.

— Cléo ? C'est toi ?

Pourquoi pensait-elle à sa sœur en cet instant ? Elle n'en savait rien, mais lorsqu'elle sentait les ombres planer au-dessus d'elle, elle ne pouvait s'empêcher de songer à elle. La promesse qu'elle lui avait fait tenir lui revenait en mémoire, et elle commençait maintenant à la regretter.

Il y avait eu plusieurs morts étranges en ville. Des corps étaient retrouvés entièrement desséchés, et les policiers qui menaient l'enquête ne trouvaient pas le moindre indice concernant ce qui semblait être des meurtres. Dans le journal, on les appelait les "crimes démoniaques". Ces crimes avaient commencé peu de temps après l'élévation de Cléophée, mais Felicie n'avait aucune preuve permettant de faire le lien avec sa sœur. Néanmoins, après ce que cette dernière lui avait confié, elle avait du mal à croire que la jeune fille d'origine hispanique soit totalement étrangère à tout cela. Ses mains étaient-elles entachées du sang de ces hommes et de ces femmes ? Felicie l'ignorait. Tout ce qu'elle savait, c'était que Cléophée avait incroyablement gagné en puissance et qu'elle était de plus en plus crainte par leur communauté. Les prêtres de la ville priaient pour que la "sorcière" disparaisse. Quant aux Wiccians plus âgées, elles tentaient de lancer des sorts de protection, mais apparemment, elles n'étaient pas assez puissantes.

Alors qu'elle repensait à tous ces morts, Felicie eut l'impression de sentir quelque chose ramper dans son lit. Ses yeux prirent une teinte magenta et elle fit apparaître une flamme dans sa main gauche pour éclairer le lit. Elle étouffa un hurlement en voyant que des serpents essayaient de s'enrouler autour de ses chevilles. Elle se débattit pour éloigner les reptiles, puis se leva d'un bond, frissonnant d'horreur. Elle n'avait jamais eu peur des serpents, mais elle sentait bien que ceux-là étaient venimeux et qu'ils voulaient l'attaquer.

Felicie attrapa le talisman qu'elle s'était fabriqué. Il était fait de bois, qu'elle avait ramassé près du lac sacré et qu'elle avait trempé dans l'eau salvatrice, ainsi que de pierres qu'elle avait trouvées juste à côté. Elle avait passé des mois à faire des incantations pour que le talisman devienne une puissante protection. Elle ne savait pas si c'était réellement Cléophée qui était à l'origine de toutes les malédictions qui s'abattaient sur la ville de La Nouvelle-Orléans, mais elle avait l'intime conviction que le ou la responsable de tout cela allait s'en prendre à elle. Après tout, ce serait bientôt son tour de s'élever et ainsi, de consolider, une bonne fois pour toutes, les pouvoirs de leur Coven.

Felicie brandit le talisman en direction des serpents et inventa une formule pour les faire reculer.

— Que le feu brûle. Qu'il réchauffe ma chambre. Et qu'il fasse fuir le Malin. Que le feu brûle. Qu'il réchauffe ma chambre. Et qu'il fasse fuir le Malin. Que le feu brûle. Qu'il réchauffe ma chambre. Et qu'il fasse fuir le Malin.

Il n'y avait ni magie noire ni magie blanche. Mais les esprits démoniaques existaient, tout comme les esprits saints, elle en était persuadée. Felicie hésitait à utiliser ses pouvoirs car depuis qu'elle était toute petite, ils étaient profondément instables. Les sortilèges qu'elle lançait étaient soit ridiculement inefficaces, soit extrêmement dangereux. La flamme dans sa main commença alors à crépiter et à prendre de l'ampleur, jusqu'à ce que des flammèches s'en échappent en direction des serpents. Mais elles les manquèrent et mirent le feu à sa chambre.