Dimanches Merveilleux
Ceux qui voient ce Monde intensément adorent sa Lumière, veulent tout ce qui est bien, discernent tout ce qui est bon, jouent à échanger des savoirs, se joignent les mains, se soutiennent, se défendent et se rassemblent autour de la Vérité et de tout ce qui vibre grandement.
La place forte du village faisait l'objet de rencontres et ces réunions étaient organisées chaque dimanche. La place était décorée par de nombreuses guirlandes luminescentes, ce jour était une fête intense où tous les villageois, des belles âmes contenues dans une enveloppe à l'apparence humaine, se regroupaient et s'animaient dans une ferveur immense.
Chanter, mais toujours dans le rythme, et la grande Voix s'élevait dans le Ciel, relevant la fréquence de chacun des hôtes. Voyez-en les éclats, la clarté ! Tous respiraient ensemble, s'unissaient. Le village s'animait. D'étonnants défilés de créatures couvertes d'or et de pierreries passaient près du groupe. De chacune des mains de ces merveilleux personnages émanait un fil doré terminé par un rubis. Lorsqu'ils se réunissaient, ces fils, conducteurs de lumière, créaient une ample ronde mouvante, dont les ondes de couleur verte, rose, violette ou blanche, se joignaient à la joie grandissante des villageois.
Je fus invité à visiter ce temple à ciel ouvert. Jamais je n'avais vu un tel spectacle. Troublé, mais en confiance, mon âme se plaisait à côtoyer cette énergie. L'invitation m'avait été communiquée par une fleur alors que je me promenais dans mon jardin. Les temps durs de notre époque nous contraignaient à rester confinés chez nous. Une maladie, disait-on, traînait dans l'air comme un spectre invisible qui se répandait sur sa proie. Il nous fallait alors garder une vigilance extrême lors de nos déplacements extérieurs. Le plus étrange était que cette affection avait des jours de prédilection et c'est ainsi que nous nous retrouvions contraints à ne pas sortir de chez nous du jeudi au dimanche. Les promenades dans notre jardin étaient autorisées mais le passage des drones venait entraver notre besoin d'intimité. Je choisissais de ne pas tenir compte de ces intrusions et entrais en osmose avec la nature et ses éléments dès que l'occasion s'en présentait. Le confinement, cette situation inédite, nous persuadait quelquefois de l'hostilité totale du monde extérieur si bien que, par exemple, la peur, parce qu'elle faisait partie jusqu'alors de la constitution humaine, empêchait une partie de la population de sortir de chez elle les jours libres. Je m'efforçais de trouver du courage chaque jour et de puiser en moi des ressources inestimables pour émerger de cette situation où il était tellement facile de sombrer. Me relier à Mère Nature était mon échappatoire, un instant privilégié où je pouvais enfin communiquer en dehors des codes sociétaux. Les arbres déployaient leurs branches telles des synapses aux influx nerveux qui s'accrochaient à mes veines et m'abreuvaient de leurs histoires merveilleuses, les fleurs ouvraient leurs pétales et je pouvais lire sur chacun d'eux un message de soutien qui m'était adressé. Il me fallait revêtir pour cela des lunettes spéciales ; ces dernières étaient invisibles mais je devais demander au grand Tout de me les transmettre. Ô combien fort était le message qui m'a été délivré ce dimanche et qui m'a conduit dans ce village merveilleux. Une petite fleur violette, comme perdue dans la verdure dense, tâcha de m'apporter le plus grand des bienfaits. Je vis ce minuscule bouton, s'extrayant du vert profond qui la contenait, d'une couleur si fine et si intense que mon cœur en fut tout chaviré. Comment une force telle qu'elle accrocherait mon regard pour l 'éternité pouvait-elle émaner d'un si petit point ? Quand je m'approchai d'elle à pas léger, elle m'offrit, ce qui semblait jusqu'alors impossible, ornée par toutes les grâces, la clé pour accéder à une nouvelle fréquence. Sur un de ses pétales, en lettres si petites qu'il me fallut une deuxième paire de lunettes (demandée encore une fois au grand Tout), je perçus un message qui me combla de bienfaits. Ces mots arrêtèrent mes yeux afin qu'ils lisent dans les tréfonds de son âme : « Ferme tes sens et laisse jaillir l'invisible. Pour cela, visualise la petite fleur que je suis. Elle se transformera en un objet précieux. Là, se matérialisera la clé que tu prendras avec toi. Le chêne que tu connais possède une porte en son tronc, tu pourras donc l'ouvrir. »
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DIMANCHES MERVEILLEUX
FantasyUne clé découverte, un passage dans un arbre et le monde se transforme....