4 - À tâtons...

89 11 17
                                    


La vache.

Depuis que l'infirmière s'est barrée, je les quitte pas des yeux. J'ose pas soulever le drap ni relever la tunique bleue.

Des seins. Des nibards. Des loches. Des roberts. Des obus.

Deux.

La paire.

Un plus un.

Deux nichons.

Je les vois, mais je comprends que dalle.

Allez, courage, mon gars ! Hardi ! Pour une fois que tu risques rien à en regarder de près !

J'inspire à pleins poumons, et je me lance.

Putain !

Je pige rien, mais ils sont canons, mes nichons.

Mes nichons ?

Bordel de merde !

La main tremblante, je glisse sur cette peau tendre qui est la mienne, jusqu'à l'un des mamelons.

C'est toujours moi.

Nom de Dieu !

Soudain, je tilte : ma queue !

Fébrile, j'explore à l'aveuglette, à la recherche de la trique familière.

Ma main se fige sur un pubis sans obstacle.

J'avance encore de quelques millimètres...

Une chatte.

Ma chatte.

Putain.

J'ai la tête qui tourne, mais faut que je voie de mes propres yeux, pas moyen !

Lentement pour ne pas tourner de l'œil, je me redresse et m'assois sur le lit, jambes pendantes, pieds au sol.

J'attends un peu que le vertige se casse.

Puis je me redresse en m'appuyant à la table de chevet.

Pause.

Bordel !

Un pas, puis un autre : peu à peu, j'approche de la salle de bains.

Le miroir. Il faut que je sache. Que je voie. Pour y croire.

La porte.

La lumière.

Putain !

Dans la glace, à poil, bandante à souhait mais l'air égaré, la bombasse du trottoir du bar des Glorieux.

Moi.

Une bouffée de chaleur, la pièce qui tangue, et tout valdingue dans un cri de femme.

Le mien ?

Recto-VersoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant