CHAPITRE IV - L'ÉQUIPE A

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L'instructeur Pinto ouvrit un œil, puis l'autre. Il se demanda un instant s'il était en retard, s'il devait se presser, puis fut soulagé de voir la pleine lune par la fenêtre de sa chambre. Alors qu'il allait se rendormir paisiblement, il ouvrit de nouveau un œil, puis l'autre. Il n'avait pas rêvé, c'était bien parce qu'il avait entendu un étrange bruit qu'il s'était réveillé. Il alluma la lanterne qui était posée sur la table de chevet, saisit son épaisse robe de chambre en fourrure de manticore, et sortit prudemment. Dans le couloir, pas âme qui vive. La porte voisine s'ouvrit pourtant et la tête de l'instructeur Sacador, son collègue, sortit avec tout autant de prudence.

- Tu as entendu ?

- Oui, et toi ?

- Evidemment, imbécile ! Sinon, je ne te poserais pas la question !

- Oh. Très juste.

- Qu'est-ce que c'était ?

- Je ne sais pas. On aurait dit le bruit d'une lame...

- ... contre la pierre. J'ai pensé à la même chose. Mais il faudrait asséner un coup sacrément puissant pour faire un tel vacarme.

- Oui. Ça m'a réveillé d'un coup...

Pinto était habitué à la mollesse de Sacador, mais celle-ci était encore décuplée par l'état de somnolence dans lequel se trouvait son collègue. Comprenant qu'il ne tirerait rien de lui, il se traina misérablement, sa longue robe de chambre derrière lui, jusqu'à la muraille qui se trouvait au bout du couloir. Le vent glacial lui gifla le visage aussitôt qu'il eut passé la porte. Il se posta derrière les créneaux et chercha des yeux, dehors, la source du bruit.

- Là !

Une légère lueur semblait percer l'épais feuillage des arbres. Pinto tandis l'oreille. Un nouveau bruit retentit, accompagné cette fois d'un mouvement soudain des grands chênes.

- On aurait dit le bruit...

- Oui ! Le bruit d'un poing frappant la terre de toutes ses forces !

Pinto se rua à l'intérieur, convaincu que quelque chose clochait. Il trouva trois soldats de permanence et les chargea d'aller voir rapidement. Un tel vacarme ne pouvait signifier qu'une chose : un déferlement de puissance avait lieu dans les bois.

...

La pierre sur laquelle le jeune soldat s'était tenu avait été fendu en deux par la lame de l'épée d'or. Le sol sous les pieds d'Arthur avait été broyé par la force d'un coup de poing.

Les deux adversaires étaient épuisés par ce duel interminable, aucun d'entre eux ne parvenant à prendre l'avantage. Malgré sa grande taille, ce type était relativement rapide, et sa force physique était bien supérieure à celle d'Arthur. Peck avait fui de sa poche quand le combat était devenu sérieux et s'était réfugié dans les branches d'un arbre. Ce repos fut de courte durée, puisqu'il dut fuir de nouveau lorsque son perchoir fut déraciné dans la lutte.

C'était la première fois qu'Arthur maniait Excalibur dans un véritable combat. Il s'était longtemps entraîné, et avait attendu avec impatience le jour où il pourrait enfin tirer la lame de son fourreau. C'était son trésor, son trésor à lui, rien qu'à lui, sa seule véritable possession. Il avait toujours eu cette épée, depuis sa naissance. A vrai dire, elle était déjà avec lui lorsque, bébé abandonné, il avait été trouvé par des soldats. C'était une épée de grande valeur, toute d'or et d'acier, mais personne n'avait jamais pu la tirer de son fourreau. Personne, excepté Arthur. Un jour, il avait révélé son secret à son ami Koba, et lui avait proposé de l'essayer. Lorsque celui-ci avait voulu dégainer, cela s'était avéré impossible : le fourreau semblait collé à la garde, indétachable. Arthur l'avait alors fait lui-même, sans aucune difficulté, et lui avait tendu la lame nue. Malgré l'épaisseur de ses muscles, Koba n'était pas parvenu à la soulever, alors qu'Arthur parvenait à la manier à une main. Il ignorait l'origine de ce lien qui l'unissait à Excalibur, mais il en était le seul maître, c'était une certitude.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant