Chapitre 4 : Une soirée détente

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J'ai finalement passé la nuit, chez ma sœur, nous avons tenté de la rassurer en répondant à ses interrogations même les plus farfelues. Au petit matin, je suis rentrée chez moi, dans cet appartement vide, presque sans âme, l'odeur de l'autre étiole petit à petit, mais pas assez vite à mon goût. Une douche plus tard et je sombre dans mes songes.

***

Il est presque dix-sept heures quand je me réveille, reposée et confiante. Je débute cette journée. Enfin même, si pour la plus par du commun des mortels, cette heure s'apparente à une fin de journée quand vous vivez la nuit tout est inversé.

Mon interphone sonne, je n'attends personne d'un pas méfiant, je vais décrocher :

— Oui ?

— Surprise !? crie la voix de Cristal, mon ancienne collègue et meilleure amie.

J'appuie sur le bouton, et lui ouvre, ses talons raisonnent sur le parquet stratifié. Cristal, n'est pas comment dire. La belle fille idéale, qu'un homme veut présenter à sa mère. Son look, assumé de bimbo, lui vaut parfois certaines remarques désobligeantes des personnes qui se croient supérieures à elle. Juste parce qu'elle porte une jupe un trop courte, un décolleté un peu trop plongeant, des talons bien trop hauts et des tatouages bien trop apparents. Elle m'a avoué qu'elle en a longtemps souffert, mais depuis qu'elle a rencontré Magic Mike comme elle surnomme, elle se contrefout des autres.

Elle m'embrasse bruyamment, au cas où les voisins ne l'ont pas entendu. Dont ce que je doute fortement.

— J'ai apporté les munitions, me dit-elle en tenant trois sacs à bout de bras.

Elle se dirige vers la cuisine, et fait comme chez elle, ce soir, on se bourre la gueule, lance-t-elle.

— Ah oui pour qu'elle raison ?

— Avant que l'on soit trop vieille et prise de remords tout simplement.

— Chinois et saké. Bon pour le film, je te laisse choisir.

L'odeur de tous ces mets se mélangeant les uns aux autres m'ouvre l'appétit, elle me rejoint en énumérant chaque plat, elle connaît mes goûts, je salive avant même d'y avoir goûté. Faut avouer que Francky est le meilleur traiteur asiatique de toute la ville. Ce français venu s'exiler, outre-Atlantique, il aurait pu nous faire découvrir la gastronomie raffinée de son pays. Mais, ce mec ne fait rien comme tout le monde, c'est peut-être pour cela qu'il y a toujours énormément de monde dans son restaurant.

Elle revient avec un dernier plat, une odeur bizarre s'en dégage.

— C'est quoi ce truc ? demandé-je méfiante.

— Des nouilles sautées avec un œuf de cent ans.

Je cours ouvrir la fenêtre du salon, tellement ce remugle s'imprègne dans mon salon.

— Dégage ce machin immonde tout de suite !

— Petite nature va !

Elle attrape des baguettes, et commence à le manger le plus naturellement du monde. Je suis prise d'un haut de cœur.

— Cristal, je t'en supplie jette ce truc !

Elle part dans un rire moqueur, et me lance, tu ne sais pas ce que tu rates en tout cas. Après l'avoir menacé de ne plus jamais être sa meilleure amie, elle cède à ma requête. Je commence à nouveau à respirer, et vais enfin pouvoir déguster tous ses plats.

Le poulet au caramel est juste divin. Ce mélange sucré-salé, son riz cantonné, ni trop sec, ni trop mou, glisse dans mon gosier et m'arrache un orgasme culinaire. De toute manière plus que ce plaisir-là.

On a échangé nos mamansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant