Chapitre 11

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 Rien de tel pour rabaisser votre statut social que les cours de sport. Vous aurez beau avoir la dernière tenue à la mode, une coiffure à la stabilité irréprochable, un maquillage sans la moindre coulure et un anti-transpirant haute résistance, si vous êtes incapable d'attraper un ballon, aucune brassière de sport ne pourra vous sauver. Voilà pourquoi j'ai choisi gym au sol plutôt que basket. Un choix éclairé également appliqué par Kelly dans le but d'améliorer ses compétences en cheerleading. Paco aussi a fait le même. Pour lui aussi ça a été facile. Entre se faire humilier en étant choisi en dernier pour les équipes et déambuler au milieu de filles en justaucorps, il préférait faire la roue.

Mais à vrai dire, ce qui m'importe, là, tout de suite, bien plus que de stabiliser le poirier de ma meilleure amie, c'est qu'April a choisi cette matière aussi. On peut dire qu'elle est à son aise sur la poutre, tournant et virevoltant avec une grâce très appréciée de mon regard.

Cela fait maintenant plusieurs semaines que notre projet est terminé. Je pensais, à tord, que cela me soulagerait de ne plus avoir à travailler avec elle, de ne plus être obligée de me préoccuper de son avis et de ne plus autant la côtoyer. C'est tout l'effet inverse.

Non seulement je me demande toujours ce qu'elle pourrait penser de ce que j'écris, mais en plus, je n'ai plus d'excuses pour lui demander. Je crois qu'elle me manque, que son rire, sa joie de vivre, son enthousiasme et l'apaisement qu'elle créait en moi me manque. Je n'aurais jamais pensé qu'un simple exposé pouvait chambouler ma vie. C'est certain, il y aura un avant et un après April, l'un plus terne que l'autre...

Kelly s'écrase sur l'un des tapis de sol posé pour l'occasion sur le terrain de handball.

— C'est ça que tu appels stabiliser Stevens? hurle-t-elle.

— Désolée, j'étais dans mes pensées.

— Ouais c'est ça, je suis sûre que tu matais encore Patrick et ses abdos quand son T-shirt remonte.

Je ne la contredis pas. Paco arrive à la course vers nous et fait un arrêt en glissant en chaussette sur le plancher juste à notre hauteur.

— Les filles, vous êtes au courant que Spencer fait une fête samedi soir?

— Bien sûr, répond Kelly. Qui crois-tu qui doit encore se coltiner la corvée de trouver de l'alcool?

Le visage de Paco s'illumine.

— Vous êtes invitées? Parfait! emmenez moi, par pitié...

Kelly et moi échangeons un regard en tentant de masquer nos sourires. Nos pensées se rejoignent instantanément. « On lui dit oui tout de suite ou on le laisse nous supplier? ».

— Uniquement si j'ai le droit de choisir tes vêtements avant, répondis-je.

— Tu es une grande femme Britanny Stevens, s'incline-t-il. Le monde t'en remerciera. Sans toi, mon adolescence serait terne et glacial...

Une idée s'immisce dans mon esprit me lançant voir une lueur d'espoir quand à mon existence futur.

— En parlant de ça, j'avais promis à quelqu'un d'autre de lui faire découvrir les joies de la vie d'étudiante.

Je me dirige d'un pas décidé vers le cheval d'arçon sur lequel April s'apréte à monter. Elle se tourne vers moi et me sourie, naturellement. Je me sens déjà plus légère de savoir que je n'aurais pas à l'effacer totalement de ma vie tout de suite.

— Samedi soir, fête chez Spencer, tu es invitée.

Je la prend de cours et elle panique. Elle m'arrête avant que je ne fasse demi tour.

— Euh oui, mais attend. C'est où? À quelle heure? Je dois m'habiller comment?

Je lève les yeux au ciel, c'est vrai qu'elle a tout à apprendre.

— Tu n'as qu'à venir chez moi, je répond. 18h. On devrait bien trouver de quoi t'habiller.

Elle me sourit une deuxième fois et là je sens comme des papillons dans mon estomac... Je ne suis pas si certaine que se soit une bonne idée en fin de compte... 

Rapprochement improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant