Épilogue

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(La musique en média est encore là pour vous faire pleurer, de rien >~<)

Ça fait un an que Cem est parti. Un an qu'il m'a quittée. Et si je raconte cette histoire aujourd'hui, c'est parce que je ne parviens toujours pas à l'oublier, à passer au-dessus, à continuer.

Son rire me manque, son sourire me hante. Ses profonds yeux verts que je n'ai plus jamais croisés, que je n'ai plus jamais évités. Sa présence m'était devenue indispensable, et je ne m'en étais jamais rendu compte, jusqu'à le perdre définitivement.

Ce soir là, ma mère était venue me chercher chez Cem, ou plutôt, la maison qui l'avait accueilli autrefois. Ce qu'il restait de lui là-bas. Même mon père avait quitté le travail en vitesse quand il avait appris la nouvelle. J'ai pleuré toute la nuit, toute la journée d'après et les suivantes aussi. Aujourd'hui, je ne pleure plus parce que les larmes ont cessé de couler. C'est comme si elles étaient bloquées.

La famille Lambert a déménagé, et si j'avais pu, j'aurais fait de même. Car tout ici me ramène à lui. Chaque objet dans cette maison, chaque endroit dans cette ville me le rappelle inévitablement.

Les morceaux de mon cœur brisé n'ont cessé de s'éloigner depuis. Ils se sont perdus, et bien trop affaiblis pour tenter de se retrouver. Bien trop dévasté par le vide de sa présence. Il a tout emporté avec lui.

Au lycée, quand les autres ont appris la terrible nouvelle, ils ont commencé à ramener toutes sortes de fleurs et de lettres d'adieu, qu'ils ont déposé sur le casier de quelqu'un qu'ils n'ont jamais pris le temps d'apprécier.

La première fois que j'ai été voir sa tombe, quelqu'un avait laissé des lys. Et j'ai pleuré pendant des heures. Oui, là, mes larmes étaient de retour. Je soupçonne sa mère d'avoir laissé les plantes qui portent mon prénom, mais j'ai perdu tout contact avec elle depuis son déménagement.

Depuis ce jour, je n'y suis plus jamais retournée, c'était bien trop compliqué.

Il y a eu un hommage et les discours de prévention contre le suicide n'ont cessé de redoubler à l'école. Ma mère a même pleuré.

Quant à moi, j'ai sombré dans les profondeurs de la dépression. Je ne vis plus. Je ne ris plus. Je ne vois que lui, il hante constamment mes pensées. Mes parents s'inquiètent pour moi, ils ont tout essayé. Ils ont même pris rendez-vous chez le psy, mais ont cessé de jeter leur argent par la fenêtre quand ils se sont enfin rendu compte que cela ne servait à rien. Pourtant j'ai essayé. Pendant les premiers mois, j'ai tenté de me battre comme il aurait voulu que je le fasse, mais c'est beaucoup trop dur, et depuis, je n'ai fait que m'enfoncer. Je ne sais pas si je m'en sortirais un jour. Je ne sais même pas si j'en ai envie. Tout ça ne rime à rien quand sa voix ne résonne plus une seule seconde dans ma tête. Je ne sais plus où je dois aller, je ne sais plus pour qui continuer...

J'espère seulement te revoir.

C'est l'histoire de ma vie. Celle qui me hantera jusqu'à la fin de mes jours. Celle que je ne pourrais jamais oublier.

          Du haut de la colline, celle où nous avions l'habitude de passer nos soirées, le soleil vient de se coucher. En me levant, j'arrache la dernière pétale de la pauvre marguerite dont il ne reste plus grand chose.

Pas du tout. La belle fleur mourut.

CemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant