Chapitre 6 : Intrusion au Svalbard

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(E)Liam

Une fine brise marine entre dans ma chambre, soulevant les rideaux de la fenêtre entrouverte. Elle me chatouille le nez et mes boucles brunes. Mes paupières sont fermées, mais à la lumière que je perçois, je comprends que la matinée est déjà bien avancée. Je me suis couché tard la nuit dernière, un dîner improvisé avec Zoelie et sa famille m'a tenu éveillé jusqu'à plus de trois heures du matin.

Mon estomac gargouille. Je fais la moue, je vais devoir me lever. Je me décide et enfilant un jogging en coton et un t-shirt qui traîne, je sors de mon antre pour rejoindre une salle à manger. Là, je retrouve plusieurs de mes cousins et amis. Nino, mon compagnon d'aventure et aussi son meilleur ami, est en train de s'enfiler les restes d'une pizza. Je le regarde avec dégoût, le salé le matin, impossible pour moi. Sauf s'il s'agit de pancakes.

— T'es un peu trop New Yorkais, toi ! me fait remarquer Nino.

— Tu as tout autant que moi grandi à New York, je lui rétorque.

Je me sers une tasse de café : un vrai expresso italien qui me donne un bon coup de fouet, puis m'assois à la même table que mon meilleur ami.

J'apprécie mon petit déjeuner, café et tartines, tout en regardant les informations diffusées sur un large écran plat. Elles sont en italien, une langue que je maîtrise parfaitement puisqu'il s'agit du dialecte de mes ancêtres. Le journal télévisé montre les images d'un navire de pêche s'étant échoué dans la baie des Fjords au Groenland à cause du faible niveau d'eau.

— Il y en a qui ont encore mal fait leur boulot ! s'exclame Dewy, l'un de mes cousins.

Nous savons tous qui il vise et éclatons de rire.

— D'ailleurs, cousin ! me lance Lorenzo, le plus âgé de mes proches germains, s'asseyant sur la chaise devant moi. N'est-il pas temps de passer au rite d'initiation final ?

Je comprends à demi-mot ce qu'il veut dire. Je plante mes yeux dans ceux de Lorenzo, hésitant, sachant très bien que peu importe l'idée que ce dernier a en tête, elle est mauvaise.

— Au bizutage, tu veux dire ? je rectifie.

— Peu importe le mot, tu m'as compris !

J'ai passé les deux mois de l'été à m'entraîner, combattre et enrailler des catastrophes naturelles aux quatre coins du monde. Décrété prêt à aller sur le terrain et à devenir le leader d'une équipe par mes aînés, je peut désormais se rendre où bon me semble dans le monde. Traditionnellement, cette période de formation s'achève par un bizutage ou une célébration, selon les envies du jeune promu. Cependant, je n'ai pas l'air de pouvoir échapper à l'épreuve ultime voulue par mes cousins... et je sais très bien ce qu'ils ont en tête.

Je hausse les épaules, feignant l'hésitation.

Après tout, pourquoi pas !

Un petit sourire enjoué se dessine au creux de ma bouche, montrant que j'accepte l'escapade en terres interdites.

— Habillez-vous chaudement ! lance gaiement mon cousin, se ruant dans le couloir pour aller se préparer.

Moins d'une heure plus tard, j'atterris dans la neige, sur les glaciers du Svalbard. À moins d'un kilomètre de mes amis et moi, se dresse l'immense Forteresse des Glaces : Kasteliced.

Je déglutis devant l'imposant édifice, me sentant soudain tout petit. J'observe ce bâtiment de mes propres yeux pour la première fois de ma vie. La résidence de la famille de l'hiver n'a rien à voir avec ma demeure dans le sud de l'Italie. À première vue, le bâtiment semble être un mélange de glace et d'une matière lisse, plus sombre, sûrement ultra résistante. Un roc qui surplombe la vallée enneigée. Toute la puissance des hivernaux s'étale devant moi, m'intimidant. C'est si froid, mais beau, luisant sous le soleil.

21 Solstices [sous contrat avec les éditions BOOKMARK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant