Elementum {Tome 5}

III

  Une douce brise de fraîcheur me lèche les joues et j'ouvre mes yeux soudainement, avant de retenir un cri de surprise. Mes mains, auparavant blanches Albinos, sont devenues d'un bleu indigo, avec seulement trois doigts, et le même bracelet que je porte habituellement me couvre le poignet gauche.

- C'est quoi ce... Ce-c'est quoi... P-Pourquoi j'ai les mains bleues ?

  Mon murmure se transforme en un écho et je me rends compte que je suis dans une pièce entourée de miroir. Je m'arrache un second cri de stupeur quand je vois mon reflet ; encore une fois, ce n'est pas moi.
  Comme si que je me revois en première année dans le Miroir du Risèd, ma peau est d'un bleu ciel avec des yeux indigos. Un saphir est incrusté au milieu de mon front, sur le Troisième Oeil, et je suis vêtue d'une tenue moulante ressemblant à une armure très technologique avec d'immenses ailes d'ange blanches dans le dos.

- Oh purée... murmurai-je, estomaquée. Comment puis-je... Non, il faut que cette illusion s'arrête, ce n'est pas moi !

- Si, Nhemmaria, intervient une voix. C'est bien toi. Enfin, la vraie toi.

  Je sursaute, laissant échapper un cri de surprise, et tourne sur moi-même pour le voir mais il n'y a aucune trace de lui.

- Selìni ! m'écriai-je. Où es-tu ? Et pourquoi dis-tu que je suis enfin la vraie moi ? Où suis-je ?

- Arrête de t'inquiéter, et calme-toi.

  J'ai l'impression qu'il est à la fois près de moi mais aussi loin, très, très loin. Sa voix émet, comme moi, des échos lointains.

- Me calmer ? répétai-je.

- Oui, te calmer. Éléona ne te l'a donc pas dit ?

- Je sais, aussi calme que l'eau dormante, soupirai-je. Mais sais-tu au moins ce que George et moi sommes en train de passer ? 

- Oui, je le sais. Nous t'observons. Nous voyons ce que vous traversez...

  En entendant cela, j'ai l'instinct de colère qui refait surface.

- Si tu le sais, pourquoi ne faites-vous rien, toi et les autres ? 

- Nous ne pouvons pas intervenir.

- Si, vous le pouvez, m'agaçai-je, la tête levée comme pour essayer de le voir. Vous ne voulez simplement pas pour une raison que j'ignore !

- Nhemmaria...

- Et arrête de m'appeler comme ça ! Mon nom, c'est Mélody, pas Nhemmaria ! Et je ne sais pas pourquoi tu crois nécessaire de venir me parler en rêves si c'est simplement pour me narguer et me dire que tout va aller bien alors que c'est complètement l'inverse ! Oh, oui, c'est tellement simple de ne rien pouvoir faire, de refuser d'intervenir... Et c'est aussi tellement facile de me parler comme si que j'avais cinq ans, tout en refusant de se montrer ! Tu sais quoi ? J'en ai vraiment-

  Selìni apparait soudain juste devant moi, m'arrêtant dans mon monologue. Il est toujours aussi mince, athlétique et grand, presque à faire dans les trois à quatre mètres. Ses cheveux sont continuellement blancs et ses yeux encore couleur indigo, sa peau toujours si bleu ciel... Mais son regard a une étrange lueur de douleur dans le regard.
  Je le fixe un instant, les bras croisés, la tête levée à m'en déboiter les cervicales pour le regarder.