Prologue

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Bonne lecture !

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La lumière clignote au-dessus de sa tête et Octavius plisse les yeux. Il résiste à l'envie de porter ses mains à son visage ; elles sont sagement restées crispées sur ses genoux depuis qu'il est entré dans ce bureau, et tout son corps lui fait mal.

Lumière en haut, table devant, deux personnes, rien derrière, douloureux douloureux douloureux.

– Octavius, insiste la femme assise sur la chaise devant lui. Est-ce que tu m'entends ?

Il l'entend, oui. Mais il ne sait pas de quoi elle parle. Ce qu'elle veut de lui. Il ne comprend pas ce qu'il fait là ; il peine à se souvenir, à se rappeler. Comment est-il arrivé ici ? Comment ces gens connaissent-ils son nom ?

Il continue de fixer la table en espérant y trouver des réponses, sent le dossier de son siège lui rentrer dans le dos, et le silence inquiétant du couloir lui prend toute son attention.

– Il ne répond pas, remarque l'homme debout derrière elle. Il faut qu'on attende encore.

Ses grands yeux sombres sont fixés sur lui depuis qu'il est entré – qu'ils l'ont poussé à l'intérieur – et sa posture le met mal à l'aise. Il est trop droit, trop sérieux, trop à l'étroit dans son propre corps. Il garde les mains dans le dos, comme les militaires qu'on voit à la télévision, et sa barbe sombre lui mange la moitié des joues.

– Que fait le médecin ? fait-elle soudain. Il ne peut pas rester comme ça ; regarde-le.

Elle effectue un geste lâche en direction du visage d'Octavius, et ce dernier soulève légèrement sa main avant de la reposer immédiatement sur sa cuisse. Quand la lumière de la pièce se fait trop forte, il a parfois l'impression de sentir son cœur battre sur son front. La plaie brièvement soignée à son arrivée ne saigne peut-être plus, mais elle n'en est pas moins douloureuse et il serre de plus en plus les dents.

Dehors, la tempête fait rage – la pluie claque sur les volets, le vent souffle dans les branches des arbres, et un sifflement amer résonne à ses oreilles – et empêche les voitures de circuler, alors il se retrouve là, encore tremblant et trempé sur sa chaise en bois, à attendre que la voix du père de William revienne dans le couloir. Il ne l'a pas laissé là, c'est impossible.

– Octavius.

La femme le fixe avec quelque chose dans le regard, quelque chose qu'il n'arrive pas à reconnaître. Elle lui parle comme à un enfant, comme s'il pouvait finir en morceau au moindre haussement de ton – et dans un sens, c'est également ce qu'il croit –.

– Il faut que tu nous racontes ce qu'il s'est passé.

Douce, gentille ; elle fait attention.

– Si tu veux qu'on t'aide, il faut que tu nous le dises. Ta grand-mère va bientôt arriver.

Ça, ça le fait relever la tête. Ses traits à elle sont tirés, fatigués, et il se rend soudain compte de l'heure qu'il doit être ; il les dérange, il les retient, et le père de William est parti.

Pourtant, sa bouche ne veut pas s'ouvrir.

– Tu dois te souvenir, insiste-t-elle.

Mais il n'avait aucune envie de se souvenir.

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Des bisous !

Dompter le tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant