Chapitre 28 - Union forcée (Partie 3)

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— Extraordinaire ! annonça Tojian après s'être promené entre les étagères. Courm ne mentait pas.

Il s'assit en face d'elle à une des larges tables au centre et ajouta :

— Pardonne-moi d'avoir douté de toi et de... Sojeyn.

— Tu défendais tes convictions. Qui t'a fait changer d'avis ?

— Ton frère !

Flore se retint d'ouvrir la bouche, tant elle ne s'attendait pas à une telle réponse, avant d'encourager Tojian à parler. Ils se racontèrent leur histoire depuis leur séparation l'année passée. Elle termina son récit en le remerciant d'avoir défendu son honneur, quand le Conseil l'avait rejetée, et répéta sa question :

— Pourquoi es-tu au palais ?

— Après l'attaque des Astrydiens, les doryaumis sont repartis chez eux sous le contrôle des troupes ennemies. Elles se sont déployées avec leurs brouilleurs, obligeant ceux installés dans la forêt à rentrer en ville. Ma mère m'a rapporté le duel courageux de Sojeyn. Lorsqu'il s'est dématérialisé avec vos parents, Xénon est devenu fou de rage. Il a aussitôt lancé des poursuites. Vous savoir, toi et les Imlayas, responsables de ce sauvetage me réjouit.

Son cousin marqua une pause, lui sourit, et enchaîna :

— J'ai échoué dans l'enquête mandatée par ton frère, mais elle m'a permis de choisir mon camp. Celui de l'action ! Partout, l'ennemi qui souhaite intégrer la population recrute des serviteurs. Je me suis déguisé pour ne pas être reconnu et présenté au palais avant d'être recensé à Monti.

Le noble de Borealia avait posé un doigt sur l'étrange cicatrice qui ornait sa joue, et elle lui avoua sa réussite. Toutefois, la princesse garda pour elle le danger qu'il courrait si jamais les Astrydiens décidaient de comparer le résultat avec celui de sa famille. En avait-il seulement conscience ? Les implications lui provoquèrent des suées froides, et elle préféra revenir à la conversation :

— Tu as été accepté ? Sans compétences ?

— Peu d'Auroréens se proposent, tant ils ont peur, et je te rappelle que la mode est mon domaine.

Tojian demeurait Tojian, constata-t-elle : il s'était redressé, vexé qu'elle doute de lui.

— Et tes parents ? poursuivit-elle. Tu le leur as caché ?

— Non, mon père a donné son accord tout de suite. Pas ma mère. Devant mon obstination, elle a cédé. Avant mon départ, elle m'a confié regretter son attitude à ton égard et consent à notre compagnonnage... si nous le désirons.

En silence, Flore entremêla son regard à celui du jeune noble. Ils échangeaient leur volonté sans besoin des mots, même si les brouilleurs bloquaient la communication par la pensée.

La vie doit continuer, malgré nos malheurs, s'encouragea-t-elle.

— Que comptais-tu faire ? reprit-elle au bout de quelques instants.

— Tuer Xénon.

La princesse posa une main sur sa bouche, effrayée ou choquée, peut-être les deux, par l'aveu, qui signifiait la mort de son cousin. Combien cette guerre en générerait-elle ?

— C'était de la folie ! Tu ne sais pas te battre.

— Je refuse de garder les bras croisés. Je croyais la famille royale décédée, me sacrifier m'importait peu, et je n'adhère pas aux paroles de notre ennemi qui déclame son envie de s'intégrer à Aurora. Sinon, il traiterait mieux les nôtres.

Aurora T1 : Les Perles de Vie / Watty 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant