Chapitre 26 - Anna

Depuis le début
                                    

- Jenny ? Qu'est-ce qui se passe ?

Je m'assois à ses côtés et essaie d'en savoir plus.

- Dis-moi, qu'est-ce qui te met dans cet état ?

- Non... c'est rien, dit-elle entre deux sanglots.

- Bien sûr qu'il y a quelque chose. Allez, dis-moi, tu peux me faire confiance, je te le promets, je tente de la rassurer.

- C'est... elle pleure de plus belle. C'est mes parents...

Je la prends dans mes bras car elle ne finit pas sa phrase et je me mets à imaginer le pire, mais lui demande directement :

- Comment ça, tes parents ?

Elle prononce des paroles incompréhensibles entremêlées de pleurs et j'essaie de la calmer. Je lui tends un mouchoir et elle me remercie par un faible sourire.

- Merci. C'est mes parents... ils vont divorcer.

- Oh... je suis désolée, dis-je sans savoir que dire de plus.

- Ils me l'ont annoncé hier soir. Tu n'y es pour rien, ne sois pas désolée. Ca faisait longtemps que ça n'allait plus. Mais je pensais que malgré tout... que malgré toutes leurs engueulades... que l'amour serait plus fort.

- Oh Jenny, viens par là.

Je la serre contre moi, ne sachant pas vraiment si lui parler la consolera. Je pense que l'on ne peut pas vraiment comprendre son chagrin du moment que l'on ne le vit pas réellement. Je tente quand même de trouver des paroles réconfortantes dans ce genre de situation.

- Tu pourras quand même les voir, Jenny... ce n'est pas fini. Vous serez toujours une famille, ils resteront ton père et ta mère quoi qu'il arrive. Tu les aimes et ils t'aiment, ça ne change rien. Bien sûr votre quotidien va être bouleversé, mais dis-toi que tu auras toujours l'occasion de les voir chacun d'eux.

- Tu as raison... merci. Merci, Anna.


La voir si triste me fait beaucoup de peine, et avant de partir je lui dis de m'appeler dès qu'elle en a besoin. Si je peux faire quoi que ce soit pour l'aider ou se changer les idées, je suis prête à le faire. Cela lui a arraché un beau sourire et elle m'a remercié. J'ai dû la laisser pour retrouver Jay mais je suis sûre qu'elle me rappellera.


***


Jenny a fini par m'appeler le soir-même, on est resté deux bonnes heures au téléphone. Elle est vraiment adorable, on a parlé de ses parents, elle m'a un peu raconté leur situation et je comprends leur choix. Elle a pleuré, encore, mais cette fois je sentais qu'elle en avait besoin juste pour évacuer. Je l'ai laissé faire et lorsqu'elle avait repris ses esprits, on a continué à discuter. Elle m'a alors raconté que Matias est rentré de l'hôpital il y a seulement deux jours. Je ne me souvenais plus qu'ils étaient toujours ensemble. Une fois qu'elle me l'a dit, ça m'est revenu. Le pauvre a fait une très mauvaise chute au ski, pendant les vacances d'hiver. Une double fracture du bassin, une cheville fracturée et le poignet droit a été sévèrement touché mais pas cassé. Il a vraiment dû souffrir, elle m'a raconté qu'il a du réapprendre à marcher, la rééducation a été très longue. Elle lui rend visite chaque semaine et il continue d'étudier grâce à elle. Encore une chose que je ne savais pas.

On s'est raconté encore beaucoup de choses et je lui ai aussi parlé un peu de moi, du moins de ma relation avec Jay, mais surtout parce qu'elle a posé beaucoup de questions. Parler à la gente féminine m'a fait beaucoup de bien, mais m'a aussi rappelé à quel point Maria me manque.


Ma mère est elle aussi en vacances, puisqu'en étant professeur elle bénéficie de tous nos congés scolaire. Je ne sais pas où elle est aujourd'hui, ni ce qu'elle fait. Ca doit faire environ une semaine qu'elle rentre tard un soir sur deux et qu'elle ne donne d'explications à personne, pas même à mon père. J'ai du mal à la comprendre, je l'avoue. Elle dit toujours que c'est à cause d'un bouchon sur l'autoroute ou qu'elle avait simplement du « retard ». On dirait qu'elle ment la moitié du temps et ça m'exaspère. À chaque fois que j'essaie de lui demander où elle était ou bien ce qu'elle a fait, elle reste évasive ou change de sujet. C'est tout le temps pareil. Quant à mon père, il n'est pas souvent là pour faire la différence mais je sens bien que quelque chose le tracasse à ce propos.

Il s'est endormi sur le canapé en regardant une émission sur les urgences médicales, comme s'il n'en voyait pas assez à l'hôpital ! C'est pas croyable ! J'éteins la télé tout doucement, lui pose un plaid sur ses jambes nues et monte me coucher à mon tour, il n'est pas tard mais je ressens le besoin d'écrire. Et de parler à Jay par sms. Je regarde mon téléphone, une notification m'y attend. C'est Jay, et je me surprends à sourire bêtement.

On n'oublie pas [Publié en auto-édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant