Chapitre 27 - L'expulsion bienvenue

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La mère d'Augustine accueillit son enfant exténuée et son meilleur ami souriant, à bras ouverts. Une fois encore, l'inquiétude dévorante se transforma en amour chaleureux. Marissa sentit la tension retomber quand elle serra les deux jeunes contre son cœur, mais retrouver Augustine, pour la troisième fois en moins de six mois, dans un état déplorable la rendait inquiète pour l'avenir. Soazic qui les attendait dans le salon, un bol de chocolat chaud à la main observa la scène de loin. Elle soupira, elle semblait rassurée par le retour de ses nouveaux amis. Augustine lui esquissa un sourire. La rouquine se leva pour les rejoindre.

- Soazic t'a ramenée ton sac, ma puce, et elle m'a tenu compagnie pendant que Maël était parti à ta recherche.

Marissa avait insisté sur le prénom du garçon, Augustine fronça les sourcils. Sa mère scrutait son ami d'un œil marqué par la colère, des étincelles crépitaient dans ses yeux.

- Et toi jeune homme, elle le désignait du doigt l'air menaçant, la prochaine fois tu ne me laisses pas en plan comme ça...
- Y'aura pas d'prochaine fois M'man, ça n'arrivera plus, la coupa Augustine.
- Tu n'en sais rien, ma puce, alors ne fais pas une promesse que tu n'es pas sûre de tenir. Qu'est-ce que j'aurais pu dire à ses parents s'il n'était pas revenu avant la nuit ?

Elle désignait Maël. Augustine ne sut quoi répondre.

Les deux amis n'avaient pas l'air de se réchauffer à l'intérieur de la maison. Marissa les invita à s'asseoir dans un fauteuil du salon, près du feu réconfortant qui crépitait dans l'âtre et leur offrit la même boisson qu'à Soazic. La tasse brûlante en main, ils restèrent ainsi un petit moment, assis, à écouter les braises craquer, un simple instant de pause paisible avant d'affronter de nouveau leur vie trépidante de futurs adolescents. Leurs membres retrouvèrent peu à peu leur mobilité. Lorsque les chocolats furent avalés, Marissa se proposa de ramener les deux adolescents chez eux.

- Non M'dame, vous inquiétez pas, on a pas loin, commença Maël.
- Peu importe ! Avec la disparition de Valentine, vous ne me quittez plus. Cette fois, je ne prends pas le risque qu'il vous arrive la même chose.

Maël n'osa pas insister et se laissa convaincre. Après tout ce qui lui était arrivé, elle avait sans doute raison. Soazic, quant à elle, apprécia simplement le geste protecteur de la mère d'Augustine et prit son amie dans les bras. Elle lui murmura à l'oreille :

- Je suis contente que tu ailles bien. Je suis rassurée.
- Merci à toi d'être intervenue Soazic. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi.

La rouquine scruta Augustine d'un air bizarre, quand elles se séparèrent, elle ne semblait pas comprendre ce que lui disait son amie.

- Maël m'a tout dit, insista-t-elle, le sac, ton intervention auprès d'un professeur. Merci encore.
Soazic posa son doigt sur ses propres lèvres, puis chuchota :
- C'est normal. Je t'en devais une.

Un sourire éblouissant illumina le visage de la rouquine. Augustine pensa qu'elle était rassurée de retrouver son amie saine et sauve. Elle pourrait dormir tranquille. L'inquiétude d'une nouvelle disparition au collège devait la terroriser, elle était tellement à fleur de peau. Et si la prochaine, c'était elle. Non, non, non, elle ne voulait pas y penser. Augustine effaça cette pensée de son esprit. Il ne servait à rien de s'inquiéter pour ce qui n'était pas encore arrivé.
En fin de soirée, vers 19h, ils déposèrent Soazic qui rentra chez elle vite fait et leur fit de grands signes de l'embrasure de la porte d'entrée avant de la refermer.

- J'crois qu'tu nous as trouvé un cinquième larron, frangine. C'est cool, elle est chouette Soazic.
Dans le rétroviseur, Augustine jeta un regard suspicieux sur son ami assis à l'arrière de la voiture. Maël ne lâchait pas la maison de Soazic des yeux. Un sourire étira ses lèvres, Augustine l'imita et détourna le regard, elle ne voulait pas qu'il la surprît en train de l'espionner, mais elle se douta dès cet instant que Maël ressentait plus qu'une affection amicale pour Soazic, elle en aurait mis sa main à couper.

- Oui, elle est super. Je l'aime beaucoup moi aussi.

Son ami ne releva pas la marque d'amour qu'Augustine venait de témoigner pour leur nouvelle amie. Il se contenta d'acquiescer dans un murmure léger.

Peu de temps avant d'arriver chez Maël, qui n'habitait vraiment pas très loin de chez Soazic, Augustine reprit la parole. Une question la turlupinait.

- Dis Maël, comment t'as fait pour me retrouver ?
- J'te connais par cœur, copine, j'savais qu't'irais dans not' lieu secret.

Le cœur d'Augustine se serra, l'amitié recouvrée de Maël provoquait en elle un sentiment indescriptible qui la réjouissait au plus haut point. Elle avait enfin retrouvé son frère de cœur.
Le lendemain matin, Marissa jugea bon de laisser sa fille à la maison. Elle put demander d'effectuer sa journée de labeur en télétravail et ne réveilla pas Augustine qui émergea vers 11h, surprise. Son réveil avait eu la malencontreuse idée de se débrancher pendant la nuit. La brunette déposa un baiser sur la joue de sa mère avant de s'asseoir dans le canapé.

- M'man, pourquoi tu m'as pas réveillée ? demanda-t-elle d'une voix chiffonnée par le sommeil qui refuse de s'estomper.
- Je me suis dit qu'un peu de repos après ce qui s'est passé hier te ferait du bien.

Augustine fronça les sourcils, intriguée. Elle n'avait rien raconté à sa maman de ce qu'il s'était passé la veille.

- Soazic m'a tout dit, ma puce. Elle était tellement paniquée que j'ai dû la réconforter pendant un bon moment.
- Elle est très sensible, Soazic.
- Oui, j'ai vu ça. Comment tu vas ce matin ?

Marissa croisa les bras devant le clavier de son ordinateur. Elle dévisageait sa fille.

- Quelques douleurs au ventre et à la cuisse. Des bleus aussi.

Elle découvrit son ventre pour lui montrer les marques des coups de Yannick. Augustine sentit un sanglot entraver sa gorge. Elle le dompta d'un coup de fouet pour qu'il retournât à sa place. Ce crétin ne lui gâcherait pas la vie.

- Mais ne t'en fais pas, ça ira, maman.

Marissa hocha la tête. Ses yeux brillaient, mais elle retint ses larmes. Elle ne voulait pas que sa fille sût à quel point elle avait, elle aussi, été blessée par l'acte violent de ce jeune garnement.

- Ce matin, j'ai appelé ton collège. Yannick va être renvoyé.
- Com...
- Avec les témoignages de Soazic et de Maël, ainsi que d'autres élèves qui ont assisté à la scène, le principal a jugé bon de sévir. Il a, lui aussi, jugé bon que tu te reposes cette semaine.
- Toute la semaine ? s'étonna Augustine.
- Oui, mais pas question que tu te prélasses, tes amis t'amèneront tes cours et tes devoirs dès ce soir.

La brunette exprima sa grande déception. Elle qui pensait avoir droit à des vacances ferait, en réalité, l'école à la maison.

- Convalescence ne signifie pas glandage, ma belle. Allez, file à la douche. Je sens ton odeur rance menacer mes narines.
- Merci M'man.

Augustine se jeta au cou de sa mère avant de grimper doucement les escaliers, ses muscles douloureux l'handicapaient et la montée s'avérait plus difficile qu'elle ne l'avait pensé. Sous la douche, elle profita du jet bouillant pour se détendre.

Augustine Baudelaire - T.1 - Les disparitions mystérieusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant