Chapitre 9

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PDV Kassi :

Je m'enfonçai sous ma couverture en entendant le réveil sonner. Exaspérée, je passai une main sous mon oreiller pour récupérer mon portable. Les yeux mi-clots et encore dans les vappes, j'arrêtai l'alarme.

Je baillai, la bouche béante et me stoppai net dans mon geste. Je me souvins tout d'un coup de ce qui s'était passé hier.

Ou plutôt de toutes mes élucubrations de la la veille. C'était typique, après avoir rêvé que des bandits volaient et qu'un de mes camarades de classe était magicien.

Mon sourire retomba quand je repensai à la dispute que j'avais eu avec mon père. Ça, j'en étais certaine ne faisait pas parti du rêve.

Arrête, Kassi.

Je sortis du lit, renfrognée, et m'orientai vers ma salle de bain, le seul point positif de cette maison.
Une fois déshabillée, je me postai devant le miroir.

- Je devrais peut-être commencer le régime, soufflai-je en passant un doigt sur mes vergetures.

Des lignes violettes parcouraient ma peau foncée et mes bourrelets. J'en avais sur les cuisses, sur le ventre, sur les hanches et les bras. Contrairement à d'autres filles, je n'étais pas particulièrement honteuse. Ces chemins sinueux sur mon corps ne m'avaient jamais dérangés plus que ça.

Je faisais un mètre soixante quinze pour quatre vingt dix kilos. Je n'étais pas la plus mince mais pas la plus grosse non plus.

Je posai une main sur ma hanche droite et baissai légèrement mon sous-vêtement. Je restai un moment ainsi, retraçant les reliefs violacées.

Mes yeux s'écarquillèrent et ma bouche s'entrouvrit. Un dessin recouvrait ma peau au-dessous de mon coude. Presque au creux de
mon avant-bras, un huit couché à l'encre dorée se démarquait de mon teint sombre. Il était survolé de deux lignes droites et parallèles.

Je me frottai les yeux pour être sûre de bien voir. J'enlevai mes derniers vêtements à la hâte et me précipitai sous la douche. Je m'appliquai à essayer d'enlever ce que j'avais
sur le bras, le plus férocement possible.

Il y avait forcément une explication rationnelle.  J'avais peut-être fait une crise de somnambulisme et avais eu la folle idée de me faire tatouer en pleine nuit.

Par exemple.

- Respire, Kassi, respire.

J'accompagnai le geste à la parole et décidai de me ressaisir. C'était un dessin fait avec un de mes stylos indélébiles. Il suffisait juste de se souvenir quand est ce que j'avais fait ça. Après une bonne dizaine de minutes sous l'eau, je sortis de la douche avec la fervente idée que je devenais cinglée.

**

J'entendis mon père et Adélaïde discuter en descendant l'escalier. J'entrai dans la cuisine et essayai d'apparaître la moins pertubée possible.

- Bonjour, lançai-je.

Je pris place mais ne touchai à rien.

- Bonjour, répondit mon père d'un ton dur.

Il ne m'adressa pas un regard et l'ambiance dans la pièce devint pesante. Je tirai sur mes manches longues, gênée.

J'étais consciente de m'être mal conduit avec lui. Même si je persistai à le nier, je savais qu'il voulait mon bonheur. Il ne s'y prenait pas de la meilleure façon, certes, mais il essayait.

Ce qui m'avait mis hors de mes gonds. C'était le mépris que j'avais perçu dans ses propos. C'était lui qui avait trompé ma mère pas l'inverse. Et si elle avait tourné mal, c'était aussi à cause de son obstination à couper tout nos liens.

Mille et une lunesWhere stories live. Discover now