Chapitre 21 : Compte à rebours

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L'As de Pique relève la tête pour faire face au garçon surnommé Jack. Assis à l'opposé l'un de l'autre, les deux jeunes gens s'étudient avec une aversion visible.

— Je connais les types comme toi, déclare le blond avec un rictus mauvais. Ça joue les mystérieux mais au final vous n'êtes que des mauviettes incapables.

Le voleur décide de ne pas répondre, ne souhaitant certainement pas tenir une conversation avec un gamin aussi détestable. En plus d'être fortement dérangé, le garçon a la fâcheuse tendance de s'emporter facilement et n'a pas l'air de s'entendre avec grand monde, hormis sa camarade S. Les deux sont d'ailleurs étrangement proches, tellement que j'en viens à penser qu'ils sont peut-être frère et sœur. Qui a dit que le meurtre ne se pratiquait pas en famille ?

C'est alors que Jack se lève puis s'approche lentement de son rival, comme un prédateur de sa victime.

— Crimson veut que je t'apprenne à tuer comme il faut, ce qui veut dire que ma fierté et ma position sont aussi en jeu. Alors t'as intérêt à faire ce que je dis sinon je te tords le cou, c'est bien compris ?

Son visage est désormais à quelques centimètres de celui du voleur mais ce dernier ne se laisse pas impressionner.

— Ce n'est pas comme si tu avais grand-chose à perdre, lui répond-t-il sans même lui adresser un regard. Il me semble que ta position dans l'organisation n'est pas bien haute. Est-ce que tu sais au moins pour qui tu travailles ? Et pour ce qui est de ta fierté : si tu crois toujours en avoir une alors que tu ne fais qu'obéir aux ordres à longueur de journée, c'est ton erreur, pas la mienne.

— D'où est-ce que tu me tutoies morveux ! rugit le blond en soulevant l'illusionniste par le col de son sweat.

Ce dernier se relève calmement, forçant Jack à lâcher prise.

— Désolé, je ne savais pas que la majorité avait été abaissée à quinze ans.

Le blondinet n'est évidemment pas ravi par cette insulte. La folie même illumine sa figure alors que son regard de vipère transperce celui de l'As de Pique.

— Tu te crois intelligent, hein ? Tout ça parce que t'as réussi à faire mieux que cet idiot de mexicain ? Mais tu as fait quoi ? Ramener deux otages en vie ? Ha ! Et après ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu as déjà tué quelqu'un ? Est-ce que tu sais au moins comment faire ? Parce que moi, oui. Pendant que tu faisais joujou avec tes cartes et tes cotillons, moi j'étais déjà là, à tuer, massacrer, torturer. C'est tout un art, tu sais ? Je pense même que tu devrais être honoré d'avoir été choisi comme l'apprenti d'un artiste tel que moi. J'ai vingt-trois œuvres à mon actif. Des vrais chefs d'œuvre ! C'était vraiment quelque chose à voir, surtout la dernière...

— Il n'y a pas de quoi être fier, réplique le voleur d'un air sombre. N'importe qui peut tuer avec le bon outil. Si on ne le fait pas, c'est parce que, contrairement à toi, on a appris à contrôler nos pulsions en utilisant un organe très utile, plus communément appelé le cerveau.

— Qu'est-ce que tu insinues ? grogne Jack.

Je saisis l'occasion pour sauter dans la conversation :

— Que vous êtes un sociopathe de niveau avancé qui ne pourrait pas s'empêcher de tuer même s'il le voulait.

Les deux garçons se tournent en même temps vers le conteneur dont Maya et moi sommes toujours prisonnières. À travers les trous d'aération de la boite métallique, j'aperçois le blondinet s'emparer de sa barre en fer pour venir taper sur notre geôle.

— La ferme toi ou je me ferais un plaisir de découper ton joli minois en petits dés ! tempête-t-il, le visage contorsionné par la rage.

— Vraiment ? Mais cela irait à l'encontre des ordres de Crimson et menacerait votre fierté et votre position au sein de l'organisation.

MYSTERY - L'As de Pique [T1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant