ACTE 2-CES BOULETS QUE L'ON TRAÎNE✨Camille

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🎧 𝑫𝑵𝑨, 𝑳𝑰𝑨 𝑴𝑨𝑹𝑰𝑬 𝑱𝑶𝑯𝑵𝑺𝑶𝑵 🎧

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Début septembre, la ville est encore vivable. Les arbres chantent doucement leur mélodie de couleur, les passants ont encore dans leurs yeux le soleil de l'été. Mais Camille ne voit pas tout ça. Elle n'est plus rien, plus personne depuis la Fille. Juste une coquille vide, qui se lève, va au collège, et attend le matin. Elle a bien essayé de leur parler, aux autres. Mais ils se détournaient en soupirant. Alors Camille n'a plus essayé.

Encore une journée-sale, à raser les murs, à éviter les profs, à éviter les autres.À force de les écouter, plus qu'ils ne s'écoutent eux-mèmes, Camille sait toute leur vie. Elle, la grande blonde, Adria, elle ressemble à une poupée de porcelaine. Elle a le teint lilial et les yeux de la couleur du firmament, à ce moment précis où le Soleil s'enfonce doucement derrière l'horizon. Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Des couteaux tranchants sont à l'affût derrière ses yeux d'éther. Les paroles les plus cruelles s'échappent de ses lèvres rosées comme des papillons de soie, furtives, doucereuses. C'est elle qui commande, depuis le départ de la Fille. Son apparence fragile lui confère un pouvoir inébranlable : elle peut minauder, amadouer, mentir aussi facilement qu'elle respire. Toute la cour est à ses pieds. Toute la cour, ou presque. Pas les bannis, les oubliés. Comme la fille de SEGPA, toute seule sur le banc, qui regarde la pluie tomber de ses grands yeux vides. Comme le geek, à zoner sur Call of Duty, dans le coin sombre près du préau. Comme Camille. Ils sont là, âmes invisibles, êtres oubliés, laissant la solitude envahir leurs cahiers.

La sonnerie stridente retentit sous le préau rempli de corps et de cris d'élèves. Ils courent comme un seul homme vers le portail, laissant la cour résonnante des échos de leurs âmes.

La journée est finie

Camille a une petite chambre sombre, aux murs nus. Pas de posters, ou de photos débiles. De toute façon, elle n'a plus rien à dire.

Elle est recroquevillée. Elle respire et ça soulève un rideau de cheveux blonds cendrés. Elle pleure doucement, sur ses joues un fleuve de larmes qui coulent inexorablement vers l'abîme Elle pleure, encore et encore, sur toute sa vie et les rêves qu'elle a gâchés avec la Fille. Sur cette blessure incandescente qui ne s'arrêtera jamais de lui détruire le cœur, et qui la laissera, comme toujours, en lambeaux. Elle pleure parce qu'après une journée-sale, la cinquantième depuis le départ de la Fille, il n'y a rien d'autre à faire. Et puis de toute façon, Camille n'a pas d'amis. Pas de loisirs.

Plus rien à dire.

Et ce putain de cutter sur la table.

Sa mère passe la tête dans l'encadrure de la porte. Tente :

- On a reçu un mot du collège...

Devant l'absence de réponse, elle continue :

- Tu n'as pratiquement pas séché, cette semaine. C'est très bien. Tu penses à prendre tes médicaments ?

Puis elle soupire, et referme la porte.

Le « pratiquement », c'est l'heure d'EPS passée à l'infirmerie. Tout sauf l'EPS. Et les médicaments, c'est la petite pilule rouge qu'on veut lui faire avaler, soi-disant pour lutter contre l'angoisse. Camille refuse. Elle n'est pas une bête sauvage bonne à enfermer. De toute façon, elle n'est plus bonne à rien. Plus rien à dire.

Et ce putain de cutter sur la table.

Qui l'attend.

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