Chapitre 43

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Allongée sur le côté, se servant de son oreiller comme d'un cale-livre, Joanne se laisse emporter par l'enchaînement brutal des évènements. Shakespeare joue avec son cœur et ses émotions. La fin est là. Terrible. Mythique. Brutale. Elle en essuie quelques larmes. Refermant le volume, elle reste un moment dans cette position, à digérer ce qui vient de se produire. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas terminé la lecture d'une œuvre de fiction. Les derniers écrits qu'elle avait lus avaient été ceux se rapportant à son sujet de mémoire. Son cœur avait donc perdu l'habitude d'être autant remué. Cela lui avait manqué.

Quelques coups discrets à sa porte la font se redresser sur son lit. Elle passe ses mains sur son visage pour éliminer les traces de ses pleurs et va déverrouiller le battant. Tom est là, à quelques centimètres d'elle. Il a trouvé de quoi se vêtir dans son armoire et paraît même prêt à partir : il porte sa veste ouverte sur un de ses pulls fétiches. Il lui demande, d'une voix douce :

— C'est l'heure du déjeuner et j'ai un peu la flemme de cuisiner. Ça te dit d'aller au restaurant avec moi ?

— Oh, fait-elle, surprise par l'attention. Oui, oui, bien sûr. Juste le temps de... D'aller me maquiller.

Au moment où elle termine sa phrase, elle se sent idiote. C'était Jonathan qui insistait pour qu'elle se maquille quand ils sortaient. Même si elle adorait ça, elle n'avait jamais apprécié le ton sur lequel il lui imposait cette contrainte. Pourquoi avait-elle dit ça ? Elle n'avait aucune envie de se maquiller !

— Tu sais, l'interrompt le jeune homme dans ses pensées, tu n'es pas obligée de te faire belle pour sortir avec moi. Tu es déjà très jolie comme ça. Enfin, sauf si tu en as envie, bien sûr ! se reprend-t-il, comme s'il avait dit une bêtise.

— Non ! s'exclame-t-elle. Non, tu as raison. Je n'en ai pas envie, juste une... Juste une mauvaise habitude. J'ai faim en plus.

Comme pour corroborer ses propos, son ventre se met à grogner. Elle porte sa main dessus, gênée mais n'arrache qu'un rire amusé à son interlocuteur. Elle se joint à lui puis lui indique :

— Je te rejoins dans deux minutes, juste le temps de mettre mes chaussures.

Il acquiesce et part l'attendre dans le hall d'entrée. Ni une ni deux, elle attrape ses baskets, échouées au pied de son lit, et les enfile à toute hâte. Son appétit s'est réveillé tout d'un coup et elle a plus que hâte de se rendre au restaurant. Elle était contente qu'il lui propose, cela lui permettra de se balader un peu dans Los Angeles. Elle avait besoin de bouger, pour autre chose que pour passer une audition. Le soleil était présent, en cette belle journée. Nous étions encore en hiver, mais le printemps n'était pas loin. Cela lui donnait le sourire. Oubliée, la petite dispute du matin. Oubliée, l'angoisse et le stress. Le soulagement d'avoir passé cette épreuve la rendait euphorique.

Ses doigts terminent de lacer ses chaussures puis se saisissent de son téléphone, qu'elle range dans la poche de son jean. Elle revêt ensuite sa veste et prête, elle rejoint Tom. Il paraît lui aussi impatient d'aller manger.

— On y va ? lui demande-t-il, une main sur la poignée de la porte.

— On y va !

Ils échangent un sourire complice. Il lui fait signe de sortir la première, comme à chaque fois qu'il lui ouvre une porte. Ses bonnes manières sont tenaces et elle apprécie ces petites attentions. Elle en a manqué dans ses précédentes relations, amoureuses ou amicales. D'habitude, c'était elle qui se pliait en quatre pour satisfaire les besoins des autres mais elle ne récoltait jamais rien en retour. Là, c'était différent et ça faisait du bien.

Those Ocean Eyes [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant