il sait pas à qui il a affaire le shonen.

il s'avance à son tour, me fait une feinte claquée mais qui malheureusement fonctionne et se retrouve derrière moi. il m'attrape au cou, atténue son coup de genou dans mon dos et et m'immobilise de mes deux bras.

— le but de cet art n'est pas d'attaquer, souffle-t-il en me relâchant.

nous reprenons place l'un en face de l'autre.

— de la défense et de la survie uniquement, je le devance.

il s'avance de nouveau, prêt à bondir. cette fois c'est moi qui prend l'avantage. je vise ses jambes pour le faire tomber sur le dos. puis j'attrape sa jambe droite et la relève jusqu'à la bloquer. il tape de sa main au sol.

— tu t'y prends comme un bourrin, pas une once de stratégie, se moque-t-il en se relevant.

— me fais pas de leçon, le bourrin peut attaquer tes points vitaux en deux deux.

nous nous replaçons.

— et les codes moraux, ça te dit un truc ? réplique-t-il, sarcastique tandis que je m'approche encore.

je saute à pieds joints en sa direction. il esquive et reste en équilibre sur un des accoudoirs du canapé.

— honneur, petit shinobi. honneur.

— pas que, dis-je en sautant vers lui.

il s'échappe encore. il est pas drôle.

— le courage, aussi. dis-je en articulant.

il rigole.

— tu oublies respect et politesse. mais avant tout...

je le coupe en l'attaquant de mes points. s'en suit un léger combat entre mains et points. il contre plus qu'il ne met de coups, et il devient rouge, ça me fait rire. je m'approche alors un peu plus en ralentissant la cadence, prête à finir sa phrase.

— le contrôle de soi, nous soufflons à l'unisson.

sur ses mots, il s'empare de mon bras qu'il bloque dans mon dos, puis me coince entre lui et le mur le plus proche. je tape sur celui-ci pour marquer la fin de l'étreinte. mais il tarde à se détacher, il me fout les nerfs.

— n'est pas ninja qui veut, souffle-t-il dans mon oreille.

en furie, j'attends qu'il me lâche, pour me retourner et lui assener un goup de genou au niveau de l'abdomen. toujours en mesurant ma force. pas assez fort pour qu'il pleure mais assez pour le faire baisser sa garde. j'entreprends un enchaînement pour bloquer ses mains mais il est plus rapide, il me pousse pour le détacher de lui, attrape mes poignets et me plaque de nouveau contre ce foutu mur, complètement collé à moi pour m'éviter d'éventuels coups à l'aide de mes jambes.

la proximité me bouleverse mais ce qui me fout encore plus en rogne c'est son air satisfait. ça faisait longtemps que je ne m'étais pas « battue » et encore moins pratiqué avec quelqu'un. ça me fais du bien d'un côté mais de l'autre, me retrouver à la merci de ce guignol n'est pas la meilleure fin que j'avais imaginée à ce combat.

il me glisse quelques moqueries que je n'entends pas. beaucoup trop absorbée par ses yeux, puis son nez, puis sa bouche. après ça c'est son odeur qui m'embaume. jamais on n'a été aussi proche l'un de l'autre, même hier sur le canapé, c'était trois fois rien à côté de cette posture. et je me sens perdre mes moyens.

le contrôle de soi, le contrôle de soi...

à présent je ne contrôle plus rien, et les nano secondes sont indéfiniment lentes.

c'est un autre combat qui commence. mais est-ce encore entre nous ? qui va succomber en premier ? ou contre moi-même ?

l'appel de ses lèvres est beaucoup trop fort, j'arrive à sentir les battements de son cœur et la chaleur qui m'englobe me rend complètement dingue. tout me rend dingue, ken me rend dingue.

putain, dis un truc ou lâche-moi...

j'vais faire une putain d'erreur et faudra pas m'en vouloir ni me faire endosser les responsabilités après, je lutte, pèse le pour et le contre sauf mon cerveau fait l'impasse sur tous les contres et mon corps chauffe, mon bas ventre est en PLS et mon cœur hurle à la vue du gars. il attend comme le traitre qu'il est, il attend que ça, que je donne à lui pour qu'il puisse à nouveau combler son égo mal placé de célébrité à deux balles.

à cet instant je le déteste. pour ce qu'il est, ce qu'il fait, et ce qu'il me fait ressentir dans tout mon être jusque mes extrémités. mes poignets et chevilles sont comme anesthésiées, je vais exploser.

— putain... souffle-t-il avec toute la sensualité de l'univers.

le coup de grâce.

le peu de force qu'il me reste me sert à me redresser au mieux pour combler l'infime espace qui nous sépare du désir qui nous anime.

et enfin, nos lèvres se rencontrent.

ShinkūWhere stories live. Discover now