— ah, merde.

je lui lance un regard en biais et le contemple finir son jus de fruit d'une traite.

il est vraiment saoulé pour moi, là ?

— ouais, j'suis libre comme l'air... je rajoute dans un soupir.

n'en fais pas trop non plus, petit scarabée.

— tranquille, t'en trouveras bien un autre. dit-il en se servant une poignée de chips.

— j'suis pas sûre de le vouloir, les relations de couple sont pas faites pour moi.

— ouais, moi non plus.

nouveau silence.

j'sais pas si je me fais des films mais je sens une certaine tension dans la pièce.

reste à savoir de quelle nature est cette fameuse tension...

— on s'fait un fifa ? il propose après ce court instant.

— vas y, t'as ta revanche à prendre.

il se lève et se penche devant moi pour allumer la console. j'ai une vue imprenable sur son fessier qui me rend pas forcément indifférente.

j'ai peut-être ma petite idée sur la nature de cette tension.

— ma maison, mes règles ma gueule. y'a pas de cheat à deux balles, ici. on joue sah.

je souffle exagérément pour montrer ma nonchalance.

— rien à battre, mets toutes les règles que tu veux j'te fume.

il se retourne et me lance la manette que j'attrape sans effort.

— bon si j'te mets ta raclée du turfu ça se passe comment ? demande-t-il en reprenant place à mes côtés.

— ça n'arrivera pas.

— joue wesh, fais pas ta baltringue.

on se regarde dans le blanc des yeux sans parler. comme dans les livres cucu, « je discerne une pointe de défi dans ses prunelles ». le boug est joueur, ça me plait.

— j'te dis un truc que tu ne sais pas.

— y'a pleins de trucs que j'sais pas de toi, c'est trop simple. dit-il en lançant le jeu.

— un dossier.

il fait mine de réfléchir ce vieux fou.

— j'allais te demander de me montrer tes seins mais ok ça me va.

je rigole et le jeu commence.

j'fais pas partie des gens qui mettent mille ans à choisir une équipe. je prends toujours manchester, inutile de me demander, j'ignore moi-même la raison.

le jeu commence, j'suis pas hyper concentrée. il m'enchaine deux buts mais j'arrive à égaliser avant la mi-temps.

— t'es tendue ça se voit, dit-il, taquin.

— vas-y, j'men roule un petit.

— shit ou beuh ?

je lui montre la cons' et il sourit.

— c'est doum's qui pécho pour toi ?

— comment tu sais ?

— j'reconnais le pochon.

— on partage ?

il accepte et on parle de tout et de rien le temps que je roule. je l'ai un peu plus chargé que d'habitude parce que j'suis un peu plus tendue que d'habitude. on s'adapte à la situation. le petit k n'était pas ready on dirait, il me fait la remarque dès la première taffe.

— t'as pas blagué.

et c'est pas plus mal. au fil des taffes, je suis de moins en moins sous pression. la soirée glisse toute seule. j'ai gagné deux matchs sur cinq. j'en suis à ma troisième révélation mais j'ai plus d'idée d'anecdotes farfelues.

— ivy elle te kiffait, j'annonce sans réfléchir.

je regrette fort en mon moi intérieur, mais le fait est que mon état me déculpabilise. et puis de toute façon, c'est plus d'actualité j'ose espérer. maintenant qu'elle se tape le pâlot.

— j'avais cru comprendre... avoue-t-il à son tour.

— ah ouais ? merde, j'croyais détenir le scoop de l'année.

— c'est doum's ou deen qui m'a avoué, j'sais plus. mais vas y ivy j'la porte grave dans mon coeur, mais j'pourrais jamais imaginer plus que de l'amitié.

— jamais ? je répète.

— jamais. il répète, ses yeux dans les miens.

j'ai envie de riposter mais je m'abstiens. c'est pas mes affaires après tout. mais s'il est vrai qu'il n'avait pas l'air intéressé plus que ça par la brunette, je pensais qu'il s'était au moins passé un truc en mon absence ou un petit kiff de départ. je tombe quasi des nues.

quasi parce qu'il y a cette partie de moi qui se réjouit plutôt bien de cette réponse. et j'aurais pu me sentir coupable si j'étais pas si high.

faut que je rentre chez moi.

il est une heure du mat', le temps passe vite quand on est en si bonne compagnie, askip.

je me redresse mais il me devance.

— vas y faut grave que j'te montre une vidéo.

il enclenche Youtube et je reste immobile, une poignée de seconde avant de m'enfoncer à nouveau dans le dossier du canapé.

c'est moi ou c'est le canapé le plus confortable de la terre ?

ken fait défiler les vidéos sur lesquelles on se tape des barres. à un tel point qu'on a réduit la distance de nos corps. nos cuisses s'effleurent, une première.

je me lève alors pour rétablir la distance de sécurité en prétextant aller fumer une clope au balcon. l'air froid me fait un bien fou en plus de me remettre les idées en place.

ken est intouchable. je pourrais citer un million de raison mais la défonce me rend amnésique.

ça joue en ma faveur.

quand je le vois comme ça, décoiffé et riant aux éclats devant la télé. j'ai qu'une envie c'est lui sauter dessus.

🥀

je suis d'humeur à faire un double update, si vous l'êtes aussi, commentez un 😏

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