Chapitre 2 : Cassure de l'Âme

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Pour soigner un mal, il convient de le diagnostiquer en prélude. Et s'il y a en toute âme des fissures dont le motif forge notre caractère, la cassure, elle, ravage. La vie est telle un océan dont la houle régit nos hauts et nos bas. Grâce à elle, chaque fond voit venir la prochaine ascension, mais chaque pic est susceptible de redescendre.

Le brisé, lui, coule dans cet océan qu'il ne parvient plus à discerner. Si le malheureux ne réalise pas rapidement la machination des abysses, il échouera dans l'abîme, fosse de la Nuit sans fin où la stagnation cultive les maux. En bref, rien de réjouissant. Et ce qui ne l'est pas d'avantage, c'est que personne n'est à l'abri du naufrage : tout est question de tolérance face à la houle qui, sur certaines eaux, tranche hargneusement les éminences. Toutefois, nous sommes naturellement moins enclins à chavirer une fois le mousse chétif devenu capitaine, et une mer calme n'a jamais fait un bon marin. Rien n'est manichéen ici-bas.

Poser le diagnostic est simple ; l'Homme est brisé dès que la spirale de négativité générale commence à le grignoter, car le négatif se nourri de lui-même et de ce qu'il infecte. L'on devient triste de stagner dans sa fosse, puis triste d'être triste, ce qui abîme notre confiance qui ne parvient plus à répertorier nos valeurs et nous condamne au fond. Voilà comment, après assez de ruminations, nous développons les symptômes suivants : perte totale ou partielle de motivation, d'envie, d'objectif, d'inspiration, de confiance et d'endurance. Apparaissent la tristesse, la peur, l'angoisse et autres névroses, l'introversion et la honte. Le vide ne peut le rester dans l'Univers, et cette règle s'applique aussi pour notre intérieur. Les sentiments, eux, peuvent aussi s'atténuer voire disparaître : les parents ou l'être aimé deviennent des colocataires. D'un point de vue global, c'est toute l'Âme qui s'engourdit, qui s'anesthésie comme pour parvenir à supporter la cassure.

Naturellement, les symptômes développés dépendent de la manière dont le brisé conçoit sa réclusion, et du temps passé dans l'abysse. Et plus il s'écoule, plus leur risque d'apparition ou d'aggravation augmente. C'est pourquoi, après ce préambule explicatif qui me semblait important, replongeons-nous sans plus tarder dans ce mouroir que nous ne connaissons que trop bien. Mais cette fois, nous n'y serons plus seul. 

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