Chapitre 20 - Dans ma bulle

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— ... se remettre. Avec du temps.

— ... certain ?

— Faites-moi confiance... ma vie.

Des voix me parviennent comme à travers un brouillard. Ou plutôt comme si j'étais plongée sous l'eau. Un instant, je suis près de paniquer, mais je sens bien que je ne suis pas en train de me noyer.

En revanche, impossible d'ouvrir les yeux.

— Elle se réveille.

Cette voix. Une voix d'homme vigoureuse et douce. Je ne la connais pas, mais elle m'inspire immédiatement confiance.

Comment sait-il que j'ai repris mes esprits ?

Je suis pourtant certaine de ne pas avoir bougé un orteil.

— Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle, me rassure la voix. Vous êtes en sécurité entourée de vos amis.

Mes amis ?

— Votre nourrice et vos deux servantes sont là, oui.

Soudain, un éclair de lucidité me traverse en même temps qu'un froid glacial s'empare de moi. Je n'ai pas parlé. Pas dit un mot. Il a donc répondu à mes pensées. Il lit dans ma tête.

Il va tout découvrir !

Il va tout découvrir, tous nous dénoncer, et nous allons tous finir suspendus à des crochets de boucher aux murailles d'Altis, condamnés à nous faire dévorer vivants par les charpies.

Ne t'inquiète pas, mon enfant. Je suis de ton côté.

Je retiens in extremis un cri d'effroi.

Il a répondu dans ma tête.

Comment est-ce possible ?

J'ai lu dans des ouvrages beaucoup de choses sur les forces magiques qui cheminent sur notre monde, et je sais bien qu'il existe des magiciens à la cour, mais je n'étais pas préparée à ça. Soudain, toutes mes pensées m'apparaissent traîtresses, honteuses, dangereuses. Je n'ose plus respirer, plus réfléchir, plus parler. Pourtant, je ne peux m'empêcher de haleter, un poids écrasant ma poitrine, la pensée fiévreuse et tourbillonnant autour de tous les secrets que je dois pourtant cacher.

Ne crie pas, Olympe. Tu vas faire peur à tes proches. Elles ne savent rien.

Il a recommencé.

J'inspire à pleins poumons, m'efforçant de discipliner mon souffle, et je tourne la tête vers lui pour le regarder. Il me semble que sa voix dans ma tête me paraîtra moins effrayante si je vois son visage.

Je pourrai alors imaginer qu'il me parle par sa bouche. Ainsi, ce sera moins terrifiant.

J'ouvre les yeux, m'attendant à découvrir un visage ridé et barbu surmonté d'un long chapeau pointu, mais c'est le plafond qui me fait face, luisant d'une onde immatérielle verdâtre et chatoyante. Je me tourne vers l'autre côté et les découvre enfin.

Plusieurs mètres en contrebas.

Mon hurlement fait étinceler l'étrange voile, et je chute.

Je crie de plus belle, battant frénétiquement l'air de mes bras et de mes jambes pour me raccrocher à quelque chose, mais il n'y a que le dallage de pierre sombre qui semble vouloir m'accueillir.

Au moment où je ferme les yeux, résignée à mourir, le choc ne vient pas.

Je tends les mains, mais je ne rencontre que du vide, à nouveau. Soulevant les paupières, je constate que je suis de nouveau en l'air dans l'étrange bulle magique.

La Montagne DécapitéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant