Pour la énième fois, ses tantes vinrent la voir. Les jumelles maléfiques comme elle les appelait , elle n’arrivait pas à croire que sa mère ait fait venir la famille juste pour une discussion de mariage. Depuis sa chambre, elle entendait aisément ses tantes vantaient ses mérites ainsi que ses belles sœurs à Galass et ses oncles. Aujourd’hui tous s’étaient donné le mot pour la faire passer pour un ange juste pour se débarrasser d’elle : à croire qu’elle était invivable.

_ Dieu soit loué ! S’exclama sa tante Coumba Ka quand elle se leva pour plier le tapis et enlever le voile qui recouvrait sa tête.

_ Mbétté kou guiss déwame diouli rek bou teuweu paré (On dirait qu’elle a vu sa mort une prière qui ne finit pas)

Sa tante Houreye n’avait pas tellement tort. Ce qui l’attendait au salon équivalait à un suicide. Elle qui s’attendait à voir uniquement Galass, ce dernier était venu accompagner par deux de ses oncles pour les présenter sa famille.

_ Wa légui do solou wala djarouko ndakh koula bayi gua sol fi daguite gawal nieuw nouyou sa goro yii sank batay yow laniouye hare (Et maintenant tu ne comptes pas te changer ou bien reste ainsi sinon tu porteras des habits indécents. Dépêche-toi de venir saluer tes beaux-parents ils t’attendent depuis un bon moment.)

Lasse, elle les suivit habillée de son djellaba de prière. Kal’s avait sorti le grand jeu. Des plateaux de beignets de nems de jus et de canettes étaient disposés sur la table. Quand sa fille fit son apparition au salon, elle sut que quelque chose n’allait pas. Ne dit-on pas que le cœur d’une mère ressent la douleur de son enfant ?

Zahra n’était pas dans son assiette. Elle fit le tour du salon pour tendre la main aux deux hommes pour finir par Galass et s’assoir auprès de sa mère.

_ Maintenant je comprends ton impatience cher neveu à faire d’elle ton épouse. Tu n’as nullement exagéré en disant qu’elle était une très belle  femme.

Kal’s flattée se mit à sourire du compliment à la place de sa fille qui était aussi muette qu’une carpe. Depuis que sa fille avait proclamé haut et fort se marier à Galass, le sourire ne la quittait plus. Aujourd’hui elle avait eu sa revanche en conviant tous les gens qui proclamaient haut et fort que jamais sa fille ne trouverait un bon époux.

_ Comme nous l’avons témoigné à tes parents, Fallou est notre enfant, notre neveu. Je suis le grand frère de sa mère et lui c’est le petit frère de son père. Il a le cœur sur la main. C’est une personne pieuse très calme si calme qu’il en est devenu casanier. S’il n’est pas au boulot il reste sagement à la maison. Fallou n’a de différents avec personne il est ami avec tout le monde surtout les enfants. Certes il n’est pas riche mais reste très généreux et n’hésite pas à venir en aide à quiconque. Alors ma fille sache que tu es chanceuse d’avoir trouvé quelqu’un tel que lui. Bien vrai que Fallou nous ait juste demandé de venir faire connaissance  officiellement nous aurions souhaité sceller votre mariage avant de partir mais chaque chose en son temps. Vu que tes parents nous ont donné leur aval ça ne tardera pas alors la prochaine fois qu’on reviendra dans cette maison ce sera pour demander ta main.

Zahra ne dit rien. Elle ne faisait que les regarder parler et rire entre eux. On dirait dit qu’elle était prise dans une sorte de tourbillon qui l’empêcher de respirer correctement. Elle bredouilla quelque chose pour sortir en vitesse du salon. Elle ne répondit pas aux appels de Fallou pour se ruer sur les escaliers et trouver refuge à la terrasse.

Malgré l’air frais, elle sentit ses poumons se comprimaient. Elle se retenu aux rebords pour contempler le quartier. Quand son regard se posa sur le lampadaire en face de chez eux, elle se rappela de Sylvestre. C’est sous ce même lampadaire qu’il s’était tenu totalement ivre en plein soleil pour hurler son nom comme un fou.

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