6 - Cuite

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L É O N I E

L'après-midi, nous avions convenu d'aller marcher, avec Jeanne.

— Prête à éliminer les calories des cocktails ? me demande-t-elle solennellement.

— Que oui ! ris-je.

Nous montons chercher la fraîcheur en montagne, au Muottas Muragl. La vue est incroyable. De nombreux ruisseaux zigzaguent le long des ravins. Leur course part des glaciers ou des neiges éternelles pour finir dans la rivière qui descend la vallée.

Après une bonne heure de marche, nous nous installons sur la terrasse du restaurant d'altitude. Je lui raconte mon aventure « motarde » quand le serveur dépose nos sodas.

— Cet homme a quelque chose qui m'attire. Il m'intrigue, terminé-je.

— Et tu comptes le revoir ? me demande-t-elle excitée.

— Je ne sais pas. Je reste aussi sur mes gardes. Tu le reverrais, toi ?

Elle boit une gorgée, avant de me répondre.

— Eh bien. Tout le monde est un inconnu, avant de devenir un ami, voire un amant, ajoute-t-elle avec un regard malicieux.

— T'es d'une grande sagesse aujourd'hui, dis donc, dis-je en riant.

— Je le suis toujours, voyons.

— Mouais, fais-je avec une grimace, pas du tout convaincue.

Jeanne arbore une moue vexée, ce qui déclenche un grand fou rire entre nous. Cependant, je dois avouer qu'elle n'a pas tort et je n'ai qu'à prendre mon spray au poivre dans mon sac à main. Nous restons sur cette terrasse quelques heures. Je profite d'envoyer une photo de la vue dans le groupe de discussion familial, juste pour leur faire envie.

Sur le chemin du retour, Jeanne m'interpelle.

— Tu sais, je te connais par cœur et ça fait longtemps que je ne t'ai pas vue être intéressée par un homme. Je pense que tu devrais te laisser porter et voir ce qu'il peut te réserver.

Je médite ses paroles en me concentrant sur mes pas. Oui, elle a raison. Dès que je le revois, je lui propose.

Voilà trois semaines que je n'ai pas de nouvelles de Caleb et je l'ai un peu mis à la cave. En plus, je n'ai pas son numéro. Tant pis ! Bien que ça me frustre légèrement, il me plaisait bien.

— Salut, Laurent ! Bon week-end ! lancé-je par politesse.

— Merci. Tu veux aller boire un verre ce soir ?

— Je ne peux pas, désolée, réponds-je.

Laurent souffle, déçu. Je dépose mon pass et me dirige vers la sortie, tout en levant les yeux au ciel. Quand est-ce qu'il va lâcher l'affaire ? Ça commence vraiment à être lourd ! Un de ces quatre, je vais lui dire clairement qu'il ne m'intéresse pas, vu qu'il ne comprend pas les refus à répétition.

Jeanne m'a proposé de la rejoindre ce soir pour souper ensemble et ensuite, d'aller danser en boîte, ce que j'ai accepté sans hésiter. Ça va me faire du bien ! Je décide de mettre une jolie jupe bleu foncé qui arrive au milieu de mes cuisses, avec un haut noir à manches courtes, moulant et décolleté dans le dos, ainsi que mes chaussures à talons favorites de quelques centimètres, pas trop hauts. Je suis assez grande comme ça, avec mon mètre septante. Et pour conclure, un léger maquillage. Je me regarde dans le miroir du corridor et suis satisfaite du résultat.

Nous nous retrouvons dans un nouveau restaurant de Saint-Moritz qu'on voulait tester depuis un moment. Décoré dans le style « American diner », l'ambiance nous donne vraiment l'impression d'être au cœur des États-Unis. Je me régale avec un hamburger et des frites, tandis que Jeanne a jeté son dévolu sur un tartare de bœuf.

Mission échouée [Édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant