Chapitre 23 : La cause de tous ses tourments

60 17 17
                                    

Une sensation de chaleur envahit l'ensemble de mon corps et je m'empresse de me relever pour pouvoir enlever l'imposante couette qu'Ali a pris soin de me mettre sur moi la veille. La place à mes côtés est vide et froide, il a dû s'en aller dès que j'ai réussi à trouver les bras de Morphée. Pour une fois, ma nuit fut calme sans rêves ni cauchemars à croire que mes prières ont été exaucées.

Cependant malgré mes quelques heures de sommeil, la conversation avec Amaël reste dans un coin de ma tête et me retourne le cerveau. Il faut vraiment que j'arrête de me torturer avec toutes ses conneries qu'il me raconte, même si je dois avouer qu'il sait plusieurs éléments dont il n'est pas censé connaître l'existence.

La deuxième chose à laquelle je songe après m'être réveillée est de me jeter sur mon téléphone pour envoyer un long message d'excuse à mon petit-ami Trystan. Comment ai-je pu délaisser les personnes qui m'aiment ces derniers temps ? Cela ne me ressemble pas.

Kaelia : Coucou Trystan, je suis profondément désolée pour tout ce qu'il se passe en ce moment et surtout pour mon comportement. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en veux. Il ne s'est absolument rien passé avec ce gars et crois-moi, on en est même très loin. Je désirerai sincèrement que tout cela reste derrière nous et qu'on aille de l'avant ensemble, main dans la main comme autrefois. Est-ce que tu veux bien sortir avec moi aujourd'hui ? Rejoins-moi au café des délices à quinze heures. Je te commanderai ton flat white et deux cookies tout choco pour me faire pardonner. Je t'aime, Kaelia.

J'attends quelques minutes le téléphone dans la main en espérant avoir une réponse de sa part, mais rien ne vient. Pourtant je le sais, il est constamment dessus à regarder les matchs de football ou alors ses actualités Facebook. Ne sachant pas s'il souhaite me rejoindre ou non cet après-midi, je prévois le coup en me préparant rapidement et en enfilant sa robe préférée, celle de notre premier rendez-vous, il y a maintenant trois ans.

Je profite de ce moment seule avec moi-même pour me rapprocher de la fenêtre et admirer la nature qui grouille devant mes yeux. En effet, une merlette a décidé que la gouttière serait sa nouvelle maison pour elle et ses oisillons. Autant dire que tous les jours j'ai le droit à un concert privé rien que pour mes oreilles.

C'est en mettant ma main sur la rambarde pour mieux les observer, que j'aperçois un objet. Celui-ci ne m'appartient pas et il est posé subtilement entre les rainures de la fenêtre. Ses teintes bleutées ne me sont pas inconnues, bien au contraire. Le tissage bien particulier entourant la magnifique pierre allongée ne peut appartenir qu'à celui qui s'est tenu là la veille au soir. Sous son collier, les simples mots « pense à Malurn » sont apposés de sa jolie écriture sur un papier blanc.

Lui qui n'a jamais voulu m'avouer où il avait acheté ce pendentif, me le laisse dans ma chambre. Amaël est décidément bien trop complexe pour ma personne. Je ne peux m'empêcher de serrer fort la pierre comme si ma vie en dépendait. Le calme envahit mon esprit et mon âme. Je ne perçois plus les cris des oisillons, seuls les bruits de ma faible respiration et les battements de mon cœur résonnent à mes oreilles.

Quelques instants plus tard, le collier toujours en main, j'entends Alister m'appeler pour prendre le petit-déjeuner avec lui dans le salon. Le connaissant, il a dû en préparer pour satisfaire régiment entier. Il va essayer de me remonter le moral suite à mon début de nuit, plutôt chaotique, la veille. L'odeur du café ainsi que celui de mes toasts chatouille mes narines. Je n'ai qu'une envie, c'est de dévaler les escaliers quatre à quatre pour savourer le premier repas de la journée.

Je dépose la pierre d'Amaël dans mon coffret à bijoux, là où je range tous ceux qui ont appartenu à ma mère, ainsi que le mot qu'il m'a laissé. Après avoir refermé la boîte, je regarde mon téléphone pour voir si Trystan a répondu à mon message, mais c'est avec surprise que celui-ci semble m'ignorer pour la première fois depuis le début de notre relation. Ne voulant pas le brusquer, mais ne souhaitant pas rester sans rien faire, je lui en envoie un second.

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant