Chapitre 2. Cora

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Je me réveille calmement d'une nuit bonne et reposante. Persuadée que neuf heures de sommeil soit la meilleure des thérapies. Et je crois, sans me tromper, qu'il n'y a pas mieux pour se réveiller avec les idées plus claires. Car même si je ne suis toujours pas d'humeur à me rendre à l'exposition ce matin, je ne peux nier qu'Ella avait vu juste hier au téléphone. Et je le sais pertinemment, même si je me persuade du contraire. Il est grand temps de vivre enfin la vie tant espérée en venant à Paris, de passer à autre chose et d'enfin, tourner la page. Car après tout, si Kyle a réussi à le faire, à en juger par ses conquêtes affichées sur les réseaux sociaux, je peux bien le faire aussi. Alors, faire de nouvelle rencontre m'aidera certainement à entamer le nouveau départ tant espéré.

Je me rends compte seulement maintenant et après avoir beaucoup réfléchi que je suis la seule responsable de mon mal-être pesant, et que je suis également la seule qui puisse y remédier. J'en suis maintenant pleinement consciente. Et pour persuader les autres, je dois certainement commencer par me persuader moi même, alors qu'il en soit ainsi.

Aujourd'hui sonne le début du reste de ma vie !

Gonflée à bloc après réflexion de cette pensée positive, je me décide enfin de sortir du lit, non sans un effort certain pour me diriger machinalement vers la cuisine, les yeux encore mi-clos lorsque je m'arrête aussitôt sur le seuil de la porte. Je soupire et passe une main dans mes cheveux en adoptant une moue boudeuse pourtant sincère.

Cesse ton cinéma, Cora, personne ne peut te voir !

Je grimace en apercevant la pagaille laissée en cette veille de week-end sur le plan de travail de ma cuisine. Voilà typiquement une situation parfaite mettant en exemple le besoin de l'épaule, expliqué plus tôt. Oui, la vaisselle et le ménage à deux, c'est quand même mieux, non ?

Rapidement, je me ravise et fait taire ma mauvaise conscience me poussant au vice à retourner dans mon lit, puis range en vitesse les restes de mon diner chinois et enclenche une playlist sur mon enceinte. Bougeant la tête et me déhanchant au rythme de la musique entrainante, je me laisse aller jusqu'à que l'horloge me rappelle à l'ordre, puis je file en vitesse m'apprêter pour affronter la drôle de journée qui m'attend, et souris en pensant à ce que réussit, encore, à me faire faire ma blonde longue distance.

Après quelques essayages non concluants, me voilà fin prête. Je passe devant le miroir à pied et m'arrête devant, retroussant légèrement le bas de mon jean brut et entrant ma chemise blanche sous la ceinture de celui-ci. Le look fera parfaitement l'affaire.

— Qu'est-ce que t'en penses, toi ? demandé-je à Doug, mon chat, enroulé et manifestement profondément endormi dans la panière à linge sale. Tu ne m'es pas d'une grande utilité, tu sais, ajouté-je en haussant les épaules.

De nouveau dans la cuisine, propre et rangée cette fois-ci, je profite des quelques minutes d'accalmie se présentant devant moi pour boire un café, sorte de calme avant la tempête.

Je repense aux parole d'Ella, elle qui a toujours eu le chic de me trainer un peu partout dans des festivals, des manifestations, des endroits insolites. Mais aujourd'hui c'est bien différent et j'ai parfois l'impression que ce temps là est révolu.

Mes amis français sont surtout des collègues de travail et mes seules connaissances amicales hors musée se résument à leur conjoint. Soit donc, des couples amoureux, mariés et parfois même avec enfants. J'apprécie leur compagnie, au musée. Car manifestement, je n'éprouve pas le besoin de ne pas partager plus qu'une entente cordiale étant donné le peu d'intérêts que nous ayons en commun. Ils m'aident et m'encouragent pour la pratique du français et, de manière plus générale, à mon intégration ici, mais nous ne sommes définitivement pas sur la même longueur d'onde. Tout comme je ne le suis pas avec mes concitoyens parisiens.

L'ombre au tableau [Sous contrat chez Nisha et cætera] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant