Fantasy • Anciennement « Soulmates' Bonds »
À Gemealma, deux choses bénéficient de l'entière attention du peuple : les troubles sociopolitiques et la recherche du partenaire idéal. La première est la résultante d'anciens conflits qui conti...
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Makayla
Plongée dans mes calculs, je note à combien s'élève la recette du jour en précisant ce qui a été vendu sous les yeux étonnés de mon frère. Il réagit comme ça chaque fois qu'il aperçoit mon écriture. Je souris et lui dis d'aller accueillir les nouveaux clients pendant que je continue discrètement de faire les comptes.
Papa ne se sentait pas bien ce matin, alors maman nous a autorisé à le remplacer à la boucherie. Nous avons besoin d'argent, nous ne pouvons donc pas nous permettre de perdre une occasion d'en gagner.
Quelques minutes plus tard, Jules se rapproche à nouveau en m'indiquant avoir vendu six autres kilos de viande de sanglier. Je répertorie le tout et retourne m'asseoir pendant que mon frère nettoie le plan de travail sur lequel il découpe la marchandise.
Je le regarde faire, absorbée par mes pensées, avant d'observer autour de moi, intriguée. Je me demande comment papa se sent quand il voit cette bâtisse qu'il a fondée. Est-il fier ? Se dit-il que cela n'est pas assez ? Il se tue pourtant à la tâche, mais l'insatisfaction transparaît souvent dans ses pupilles. Notre père est un homme fort qui mérite tout le bonheur du monde pour le mal qu'il se donne. Il a construit tout ceci lui-même. Il a monté chaque brique, dressé chaque poutre avec Jules. L'espace est petit, mais des étalages de viande sont couverts par de grands sachets pour empêcher les mouches de s'y poser. D'autres carcasses d'animaux sont suspendues au plafond et une grande table dans un coin sert de plan de travail. À quelques pas de l'entrée, il y a le comptoir et la caisse derrière laquelle je suis assise. Les murs sont peints en jaune et les multiples lampes ajoutent de l'éclat à la pièce.
Je sors de ma rêverie quand une agitation inédite se manifeste à l'extérieur. D'abord prise de panique, je me précipite derrière mon frère en tenant ses épaules. Je reste près de lui quand il se rapproche de la porte pour regarder à l'extérieur et vérifier qu'aucun danger ne nous guette. Alors que mon cœur tambourine, je constate qu'il ne semble pas y avoir d'individu menaçant quiconque avec une arme. Les visages sont même plutôt joyeux. Mon jumeau et moi nous lançons un regard étonné. Certaines personnes sautillent en passant devant nous tandis que le mouvement de foule se dirige dans un sens précis. Jules interpelle alors un jeune homme à la mine égaillée en lui demandant ce qu'il se passe.
— Vous n'êtes pas au courant ? s'étonne-t-il. Le prince est de retour au royaume, il va succéder au roi ! Ils vont afficher les listes des convoqués.
— À quelle heure ?
— Bah ! Dans quelques minutes !
Il décampe pour ne pas rater l'évènement tandis que je me précipite dehors. Jules me retient par le bras, me forçant à me tourner vers lui.
— Y a trop d'agitation. Aller regarder les affiches, c'est pas l'idée du siècle. Tu peux t'faire brutaliser par tous ces gens.
— Que faire, dans ce cas ? Je dois savoir si j'ai été convoquée, Jules.
