– Arrête, je t'en supplie ! Arrête !
Dans les entrailles de la nuit, Jungkook se débattait comme un fou, le cœur hurlant. Il ne faisait pas le poids. Écrasé sous le corps d'un autre, le dos râpant contre le sol, la panique le possédait comme un invincible démon, cruel et sans pitié. Ses poignets étaient maintenus au-dessus de sa tête, pris dans l'étau d'une main rocailleuse, solide et glacée qui le blessait. Il n'y arriverait pas.
– Je t'en supplie...
– La ferme !
Ses protestations n'avaient aucun effet. Tout comme ses mouvements, bien trop faibles pour le libérer. Il ne pouvait rien faire. Rien sinon supplier cet être qui n'avait que faire de ses prières.
Un être à la voix aussi acide qu'un poison mortel injecté dans ses veines.
Allait-il mourir ?
Tandis que les larmes lacéraient ses joues livides et se mêlaient aux gouttes de pluie sur sa peau, son sang coulait de sa tempe, poisseux et brûlant. L'odeur métallique qui s'en dégageait le répugnait. Il pouvait presque en sentir le goût âcre sur sa langue.
– S'il te plaît, murmura-t-il, la gorge irritée.
Ses forces s'amenuisaient. Ses muscles n'en pouvaient plus. Si seulement tout pouvait s'arrêter... Mais il avait beau implorer, le monde extérieur ne lui viendrait pas en aide. Il était seul en Enfer.
Un enfer qui ne faisait que commencer.
Soudain, un cliquetis anormal saisit son attention. Et son cœur s'arrêta. Une lame brillait à la vue de son regard écarquillé de terreur. Effrayé à mort, il recommença à se débattre, plus fort cette fois, les pupilles folles.
La douleur se propagea à retardement. Lorsqu'elle survint, ce fut avec une telle intensité qu'elle lui coupa le souffle. Son cri se brisa au fond de son ventre, et il manqua de perdre connaissance, ses poumons étrécis par le choc. Le monde se mit à tourner autour de lui. Il ravala sa bile tout juste avant que la lame ne revienne sur sa peau. Aiguisée, tranchante, elle le réduisit à un silence marqué de souffrance.
– Tu me fais... mal...
Il avait si mal. Il souffrait le martyre. Mais la douleur qui rongeait ses os était incomparable à celle qui faisait suinter son âme. Il ne s'en sortirait pas. Il le comprit lorsque le bouton de son pantalon sauta et que des doigts s'engagèrent sous son vêtement.
Alors les sanglots encombrèrent sa trachée, n'y laissant passer que des murmures éclatés, et il leva des yeux pleins de larmes sur son assaillant pour le supplier une dernière fois.
– Ne... Ne fais p-pas ça, je t'en supplie. Ne m-me fais pas ça...
Mais il n'y avait plus une once de lucidité dans le regard en face. La folie s'en était emparée jusqu'à la racine. C'était une haine colossale et pourrissante qui traversait à présent Jungkook de part en part, le mettant en charpie.
Il allait le tuer.
Il allait mourir.
Ce regard posé sur lui, il savait déjà qu'il ne pourrait pas l'oublier. Il resterait ancré dans les tréfonds de sa mémoire, dans les cellules de son corps abusé, à tout jamais.
À bout de force, ses prières s'éteignirent peu à peu jusqu'à disparaître dans le silence. Ce fut là qu'il l'entendit. Son prénom.
– Jungkook.
Là, tout contre son oreille, c'était comme s'il ne lui appartenait déjà plus.
Ce prénom, pourtant le sien, cette vie, pourtant la sienne ; cette personne allait lui voler tout ce qui faisait de lui ce qu'il était.
C'était trop tard. Il allait tout perdre.
Les yeux vides d'espoir, tournés vers un ciel sans étoiles, ses bras retombèrent mollement sur le sol et il s'abandonna à son sort.
À quoi bon lutter quand on se savait condamné ?
– Jungkook...
À quoi bon lutter lorsque tout ce que l'on désire...
– Si seulement tu pouvais crever !
...est de mourir ?
– NON !
Jungkook se redressa en sursaut dans son lit, le souffle court. Sa tête lui tournait, sa respiration sifflait. Dans le calme de sa chambre, le silence avait rapidement englouti son cri, cependant celui-ci s'attardait encore dans son crâne comme un souvenir tenace, pulsant à la manière d'un cœur contre ses tempes. Le poing fermé contre sa poitrine, il se laissa tomber vers l'avant, front contre le drap, exténué. Il avait mal partout, comme s'il venait de courir un marathon. Il parvenait à peine à bouger.
D'un revers de main, il essuya mollement son visage trempé de sueur et de larmes, cherchant à tâtons de l'autre son lapin en peluche perdu dans le lit. Il ne trouva que du vide dans un premier temps. Lorsque ses doigts reconnurent enfin son tissu, Jungkook le serra contre son cœur à l'en faire fusionner avec lui.
– Calme-toi, calme-toi... Ce n'est pas vrai, tout ça, murmura-t-il pour se rassurer.
Il nageait en pleines eaux troubles. Revenir à la réalité était toujours si pénible. Il en allait ainsi à chaque réveil : une partie de son esprit restait plongée dans ce cauchemar récurrent, pendant que l'autre luttait pour rejoindre le présent.
Confus, il ne cessait de frotter ses yeux, dans l'espoir de faire disparaître les images qui défilaient encore sous ses paupières.
– Ce n'est pas vrai... Ce n'est pas la réalité. Ce n'est pas lui, continuait-il à dire.
Sa voix tremblait. La peur s'accrochait à lui tel un mauvais sort que l'on jette à un ennemi. À force de rêver, Jungkook peinait de plus en plus à démêler le vrai du faux. Il craignait qu'un jour, il finisse par tout confondre pour de bon. En fait, il était même certain que cela arriverait.
Alors, en attendant ce moment critique, il se rassurait comme il pouvait, tentait de se convaincre du mieux possible pour ne pas perdre la tête.
– Ce n'est qu'un rêve. Une création de ton inconscient... Ça ne peut pas être lui.
Ce songe n'était qu'une falsification de sa mémoire, il en était certain. Car le visage de son agresseur, qu'il n'arrivait pas à voir auparavant, lui était apparu clairement cette fois, et ça ne collait pas. Malgré sa confusion, il savait que c'était impossible : ce visage n'appartenait pas à ses souvenirs. C'était un autre qui avait remplacé le vrai. Un autre, dont il avait reconnu les traits, et surtout, le regard.
Ce regard.
Celui qui lui avait complètement fait perdre les pédales.
Le regard salace de monsieur Kim.
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Bonjour, bonjour, ça fait super longtemps !
Je reviens avec un chapitre un peu dur, mais important pour plusieurs raisons. Déjà, il montre l'impact que Mr Kim a eu sur Jungkook, et ce que son geste a réveillé en lui. Mais aussi, il y a une phrase, une réplique qui fait écho à une autre dans un chapitre précédent. Celui du fameux dîner... Peut-être vous a-t-elle rappelé quelque chose ? D'un point de vue psychologique, ça en dit en tout cas énormément sur la condition de Jungkook !
Enfin, je vous laisse à ces tergiversations pour le moment. Et une fois n'est pas coutume, je me permets de vous rappeler l'existence des TW en NDA au début de l'histoire ! Attention à votre sensibilité ❤
Astëlya
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Sous l'ombre des souvenirs ・ᵛᵏ
फैनफिक्शन❝ Pourquoi est-ce aussi compliqué ? J'ai l'impression d'avoir deux vies, d'être deux personnes à la fois beaucoup trop distinctes. ❞ Après s'être exilé deux années en Angleterre, Jungkook doit retourner contre son gré en Corée du sud, son pays d'ori...
