6. Jour off

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Le bruit de la photocopieuse me tient éveillée, je tombe de sommeil et j'angoisse juste à l'idée de cligner des yeux par peur de ne plus savoir les rouvrir. Mes seules joies sont qu'on est enfin vendredi et que fin de journée, je vais pouvoir m'écrouler dans mon lit... et mon père repart sur les routes pour une longue période.


Je passe ma main sur ma joue encore endolorie et bleuie par le coup de poing de mon père. Tout cela a cause de Jordan. Pourquoi est-ce qu'elle a autant besoin de l'ouvrir ? Si elle ne l'avait pas provoquée, je n'aurai pas eu à intervenir et à réceptionner le coup à sa place. C'est une chance que je l'ai reçu parce que Jordan aurait fini à l'hôpital et... . Je ne dois pas penser comme cela et puis, ma mère et mes sœurs ont eu tellement peur ces derniers jours. Je m'en veux de ne pas avoir été très présente pour elles alors qu'il se trouve à la maison, j'ai tellement fait d'heures supplémentaires pour la réunion aujourd'hui. De plus, je sais que ce n'est pas forcément la faute de Jo', elle est juste jeune et elle ne s'est pas canalisée sa colère.


J'entends qu'on m'appelle derrière moi et je vois Margaux et Nina me faire signe. Quand elles voient ma tête, elles expriment l'inquiétude.

«

- Oh petit bébé ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?, me dit Margaux avec sa petite voix de souris.

- Rien rien, un des jouets de mes sœurs à ricocher sur ma joue, leur dis-je.

- Un jouet ?, me dit Nina sceptique.

- Oui un jouet, j'affirme, fermement.

- Cela doit être la guerre chez toi avec tes petites sœurs. Tu devrais leur acheter des licornes, ça ne fait pas mal des licornes, réplique Margaux. "


Sa phrase me fait décocher un faible sourire qui relance ma douleur. J'observe Margaux qui déballe son énième barre énergétique chocolatée de la matinée, c'est la fille la plus mignonne que je n'ai jamais vue. Elle est brune avec des mèches de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, c'est un phénomène à elle seule. Aujourd'hui, elle a délaissé ses pyjamas animaliers pour s'habiller d'une tenue professionnelle. Ce serait vu professionnel si elle n'avait pas fait des couettes et elle n'avait pas une couleur de cheveux qui fasse penser aux licornes.


Nina nous presse de nous dépêcher de nous installer dans la salle de réunion pour ne pas que Mademoiselle Esperanto nous remarque. Oh merde... elle doit m'en vouloir de l'avoir remballé quand elle m'a demandé pour mon visage ce matin. Elle n'était pas déjà des plus chaleureuses avec tout le monde depuis le vernissage. Je tente de me placer dans un angle où je ne risque pas d'être remarquée directement par ma boss.


L'arrivée de la patronne refroidit la salle. C'est un véritable froid de banquise qui s'est installée, il n'y a que Nina et Margaux qui semblent indifférente à l'effet de la patronne. Ces filles ne sont parfois pas forcément bien dans leur tête. Personne n'aurait envie de subir sa mauvaise humeur. Elle ne prend même pas la peine de nous saluer et elle rendre directement dans le vif du sujet. On l'écoute nous parler des projets en cours et les prochains. Ensuite, chaque département présente ses avancées dans leur projet. Elle ne nous rate pas, elle n'est pas satisfaite. Un rien pourrait la faire exploser.


« Il a encore voulu jouer à l'homme et il a perdu. »


Cette voix joyeuse est celle de Thierry qui a voulu être discret excepté qu'il est aussi discret qu'un éléphant, l'idiot ! Tout le monde l'a entendu. Je sais qu'il parle de moi mais je me retiens d'aller lui en coller une.

Dessine-moi le diable [gxg] TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant