Upside-Down -[FR]

La falaise aux Crocs Aiguisés

Après un rude entraînement de plusieurs heures sur de multiples techniques utiles pour notre survie, le soleil commençait à descendre dans le ciel. Il était dur et peu démonstratif mais il fallait reconnaître que Talios était un bon mentor. Il finit par nous inviter à rentrer dans sa petite maison pour la fin de journée. Je n'étais pas vraiment rassurée à l'idée de dormir et d'être simplement dans le même endroit qu'un Esprit Perdu. Il nous avait rassuré à son propos quelques plus tôt mais je restai sur mes gardes. Elle le suivait partout, et malgré leurs quelques disputes, ils avaient l'air complices. On s'installa dans un coin de la pièce en silence. Talios était parti nous chercher à manger dans sa réserve.

Automne, excitée de ses nouvelles capacités, me parla encore de ses exploits :

« Et tu as vu comment mon bouclier arrêtait vos coups ? C'était fantastique, tu ne trouves pas ? Je sens que je suis prête à nous défendre!
-Tu te débrouilles à merveille, Feuille d'Automne. » ronronnais-je.

Talios remonta de sa réserve en compagnie de son ombre, quelques poissons dans la gueule, il en déposa devant nous et entama le sien. Il demanda d'un coup :

« Et sinon, comment êtes-vous mortes ? Allez, ne soyez pas timide, c'est bien mon droit, je vous ai entraînées et je suis le passeur d'âmes. »

Automne me regarda avec des gros yeux, choquée par la question du chat couleur sable. Je commençai, histoire de briser la glace :

« Je me suis noyée dans le grand lac des Quatre-Forêts. J'étais affamée et j'ai voulu pêcher. La glace s'est brisée et je suis tombée dans l'eau. Je n'ai pas pu m'en sortir comme j'étais trop faible.

-Morte et abandonnée à cause d'une maladie, enchaîna la petite chatte couleur crème.
-Si jeunes... Quel dommage. Mais ne vous en faites pas, vous aurez bientôt le droit à votre deuxième vie. Peu de chats ont le droit à leurs neuf vies, vous êtes chanceuses! »

Les mots n'étaient peut-être pas appropriés mais cela semblait lui faire plaisir.

« Et toi, Talios ? Demandai-je
-Moi ? Je ne suis pas mort. Je travaille simplement dans un autre monde. Le Monde des vivants est tellement rempli de violence. Le Royaume des morts est bien plus calme malgré les évènements récents. »

Il regarda vers le bas, vers son collier et nous expliqua que son âme était au centre, que c'était une orbe d'intelligence. Il avait apparemment peu d'occasions de montrer ses pouvoirs alors il nous fit son petit spectacle. Le passeur d'âmes se figea et se concentra. Son orbe se mit à briller et l'Esprit Perdu toujours derrière lui fut enveloppé par la même lumière bleue. Une voix rauque parla:

« -Ne lui en voulez pas pour les questions intrusives. Il parle à si peu de gens, il est souvent seul. De toute manière, il n'a jamais su comment parler aux autres félins.»

C'était l'Esprit Perdu, elle parlait. Automne se recula un peu, le poil hérissé :

« Ma pauvre petite, ne t'inquiète pas, je ne vais pas te faire du mal. Je n'ai pas besoin de tout ce que mes congénères convoitent tant. Talios m'offre tout ce dont j'ai besoin, il est vaillant et serviable. »

Elle parla un moment, de lui, d'elle, la façon dont ils se sont rencontrés, leur quotidien. Elle était douce et passionnée par son travail d'assistance auprès du jeune félin. Elle semblait être « normale » malgré son apparence monstrueuse, celle d'un être sans cœur ni âme. Malheureusement, elle ne se rappelait pas de sa vie, avant de devenir ainsi.

« J'ai perdu mes souvenirs, je ne me rappelle plus de rien. Je me souviens seulement de Talios au moment où il m'a capturée dans son orbe. »

Automne se détendit au fil de notre discussion et après celle-ci, elle nous salua et rendit son pouvoir à Talios. Celui-ci prit une grand inspiration et nous regarda. Il avait l'air fatigué d'avoir utilisé son pouvoir aussi longtemps. Après notre repas, il nous montra nos lits pour la nuit. Il s'excusa de sa fatigue puis partit dormir. On finit par le rejoindre car l'entraînement nous avait épuisées.

Nous allions bientôt rejoindre les Quatre Forêts. Quelle joie de rentrer chez nous.