Chapitre 18 : Alors, raconte-moi tout, Sherlock !

61 16 12
                                    

- Alors comme ça, on est en froid avec son copain ? me demande Amaël avec le sourire aux lèvres.

- Alors comme ça, monsieur vient me faire chier jusque dans la bibliothèque, réponds-je en le regardant avec amusement.

Quelques semaines auparavant, je pense que sa simple présence à mes côtés m'aurait horripilée au plus haut point, mais maintenant, elle me réjouit et bizarrement m'apaise. Il faut croire que je me suis habituée au sourire mutin d'Amaël et à ses phrases sorties tout droit d'un autre monde. Mon corps semble se relâcher de toute la tension créée à cause de la discussion ou plutôt de la dispute que j'ai eue avec mes amies de l'université.

- Ceci n'est pas vraiment la réponse à laquelle je m'attendais.

- Je te fais remarquer que ce n'est pas vraiment, non plus, à quoi je m'attendais en venant bosser dans la bibliothèque de la faculté, afin de profiter du silence et de la paix qu'elle propose, rétorqué-je instantanément ce qui fait encore plus ressortir ses jolies pommettes.

- Soit, n'empêche que ce n'est pas très gentil de ne plus traîner avec tes copains et copines. Qu'est-ce qu'il te prend tout ton temps pour que tu délaisses ton cher et tendre petit ami ? m'interroge-t-il tout en essayant de loucher sur mon ordinateur.

- Qu'est-ce qu'il te fait dire que quelque chose me prend tout mon temps ?

Cette conversation tourne en rond, je réponds à ses questions par les mêmes, mais posées différemment. Je m'exaspère, mais ce petit jeu m'amuse bien dans le fond, car pour une fois j'ai l'impression d'avoir le contrôle sur lui. Cela me détend et à en croire l'éclair de plaisir qui traverse ses yeux bleu clair, je ne suis pas la seule à apprécier ce moment.

- Par exemple, tes cernes me font penser à une nuit d'une courte durée et très agitée. Ensuite, le fait que tes amies te reprochent de ne pas traîner plus souvent avec eux est une réponse irréfutable. Et puis, vu la tête que tu as tirée à ta copine quand elle t'a confisqué tes bouquins, j'en déduis que ses recherches te tiennent très à cœur. Pour conclure, je dirais même que c'est à cause d'elles que tu t'éloignes d'eux.

- Tu ferais un très bon enquêteur, tu sais ? dis-je en essayant de cacher tant bien que mal mes notes ainsi que mon petit papier froissé comprenant les mots qui ont le contrôle de ma vie actuellement.

Comment peut-il avoir autant analysé la situation en l'espace de quelques secondes ? Et surtout comment peut-il avoir raison alors que mes amies sont incapables de me déchiffrer en ce moment ?

- Tu peux regarder ailleurs que sur mon ordinateur ! Ce ne sont pas tes affaires !

- J'ai des yeux et je compte bien profiter de ma vue, me réplique-t-il avec un sourire narquois. Ensuite, je pense que je suis plus apte à répondre à tes questions, car tes livres ne pourront malheureusement rien t'apprendre de plus que ce que tu connais déjà.

Il a dû apercevoir les quelques mots que j'ai gribouillés sur mon bout de papier que je viens de ranger dans mon sac à dos, sinon, comment pourrait-il savoir que mes livres ne me sont d'aucune utilité.

Après avoir levé les yeux au ciel ce qui lui déclenche un petit rire aigu, je le regarde droit dans les yeux. Il est si prévisible que je m'attendais à ce genre de réponse de sa part. Il est le monsieur je-sais-tout depuis que je le connais.

- Alors, raconte-moi tout, Sherlock ! Je veux tout savoir, à commencer par qui es-tu monsieur le Rebelle ? lui demandé-je avec un air de défi au fond de mes prunelles.

Le visage fin d'Amaël devient presque aussitôt blême ne s'attendant sans doute pas à ma question. Je ne l'ai pas habitué à lui quémander directement des informations, moi qui préfère chercher tout par moi-même et ne pas a avoir à demander de l'aide.

Je commence à en avoir marre de cette situation, je tourne en rond depuis des semaines afin de comprendre ce qu'il m'arrive. Pourquoi fais-je sans cesse des cauchemars où Amaël est de plus en plus présent ? Pourquoi certains de mes cauchemars me semblent être tout droit sortis de la réalité ?

Ne le voyant pas réagir, je décide de le bousculer un peu en lui touchant les épaules. Une décharge électrique me traverse tout le corps instantanément suivi d'une sensation de bien-être. La chaleur qui émane d'Amaël est de plus en plus forte que nous reculons tous les deux. Son regard semble s'être perdu dans les méandres d'un monde qui m'est inconnu sans doute sur une autre planète.

Désespérée qu'il n'arrive pas à répondre à la seule question que j'ai osé lui poser depuis des semaines, je décide de rassembler mes affaires pour partir loin de cet énergumène.

- J'ai l'habitude d'avoir des réponses plus rapides et plus directes de ta part. Tu me déçois ! avoué-je en contemplant ses magnifiques yeux d'une couleur si peu commune. Mais en même temps, je m'y attendais. Je n'en ai rien à faire de tes histoires montées de toute pièce. Et je te le répète pour la dernière fois, laisse-moi tranquille. Laisse-moi faire ma vie seule ! J'allais beaucoup mieux quand tu n'étais pas là !

Je mets toutes mes affaires dans mon sac avec une rage qui émerge de nulle part. Énervée contre lui et ses paroles ou plutôt les paroles qu'il ne prononce pas, je me lève pour me diriger vers la sortie que mes amies ont empruntée quelques minutes auparavant.

J'aimerais comprendre en quoi il est difficile de répondre à ma question. La réponse la plus simple et la plus logique serait qu'il avoue que c'est juste un mec lambda et qu'il vienne m'emmerder est à cause d'un stupide défi que ses potes lui ont proposé. Vu qu'il est dérangé mentalement, il s'est empressé d'accepter, car enquiquiner les gens est sa passion première.

Et pour expliquer le fait que je le vois dans mes rêves, cela devient complexe. Une de ses réponses pourrait être qu'à force de m'exaspérer et d'apparaître partout dans ma vie, mon cerveau s'amuse avec sa projection corporelle en l'incorporant dans mes cauchemars pour me torturer encore plus. Mais ce scénario n'arrive que dans les livres, n'est-ce pas ?

Une fois debout et face à lui, je le regarde pour la toute dernière fois, si seulement il respecte mes exigences. Son visage a peu à peu repris le teint hâlé qu'il a d'habitude et son sourire commence progressivement à se manifester ce qui n'est jamais bon signe. Cependant, aucun mot ne traverse la barrière de ses lèvres, me laissant attendre, comme une idiote, une réponse qu'il ne me donnera jamais.

- Je me casse, bonne fin de vie ! lui murmuré-je à l'oreille avant de me précipiter à la sortie du vieux bâtiment.

Juste avant d'atteindre la porte de sortie, j'entends la forte voix d'Amaël résonner dans l'ensemble du bâtiment lui attirant les foudres de tous les étudiants lui demandant le silence.

- Je suis juste comme toi !

***

Coucou !

J'espère que vous allez bien ! Je reviens tout juste d'un Week-end sur la Great Ocean Road où j'ai eu la chance de voir énormément de Koalas et Kangourous alors l'inspiration a été plus qu'au rendez-vous !

J'espère que ce nouveau chapitre vous aura plu :)

N'hésitez pas à commenter ainsi qu'à voter car cela fait toujours plaisir et cela booste ma motivation à écrire d'avantage.

On se retrouve très bientôt pour un autre chapitre !

Bisous :)

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant