6 - « Les oiseaux s'envolaient en nuée »

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La brume se dissipait quand un homme fortement musclé s'approcha. Il s'arrêta, ancra ses pieds au sol et banda son arc. Cet Armul intimidait Sajem. Il se mit subitement à crier ce qui fit sursauter le garçon :

« Silbek, monstre d'eau douce ! Je suis venu pour l'île Osmor ! Montre-toi ! »

L'instant d'après, l'effrayante créature sortit la tête de l'eau calmement.

« Es-tu venu pour répondre à l'énigme ?

— Je suis venu pour te tuer ! »

Aussitôt, il décocha avec hardiesse une flèche en visant la tête de Silbek. Le projectile ricocha tel un jouet au contact du poisson et se perdit dans l'eau. L'homme armé ne se laissa pas impressionner pour autant ; il devait s'y attendre. Il visa cette fois-ci son œil mais la flèche rebondit une nouvelle fois et vint se planter dans les fougères aux pieds de Sajem. Silbek ne bougeait pas. Elle laissa l'homme s'épuiser vainement et s'amusa à le ridiculiser. Ce dernier qui avait prit soin de garder une certaine distance, sortit de son sac deux bombes qu'il lança d'une main. Malgré sa force, l'une ne tomba pas assez loin tandis que l'autre explosa devant les barbillons de Silbek. Celle-ci ricana, ce qui énerva l'homme. Il prit deux autres bombes qu'il jeta en se ruant sur la créature. Elles touchèrent la cible mais Silbek s'en sortit sans une égratignure.

« Est-ce là tout ce dont tu es capable ? Je m'attendais à mieux... »

Piqué au vif, il lança tout ce qu'il pouvait. Des explosions se firent entendre de toutes parts, les détonations résonnaient dans la vallée. Les oiseaux s'envolaient en nuée. Sajem se couvrit la bouche et les yeux à l'aide d'un foulard et de ses bras, à cause de la fumée provoquée par les bombes. Il ne distinguait plus ni Silbek ni l'homme. Il essayait tant bien que mal de ne pas suffoquer, de ne pas trahir sa présence. Il entendit des bruits métalliques, sûrement le choc d'une lame sur la peau de Silbek, puis, un hurlement déchirant.

Le silence reprit place dans la vallée. Le sang de Sajem se glaça.

« Quel vacarme... Il aurait tout de même pu épargner mon pont ! » grommela Silbek en disparaissant sous l'eau.

Sajem avait désormais la certitude que Silbek était invulnérable. Il ne restait du passage de l'Armul que les dégâts provoqués sur le pont, les cratères des bombes et l'herbe brûlée. Les Mizjik avaient raison, il valait mieux attirer la grâce de la gardienne plutôt que l'attaquer. Cependant, était-elle douée de bonté ?

Quelques heures plus tard, une autre personne vint tenter sa chance. Un vieil homme qu'il avait déjà aperçu chez les Mizjik portait un gros sac sur son dos courbé et avançait une canne à la main.

L'énigme du poisson-chatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant