J'ai parlé à Louis de la proposition d'Ella. Il était gêné qu'elle sache pour notre relation, effrayé surtout qu'elle ait l'idée d'évoquer cela à sa mère. Je l'ai rassuré immédiatement. Je sais qu'Ella protégerait plus que tout notre secret.
Nous ne nous sommes pas épanchés davantage sur le sujet, acceptant sans vraiment se l'avouer cette histoire d'amants cachés. Du moins, jusqu'à ce que nous trouvions une autre solution qui conviendrait à tous.
— Donc, qu'est-ce qu'il t'a appris ? reprend Louis, un air malicieux dans les yeux.
Je rougis immédiatement, détestant le fait qu'il ait autant raison à propos de ma pudeur.
— Il m'a expliqué comment détendre... Tu sais... Pour la pénétration.
Louis arque un sourcil d'un air étonné.
— Mais on n'est pas obligés d'aller aussi loin, ajouté-je, confus. Je ne voulais pas...
— Montre-moi.
J'ai chaud, soudainement. Louis se rallonge sur le matelas. Il est nu devant moi, attendant que je fasse quelque chose. Mais plus aucune pensée cohérente ne traverse mon esprit. Obnubilé par son corps et par ce que nous nous apprêtons à faire pour la première fois, j'oublie le reste. Le duc, Ella, le mariage, le bordel, le giton du troisième étage, ma pudeur de prince coincé.
Je rejoins son corps, scellant nos lèvres avec fermeté. Mes mains glissent sur sa peau encore transpirante, j'aspire chacun de ses gémissements, mouvant nos deux corps à l'unisson. Il y a cette chaleur incandescente entre nous, comme un feu qui ne saurait jamais s'éteindre. Nos caresses, nos baisers, nos mots échangés tout bas, tout est si naturel.
Peu importe la leçon, je l'aurais apprise en touchant son corps, pas en l'entendant dans la bouche d'un autre.
*
J'aime les levers du soleil, lorsque la couleur rosée du petit matin se reflète sur la grande étendue de notre domaine. L'air est particulièrement glacial et je sens mes joues picoter à la sensation. Je me frotte les mains avec énergie, puis pénètre rapidement dans le château. Je suis rentré chez moi à l'aube pour que le duc ne s'aperçoive pas que j'ai découché. Alors, il est hors de question que je me fasse prendre parce que j'observais la beauté du monde comme un jeune idiot amoureux. Ce que je suis, vraisemblablement. Le sourire niais qui n'a pas quitté mon visage depuis ces derniers jours peut en attester.
La chaleur du château m'enveloppe d'un cocon réconfortant. Tout est silencieux, hormis quelques bruits en provenance de la cuisine. Les serviteurs déjeunent toujours avant notre levée.
J'ôte ma redingote pour l'accrocher dans l'entrée, puis avance vers les escaliers.
— Harold.
Je tressaute en reconnaissant le son de cette voix rauque et sévère.
— Où étais-tu ? gronde le duc dans mon dos.
— J'avais une insomnie, je suis sorti faire un tour dehors pour m'aérer l'esprit.
— Regarde-moi quand tu me parles.
Je bifurque dans sa direction. Mon père se tient dans l'entrée du salon. J'aperçois son ombre imposante. J'ai la désagréable sensation qu'il attendait mon retour.
— Et vous ? relancé-je la conversation innocemment. Pourquoi êtes-vous si matinale ?
— Je vais à la chasse.
Je remarque qu'il porte son fusil à la main et sa vision en est d'autant plus effrayante.
— C'est une belle matinée.
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Après minuit
RomanceUn conte de fées est toujours une belle histoire, excepté quand il ne s'agit pas de la sienne. #AMfic PS : C'est une réécriture très libre du conte de Cendrillon PS 2 : L'histoire se déroule dans le Birmingham du 19ème siècle
Chapitre 8
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