Des Cendres sous les Cieux

37. Vive le vent

Le chalet que ma famille loue est situé en pleine montagne. Cette année la neige ne nous fait pas l'honneur de sa présence. En temps normal le lieu est entouré par 30 à 40 centimètres de blanc. Cette année c'est à peine si les routes ont changé de couleur. Quand il neige, elle ne tient pas.

J'avais peur que ce changement de décor ne gâche la magie de Noël. Mais avec la décoration du chalet, la localisation, ma famille, l'ambiance est toujours la même. Nous avons fêté Noël et rien de sa magie n'avait disparu.

Puis la magie s'est arrêté. un instant. Le temps s'est mis sur pause, nous n'étions plus le 25 décembre. Juste Asher et moi en pleine souffrance.

Mais la nuit porte conseil. Quand nous sommes revenus le lendemain pour chercher Asher, il souriait. Alors le temps à repris son cours et Noël est revenu.

Je crois que mon petit discours l'a réellement aidé et reboosté. Ce qui est assez soulageant. J'ai moins peur pour lui. Hier... Je secoue la tête, ce n'est pas une bonne idée d'y penser. Non, aujourd'hui nous allons fêter Noël une seconde fois et être heureux, tous ensembles. Même si cela ne dure que quelques heures, nous avons tous besoin d'y croire.

Marine a repris le volant et je me suis réinstallée à ses côtés alors Asher a du s'installer à l'arrière.

« ça va Asher ? Mon siège n'est pas trop reculé ? je lui demande.

— Non non t'inquiète ! De toute façon mes grandes jambes ne rentrent jamais entièrement dans aucune voiture ! »

Il rit, d'un rire qui me semble un peu forcé mais c'est déjà un bon début.

« D'ailleurs en parlant de voiture...

— La voiture est assurée donc ne t'inquiète pas. Tu ne veux pas qu'on ne parle pas de l'accident ? Ni de tout ce qui s'est passé ensuite ? C'est Noël faisons semblant d'être normaux et d'aller bien une journée. »

Après ce cri du coeur, je me mords la lèvre. Je ne voulais pas être rude et méchante mais j'ai besoin de cette pause. J'ai vraiment besoin de croire que tout ira bien pour nous, quelques instants... J'espère que je n'ai pas brusqué Asher ou que je ne l'ai pas blessé. Je m'en voudrais si c'était moi qui le renvoyait au fond du trou. Mais je suis très rapidement rassuré quand il me répond :

« Tu as totalement raison. Soyons heureux, même si cela ne doit durer qu'une seule journée. »

Je soupire de soulagement. Asher n'est pas cassé. Il est juste dans une mauvaise passe. Ce qui arrive. Ce qui est normal. Si tout allait toujours bien, comment pourrions nous profiter de ces moments ? Comment pourrions-nous ne serait-ce que les remarquer, les distinguer ? La vie est faite de hauts et de bas et Asher est dans un bas, mais cela ne signifie pas qu'il cesse de se battre pour remonter la pente de sa descente aux enfers.

« Par contre, je tiens à dire qu'hier je n'ai pas pu mangé le dessert, intervient Marine. Et sache que pour ça, Asher, je t'en voudrais toute ma vie et jamais je ne te pardonnerai. Tu as ruiné ma vie.

— Tu es sûre que tu n'exagère pas un tout petit peu ? demande mon meilleur ami, un sourire aux lèvres.

— Pour une bûche au chocolat ? Jamais, je pensais que tu me connaissais depuis le temps. »

Elle capte le regard d'Asher à travers le rétroviseur et lui lance un regard noir. Ses yeux s'emplissent d'une totale incompréhension et quand je me tourne vers lui, nous explosons de rire. Rapidement nous sommes rejoins par ma soeur.

Je sais parfaitement que son but était de détendre l'atmosphère. Elle est douée pour ça. Elle trouve toujours la phrase à dire sans être lourde. Et rien que pour ça je l'aime.