Chapitre 11 - Bis Repetita

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Muse ~ Map of the problematique

J'avale encore une gorgée du liquide ambrée directement à la bouteille. Ça me brûle un peu la gorge, conséquence de la reprise de la clope. Mais en même temps, ça anesthésie un peu mon esprit. Et j'en ai bien besoin.

Jeudi dernier m'a impacté plus que de raison. En rentrant, je me suis défoncé avec le reste d'herbe qui traînait au fond d'un tiroir. Je ne suis bien évidemment pas allé en cours le lendemain. Pas le courage de la revoir  ni d'affronter quiconque.

J'ai déchiré tous les dessins que j'avais faits d'elle. Et putain, il y en avait beaucoup. De ses yeux, de son visage, de ses lèvres, de ses mains. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point elle m'obsédait.

Samedi matin, j'ai appelé un pote de la fac pour me réapprovisionner. Je sais que je ne devrais pas retoucher à cette merde mais c'est plus fort que moi. J'ai besoin de m'abrutir pour oublier que je suis seul au fond. Bien que je sois souvent entouré, personne ne me connaît vraiment, ni ma vie. Pour l'oublier elle aussi, car elle ne pourra jamais être à moi.

J'ai honte d'être aussi lâche mais cette putain de vie, je n'en peux plus. A croire que le bonheur n'est réservé qu'à une poignée de personnes dont je ne fais évidemment pas partie.

Ce qui m'emmerde aussi, c'est que le liquide que j'ai retiré pour cette daube, je ne pourrai pas le mettre de côté. J'ai pris l'habitude d'en tirer toutes les semaines de mon compte anglais approvisionné par ma très chère mère. J'en garde une partie pour mes dépenses courantes et l'autre, je la file à Eliane qui me fait des chèques en retour. Quand j'ai l'occasion, j'avance Xav aussi et il me fait un virement. Cela me permet ainsi d'alimenter mon compte français à l'abri de l'ingérence maternelle.

On s'est retrouvé vers la gare Lille Flandres pour notre deal avec Zack, un expatrié comme moi. Mais au moment où j'allais repartir, je l'ai vue. Elle discutait avec mon prof de droit, celui avec qui elle était déjà jeudi dernier. Ils avaient l'air proche. Elle lui a fait de grands sourires. Holy shit ! J'aimerais qu'elle me fasse les mêmes.

Quand ils se sont quittés, je n'ai pas pu m'empêcher de la suivre à l'intérieur d'Euralille. Pour pouvoir en apprendre un peu plus sur elle. Pour la regarder un peu plus longtemps aussi. Shit ! Je crois que c'est flippant comme comportement en fait.

Elle est entrée chez un fleuriste. Ça doit être là qu'elle taffe. Elle a failli me voir. Je me suis vite retourné. Je ne pense pas qu'elle m'ait reconnu avec la capuche de mon sweat sur la tête. Je devais avoir l'air d'un psychopathe à espionner une nana comme ça. Après, je suis vite rentré, me promettant fermement de ne plus la revoir. Le train, c'est fini. De toute façon, l'année universitaire touche à sa fin.

Et j'ai tenu bon. Presque. Parce qu'à chaque fois que je ferme les yeux, je la vois. Fucking mind ! Du coup, je m'assome à coup de drogue et d'alcool. Enfin j'essaie. J'enchaîne toutes les soirées étudiantes depuis samedi. Je m'y fais inviter facilement et à bien chercher, il y a une tous les soirs. On sent la fin des exams et les vacances qui approchent.

Ce genre de soirées, je n'en avais quasiment pas fait depuis l'Angleterre. Préférant rester loin des problèmes et de mes vieux démons. Mais putain, ça fait du bien de lâcher prise. De se défoncer, de danser, de se faire sucer dans un coin. Même si l'atterrissage est toujours aussi raide au réveil.

Sauf que ce soir, je ne m'éclate pas du tout car Xavier et Cindy sont là. J'ai même la vague impression qu'ils me surveillent. Je ne sais même pas où ils en sont les deux. Je suis un ami effroyable.

- Merde O., t'as sifflé les trois quarts de la bouteille de sky.

C'est plus un constat teinté de reproche qu'une question. Je hoche la tête.

The O. Side, Another part of CollisionWhere stories live. Discover now