• Chapitre 4 •

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Naomi

Je passe la porte de mon appartement et bouscule délicatement Gribouille qui venait tout juste de s'enrouler entre mes jambes pour réclamer des papouilles. Je claque la porte derrière moi et fonce vers ma petite cuisine afin de remplir mon estomac qui ne cesse de crier famine. Cette journée m'a creusé le ventre !
J'attrape une boîte de nouilles instantanées et la fourre dans le micro-onde. Je n'ai pas le cœur à cuisiner, surtout avec le peu de nourriture qu'il y a dans mon frigidaire...
Je vais juste m'échouer comme une loutre sur mon canapé et me perdre parmi les milliers de séries Américaines qui tournent en boucle à la télé. Très bon programme pour mettre fin à cette ignoble journée. N'exagère pas, Nomi...
Enroulée dans un plaid, les pieds emmitouflés dans de grosses chaussettes moumoutes. Je laisse peu à peu la fatigue prendre le dessus sur ma raison et ferme les yeux.

" La pièce est noire, complètement noire.
Noire et noire.
Les gouttes d'eau font « poc » sur le béton.
Poc et poc.
Des bruits de pas lourds compriment mes tympans.
Boom, boom.
J'ai peur, trop peur.
Hank est là et des cordes serrent mes poignets, mes tout petits poignets.
Aie...
Rien, rien ne sort de ma bouche, aucun mot, aucun cri.
"– Naomi...Chérie..."
Il rit.
Non, non !"

Je sors avec brutalité de ce cauchemar et remarque que mes joues sont inondées de larmes. Je masse mes poignets et adopte une respiration plus lente, plus calme, plus légère...
Tout à coup, je sens une forte peur envahir ma poitrine. Est-elle bien verrouillée ? J'envoie valser les couvertures et m'empresse de vérifier si la porte d'entrée est bien fermée à double tour.
— Tout va bien, Naomi...c'était juste un cauchemar. dis-je d'une voix tremblante en massant mes épaules, comme pour me rassurer.
Je frotte mes paupières et regarde l'heure qu'indique ma vieille horloge. Quatre heures quinze du matin...
Pas question que je fasse la même erreur que la veille. Un peu d'eau fraîche sur les yeux et voilà que ma journée débute.

Adan

— Mhm...
Péniblement, mes yeux s'ouvrent sur le plafond de mon bureau. Une intense contraction au creux de ma nuque m'indique que mon bureau n'est bel et bien pas adapté pour une nuit de sommeil.
Je me demande vraiment pourquoi suis-je incapable de dormir dans un lit. Stupidité ou paresse ?
J'étire le dos en laissant les craquements de mes vertèbres combler le silence de la pièce. Putain, ça fait un mal de chien...
Des bruits réguliers résonnent contre la porte. Melania doit être arrivée.
— Entrez, Melania.
La porte s'entrouvre, laissant transparaître le visage souriant de ma gouvernante.
— Bonjour monsieur, excusez-moi de vous déranger mais, je suis venue vous rappeler que vous avez une réunion ce matin.
Et merde la réunion.
— Dites à mon père que j'aurai un peu de retard.
— D'accord monsieur, dois-je vous appeler un chauffeur ?
— Non, je vais y aller à pied. Merci Melania. conclus-je tout en retirant ma chemise.
Melania referme la porte et me laisse seul avec moi-même et mes pensées plus qu'ennuyeuses. Je n'avais pas vraiment prévu d'arriver en retard, ma nuit a été plus courte que prévue.
Officiellement, je ne suis pas encore le directeur de cette entreprise et pourtant, je passe mes nuits à bosser comme tel.
Je fonce à la douche, profite de la chaleur de l'eau pour adoucir mes douleurs musculaires et me brosse les dents avant de passer un rapide coup de peigne dans ma tignasse désordonnée.
Avant de partir foncièrement comme un délinquant, j'attrape un muffin au chocolat et l'enfourne dans ma bouche. Gale va encore me faire de sales réflexions.
Une fois dans les rues bondées de New-York. J'effectue de grands pas et sors mon téléphone portable.
Dix minutes de retard ce n'est pas si grave ? Marchant tête baissée sur mon téléphone, je ne fais pas attention à ce qu'il se trame devant moi. Dans un croisement tout à fait banal, une masse se frappe contre mon torse.
Je vacille et mon équilibre me quitte en même temps que ma dignité lorsque j'atterris au sol.
Une bonne journée qui commence !
Je ne perds pas de temps et me relève en balançant avec nonchalance, une main vers la personne assise sur le béton.
— Faites un peu attention et regardez où vous marchez !
Il fallait qu'une nana, maladroite me mette encore plus en retard.
Aussitôt la jeune femme relève le menton, aussitôt me voilà pris à l'assaut par de grands yeux noisette, reflétant les rayons dorés du soleil. Ma conscience chancelle légèrement à la vue d'un regard aussi pétillant.
Mais, elle va vite retomber sur terre lorsque cette femme va se relever en rejetant ma main tendue.
Je rêve ou elle vient tout juste d'ignorer mon aide ?
— Vous aussi...Idiot, regardez où vous marchez ! Crache-t-elle, sèchement.
J'en reste presque bouche bée. Je n'ai jamais vu une femme avec si peu de manières surtout face à moi.
Elle tourne les talons et reprend sa route. Je lâche un rire mauvais et reprends la mienne qui étrangement, se trouve dans sa direction. Je marche à une distance assez correcte d'elle et tape un rapide message à mon père.
{— J'arrive dans cinq minutes, léger accident sur la route.}
En rédigeant ce message, j'en profite pour lancer un coup d'œil à la jeune femme qui marche devant moi. Il semblerait qu'elle se soit reconnue puisqu'elle se retourne pour me lancer un rapide coup d'œil. Je remarque qu'elle accélère le pas, croit-elle que je la suis ? Idiote.
Mon attention est coupée par la vibration soudaine de mon téléphone.
{— Je t'avais dit de ne pas arriver en retard. Je n'arrive pas à croire que tu sois si indifférent !}
Dites-moi que c'est une mauvaise blague. Je lâche un rire avant de pianoter rageusement ma réponse.
{— Tant pis.}
Je pénètre à l'intérieur du hall et range mon téléphone dans la poche de mon pantalon.
— Monsieur Brown, dois-je prévenir votre père de...
— Non merci. La coupé-je.
— Très bien.
J'attends quelques minutes devant l'ascenseur, le temps que les étages se décident enfin à descendre...
Ces ascenseurs mettent une plombe.
Cette journée va sans doute être terriblement longue et barbante. J'essaye de me remémorer les mots à dire une fois que les belles paroles de mon père seront ancrées dans la tête des gens puis entre dans l'ascenseur, retenant un second soupir.

— Merci de nous avoir écoutées, monsieur Brown.
— Il n'y a pas de souci.
Elle et son amie me serrent la main et s'éloignent. Je reprends une inspiration emplie de bonne volonté et balade mon regard dans la pièce avant qu'il ne s'immobilise dans un regard dont je reconnais l'intensité. Tiens tiens...

•••

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant