~Chapitre 8~

31 6 2
                                    

Après avoir évacué ma rage pendant une dizaine de minutes sans être dérangée, fatiguée, je décidai de m'installer sur le banc

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Après avoir évacué ma rage pendant une dizaine de minutes sans être dérangée, fatiguée, je décidai de m'installer sur le banc. Je m'allongeai sur le dos, à même le bois, ayant comme seule couverture mon sweat et pour oreiller ma capuche. Je repliai mes jambes et coinçai mes mains derrière ma tête. Il faisait très froid, ce soir là, mais j'étais tellement exténuée que je fermai les yeux et resta comme ça de longues minutes, jusqu'à plonger dans les bras de Morphée.

PDV Owen

J'avais passé trois heures à m'occuper d'un pauvre couple de personnes âgées dont la femme me rappelait étrangement ma mère. Epuisé, je décidai de sortir prendre l'air jusqu'à ce qu'ils se réveillent, c'est-à-dire dans une heure ou deux. Les pauvres avaient été fauchés par une bande de gamins complétement torchés qui avaient par ailleurs agressé deux membres du personnel avant que je n'intervienne...

Je ne cessais de penser à Melody. J'espérais vraiment que ça allait pas trop mal se passer pour elle, et que ses parents allaient la retrouver... Ils ne devaient pas être si terrible que ça, et puis, je n'avais pas d'enfants mais j'étais sûr qu'ils étaient fous d'inquiétude pour elle.

Je me dirigeai vers la cour arrière de l'hôpital où personne n'allait jamais. Il y avait tellement de petites places comme ça, que personne ne connaissais, et auxquelles personne ne prenait la peine de s'intéresser... Au moins, j'y étais tranquille.

Dans deux petits mois, c'était Noël. Ça me faisait bizarre, cette année je n'allais pas le passer en Irak. Huit mois s'étaient écoulés depuis que j'étais rentré, et que je travaillais dans cet hôpital. J'y avais rencontré pleins de gens géniaux, avec lesquels je partageais d'ailleurs un appartement, pour certains, mais... Ça n'était pas comme là-bas.

Le froid me saisit aussitôt la porte refermée. Décidément, cette année, je sentais que la neige allait arriver plus tôt que les précédentes.

Je promenai les yeux sur la cour, quand soudain j'aperçus quelque chose sur le banc. Ou plutôt quelqu'un. La lune éclaira cette personne pas très grande que j'approchais, quand je la reconnus immédiatement. Melody... Mais comment était elle arrivée ici ?

En m'approchant d'elle, je heurtai soudain le vieux ballon au pied du banc, qui rebondit contre celui-ci. Elle se réveilla soudain, et sans rien voir venir, je me retrouvai avec son poing dans la figure.

- Aouw ! m'exclamai-je de douleur.
- Mais t'es malade Owen tu m'as fait peur ! s'écria-t-elle en se mettant en position assise sur le banc.

- Oh... Et toi tu m'as défoncé le nez... fis-je en me le tenant de deux mains.

- Désolée... fit-elle d'un air contrit. Mais aussi tu m'as surpris !

La vache, cette gamine n'avait pas tort, elle savait se défendre. Elle avait un de ces coups de poing ! Mon nez n'était pas cassé, mais quand même, son coup m'a pris au dépourvu, je n'avais même pas eu le temps de réagir avant qu'elle me le colle en pleine face.

- Chochotte, ria-t-elle.
- J'y crois pas ! Et toi tout à l'heure dans la chambre...
- Hé ! m'interrompit-elle, j'ai presque la côte cassée !
- Je dirais pas presque, t'es plutôt loin, même très loin de la fracture... Mais d'abord, qu'est-ce que tu fais ici ?

- Bah, je dors, répondit elle comme s'il s'agissait d'une évidence. Enfin, je dormais, jusqu'à ce que t'arrives...
- Comment t'es arrivée là ? T'étais pas sortie de l'hôpital ?
- Si, mais j'ai escaladé le grillage, fit elle tout aussi nonchalamment.

Je lâchai un soupir.

- Melody, écoute... Tu peux pas dormir ici.
- Tu vas appeler la police ? me demanda-t-elle en se frottant les yeux sous sa capuche, l'air très fatigué.

Je savais que c'était ce que j'aurais dû faire, mais je pouvais pas m'y résoudre. Je n'y connaissais pas grand chose en adolescence, mais elle avait l'air très fragile. Avec ce froid, et ce qui s'était passé plus tôt, ça aurait été inconscient de la laisser à la rue...

- Bon... réfléchissai-je-je un instant. T'as qu'à aller chez moi, j'habite à quelques minutes de l'hôpital.
- T'es sérieux ? me demanda-t-elle d'un air amusé.
- Oui. C'est mieux que sur un banc, non ?

- Et qu'est-ce qui me prouve que les flics vont pas débarquer en pleine nuit ? me répondit-elle du tac au tac.
- Moi. Je te le promets.

Elle me regarda, peu convaincue, puis finit par lâcher avant que je ne puisse rajouter quoi que ce soit :

- Admettons. Et sinon qu'est-ce qui me prouve que t'es pas un psychopathe ? me questionna-t-elle avec un sourire malicieux.

Surpris, je lâchai un petit rire. Il fallait l'avouer, cette gamine avait de la répartie...Elle me faisait penser à ma sœur. Mais en même temps, je la comprenais. Un type d'une trentaine d'année qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures lui proposait d'aller passer la nuit chez lui. Il y avait de quoi se poser des questions, et je ne savais pas vraiment comment la rassurer...

- Ben tu sais, je vis pas tout seul hein, je...
- T'es marié ? me demanda-t-elle subitement.
- Non !
- Te marie jamais. Le mariage, ça craint

Pris au dépourvu, je lui demandai pourquoi mais elle se contenta de hausser les épaules avant de changer de sujet :

- C'est loin chez toi ? me demanda-t-elle en baillant.
- Non... Je t'emmène
- ... Okay, répondit-elle tout simplement.

Elle se leva, puis se dirigea vers le grillage.
- Melody ?
- Quoi ?
- Tu sais qu'y a une porte là ?
- Pas faux, dit elle finalement en bifurquant vers moi.

Au passage, je la vis frapper le ballon qu'elle envoya contre le mur, avant que je ne l'intercepte du pied droit. Surpris par la précision de son coup de pied, je lui demandai :

- Tu fais du foot ?
- Nan. Y'a longtemps, fit elle en récupérant ma passe.
- Longtemps ? T'as quinze ans !
- Et parce que j'ai quinze ans j'ai pas d'avant maintenant ?
- Pas vraiment, surtout par rapport à moi... Moi, je peux dire « y'a longtemps » !

- Ouais mais toi t'as trois fois mon âge, c'est pas pareil, renchérit elle en s'approchant de moi et en me dribblant habilement sans que je n'aie le temps de me défendre.
- Trois fois ton âge, t'exagères ! À peine deux m'exclamai-je faussement outré en essayant sans succès de récupérer le ballon de ses pieds...





FugueuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant