1er août (quelque chose se mange)

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La contrainte est: introduire quelque chose qui se mange.

LUCIENNE

Je suis assise dans mon fauteuil, ma couverture de laine sur les genoux. Mistigri est comme d'habitude couché la tête sur mes épaules. Je suis contente d'avoir ce chat. Il me donne de la chaleur et il me tient compagnie. Depuis qu'Hector est mort, la maison est bien vide. Ce ne sont pas mes deux bons à rien de fils qui viendraient me rendre visite. Ils préfèrent la rue. Je l'ai pourtant aimé, mon aîné! J'ai tenu à lui transmettre mon prénom. Et mon petit dernier, un gosse handicapé, nous avons fait ce que nous avons pu avec nos maigres moyens. Nous nous sommes serrés la ceinture pour qu'il puisse aller en établissement spécialisé! Mais rien en retour! Quelle ingratitude!

MISTIGRI

La vieille s'obstine à m'acheter des croquettes au saumon alors que je déteste les croquettes. Heureusement, les enfants de la maison voisine dont la télévision est en permanence allumée--je sais car je regarde avec eux des images bizarres où défilent des chats de concours--me nourrissent avec de la pâtée. J'adore, il y a des morceaux. Ils m'appellent César comme le chat dans la boîte à images.

La vieille me reproche de ne rien manger. Elle n'a qu'à les bouffer elle-même ses croquettes! Elle m'en dira des nouvelles. Mais je ne suis pas chien avec elle, elle a le droit à mes ronrons et à mes câlins. Ah qu'est-ce qu'il ne faut pas faire avec ces humains pour avoir un panier bien confortable et bien chaud! Et sa souris mécanique qu'elle met en marche tous les jours devant mon museau, elle me prend pour un débile ou quoi? Je fais semblant de jouer avec mais deux minutes, pas plus!

Marathon d'écriture 2019 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant