– La nuit je mens
« J'ai fait danser tant de malentendus »
Automne 1815 – Birmingham, Royaume-Uni
— Je suis fier de ta décision, Harold.
Je me retourne vers mon père. Il s'est bien apprêté, ce soir. Nous recevons la famille d'Ella afin de discuter de nos fiançailles et un sourire ravi effleure ses traits. Entre ses rides et ses yeux fatigués, je lis du soulagement, une sorte d'apaisement pour le futur à venir.
Son fils unique est rentré dans les rangs.
— J'ai tenu ma promesse, rétorqué-je. Tiendrez-vous la vôtre ?
Mon père s'assombrit légèrement, comme s'il était chagriné que j'évoque le sujet. Il a tort s'il pensait qu'accepter de ne plus revoir Louis impliquerait de me le faire oublier.
— Le duc de Wellington lui a offert un poste à Londres.
— Je suis ravi de l'apprendre.
Le duc affiche un sourire de circonstances avant d'avancer vers la salle à manger. Il observe avec attention la table que les domestiques ont dressée pour le dîner. Il s'assure que tout est parfait, à défaut que je le sois moi-même.
— J'ai hâte de revoir cette jeune femme, reprend-il. Dans mes souvenirs, elle était tout à fait charmante.
— Elle l'est toujours, lui assuré-je. Une vraie beauté.
Il sourit comme s'il supposait que je n'étais pas vraiment capable de le voir avec mon âme abimée.
— Monseigneur, annonce Arthur, en nous rejoignant dans la pièce. Vos invités viennent d'arriver dans la cour.
— Merci.
Le majordome disparait et mon père enchaîne à mon attention :
— Allons les accueillir à l'extérieur.
Je le suis en resserrant mon foulard autour de mon cou. Nous sortons du château et observons le cocher arrêter la diligence à quelques mètres de l'entrée. Le duc se racle la gorge alors que la porte du véhicule s'ouvre. Une femme élégante en sort. La belle-mère, probablement. Elle affiche un franc sourire, presque émerveillée de se tenir là. À la demande d'Ella, je n'ai rien dit à mon père sur l'origine de sa famille, éludant ses questions sur la non-transmission du titre de son père décédé.
Ella descend à son tour. Vêtue d'une robe blanche, elle est tout simplement angélique, comme toujours.
— Sublime, commente mon père.
Je m'apprête à approuver lorsque mon monde se dérobe soudainement sous mes pieds. Louis sort de la diligence. Mon Louis. Il porte un costume élégant, ses cheveux sont brossés, son regard bleu percute le mien. Il n'y a aucune surprise dans ses yeux, aucun instant de doute ou d'hébétement, pas même un mouvement du corps.
— Harold, est-ce que tu te fiches de moi ? gronde le duc à mes côtés.
— Père, je vous promets n'avoir absolument aucune idée de la raison de sa présence.
Le duc n'a pas le temps de continuer cette conversation puisque nos invités nous rejoignent. Nous nous faisons une révérence, mais c'est mon cœur qui valse violemment à cet instant.
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Après minuit
RomanceUn conte de fées est toujours une belle histoire, excepté quand il ne s'agit pas de la sienne. #AMfic PS : C'est une réécriture très libre du conte de Cendrillon PS 2 : L'histoire se déroule dans le Birmingham du 19ème siècle
