Chapitre 4-Ce que l'on efface

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Elle n'avait pas prononcé un mot depuis le retour à la base.

Cole, lui, semblait avoir compris.
Pas qu'il était intelligent — juste qu'il avait appris à sentir les tempêtes avant qu'elles n'éclatent.
Et Omael, là, c'était un orage qui faisait semblant d'être un nuage.

Ils marchaient côte à côte dans le couloir du bloc B, et même si elle ne le regardait pas, elle savait qu'il surveillait chacun de ses gestes. Elle le sentait. Comme un projecteur planté dans son dos.

— Tu veux pas voir Technica ? proposa-t-il enfin, d'une voix prudente.

Elle s'arrêta.

— Non.

— Elle pourrait t'expliquer certaines choses.

— C'est justement ça, le problème. J'ai plus confiance en rien de ce qu'on me dit ici. Pas même en elle. Et surtout pas en toi.

Il encaissa. Il avait l'habitude.
Mais cette fois, elle sentit qu'elle avait visé juste. Trop juste.

Elle reprit sa marche.

Les murs semblaient s'être rapprochés depuis la veille.
Ou c'était juste dans sa tête.
Mais elle avait cette sensation bizarre d'être observée même sans les caméras.
Comme si le bâtiment lui-même retenait son souffle chaque fois qu'elle passait.

Dans sa chambre, elle s'assit face au miroir. Encore.

Ce rituel commençait à la fatiguer. Et pourtant, elle ne pouvait pas s'en empêcher.
Comme si elle attendait que le reflet craque avant elle.
Qu'il avoue.
Qu'il dise la vérité.

— T'es pas réelle, murmura-t-elle.
Pas plus que cette version de moi qu'ils veulent me vendre.

Elle appuya sur sa tempe.
Juste là où elle sentait parfois des picotements.
Comme si un interrupteur invisible attendait qu'on le rallume.

Un souvenir remonta.

Une pièce blanche.
Des voix floues.
Un casque posé sur sa tête.
Et cette phrase :
"On va juste nettoyer un peu."

Ses doigts tremblèrent.
Pas de panique. Respire.

C'était comme ça maintenant.
Des éclats. Des phrases. Des scènes coupées.
Comme si quelqu'un avait pris sa mémoire et l'avait passée à la déchiqueteuse.

Elle se leva. Tourna en rond. Sa gorge se serrait.

— J'en ai marre, murmura-t-elle. Marre de pas savoir. Marre qu'on me regarde comme une bombe à retardement.

Elle frappa le mur.

Une fois.

Deux fois.

À la troisième, une plaque tomba.

Derrière, un boîtier électronique.

Un port.
Un câble.
Et une lumière bleue clignotante.

Elle fronça les sourcils.

— C'est quoi ça...

Elle s'agenouilla. Inspecta.

Un connecteur. D'apparence ancienne. Mais le genre de truc que BOOM n'utilisait plus depuis des années.

Elle hésita une seconde.

Puis, sans trop réfléchir, elle alla chercher la tablette verrouillée qu'elle avait volée deux semaines plus tôt dans la salle des archives.

Normalement, inutilisable.

Mais le câble... s'y adaptait parfaitement.

Un écran s'alluma.

Lentement.

Noir.

Puis une phrase.

"Tu crois être réelle ? Test en cours."

Et sous ses yeux, une ligne de code défila.

Nom : Omael BagPack
Statut : actif
Mémoire : partiellement restaurée
Protocole : V.E.R.S.E
Verrouillage neurologique : 62 %
Observation en cours.

Elle sentit son cœur louper un battement.

Observation.
Depuis quand ?
Et surtout... par qui ?

Elle recula d'un pas.

Mais l'écran changea.

"Souhaitez-vous en savoir plus ?"

Elle hésita.
Un battement. Deux.

Elle appuya sur "OUI".

À suivre...

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 11 ⏰

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