MYSTERY - L'As de Pique [T1]

Chapitre 8 : L'appel à l'aide

   Quand nous arrivons face la bijouterie Cooper, de la lumière et des éclats de voix se dégagent de la petite boutique. Maya affiche un air déterminé.

— Prête à arrêter un voleur ? me questionne-t-elle avec une pointe d'excitation dans la voix.

   Un hochement de tête et la voilà qui s'avance d'un pas assuré vers l'entrée. Sans attendre, je sors de ma poche nos invitations au vernissage et lui emboîte le pas.

   À l'intérieur, les invités, tous sur leur trente-et-un, discutent tranquillement entre eux. La propriétaire doit avoir de nombreux contacts car la petite salle est remplie, bien qu'il n'y ait rien d'extraordinairement luxueux à voir ni à acheter. Malgré tout, la gérante est très facile à repérer.

   Celle-ci se pavane, couverte de parures, au milieu des expositions de bijoux et autres objets sertis. En m'approchant, je remarque près d'elle des boucles d'oreilles en argent serties de pierres d'un bleu profond. La cloche en verre qui les protège me semble bien plus épaisse que les autres.

— Tous les bijoux sont encore là, m'informe Maya en revenant vers moi après avoir fini son inspection. Aucune trace d'effraction, ni aucune issue visible autre que la porte d'entrée et l'arrière-boutique.

   Mon attention s'arrête sur un vieil homme. Cela fait cinq minutes que celui-ci fait de nombreux aller retours entre les expositions en jetant des coups d'œil suspects autour de lui.

   Je m'apprête à l'approcher quand une main se tend devant moi. Un jeune homme brun au visage avenant et au sourire courtois me fait face.

— Vous dansez ?

   Prise au dépourvu, je mets quelques secondes à lui répondre.

— Non merci.

   Cela ne suffit malheureusement pas à décourager l'individu.

— Seulement une danse, insiste-t-il.

   Par-dessus son épaule, mes yeux cherchent le vieillard. L'homme en face de moi doit certainement méprendre mon silence pour un accord car il m'empoigne soudain et m'entraîne quelques pas plus loin.

   Il retire le sac à mon épaule, vient placer mes bras autour de sa nuque et pose ses mains sur ma taille. Ses pupilles d'un noir profond semblent vouloir me dévorer.

   Je tente d'abord de me défaire gentiment de l'étreinte sans succès. Il commence à se déhancher sur le rythme de la musique et ses mains entament une lente descente en direction de mes reins. Quand je décide de faire preuve de plus de fermeté, l'homme semble surpris mais n'insiste pas plus. À mon grand soulagement, il me salut aimablement avant de se noyer dans la foule.

   Enfin libre, je m'empresse de ramasser mon sac puis mon regard part à nouveau à la recherche du vieillard.

— Y en a une qui ne s'ennuie pas à ce que je vois !

   Je tourne la tête pour apercevoir Maya s'avancer, un sourire plaqué sur le visage.

— C'est de ta faute aussi. Si tu ne m'avais pas affublée de cette tenue ridicule...

— C'est un vernissage Sherlock, soupire Maya en levant les yeux au ciel. Tu ne serais jamais rentrée avec tes fringues de clocharde. Et puis ça me fait du bien de temps en temps de voir que tu pourrais être super canon si seulement tu prenais le...

   Je l'arrête tout de suite, sentant venir à plein nez un cours magistral sur la grande sœur idéale. J'ai d'autres choses à faire de mon temps. Des choses utiles. D'ailleurs, je retrouve enfin mon suspect près du buffet.