Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines et mon cœur se met à battre douloureusement dans ma poitrine.
— Je me suis confié à vous, père. Vous avez dit que...
— Que je t'aimais, complète-t-il. Et que je t'aimerais jusqu'à mon dernier souffle. Tu es mon fils et j'aime chaque infime partie de toi, même les plus sombres... Mais je ne fais pas les règles de ce monde. Je ne supporterais pas une seule seconde que tu sois trainé dans la boue.
— Moi ou votre nom ?
— Ne fais pas semblant de ne pas comprendre, soupire le duc.
— Puis-je avoir son adresse ?
— Harold...
— Quoi ? Je n'ai même pas le droit d'avoir une correspondance avec lui ?
— Il a bien reçu tes lettres.
— Vous lui avez interdit de me répondre ? m'emporté-je.
— Il n'a pas souhaité t'écrire.
J'ai affreusement mal à l'âme.
— Vous mentez.
— Au contraire, c'est par soucis d'honnêteté que je viens t'en parler.
— Après des mois de silence ? ironisé-je.
— Le duc de Wellington a proposé à Louis un travail dans nos colonies.
Je me tais, brusqué. Alors c'est de cela dont il est venu me parler. Peut-être que la culpabilité d'envoyer un jeune garçon à l'autre bout du monde pour protéger sa réputation est soudainement devenue trop lourde à porter.
— Il refusera, rétorqué-je. Louis déteste l'empire britannique.
— C'est un excellent poste, cela pourrait lui ouvrir la voie à une très grande carrière politique.
Je ne sais que rétorquer. Pour quelles raisons Louis refuserait-il un tel poste, finalement ? Pour moi ? Celui avec qui il a coupé les ponts depuis son départ de Vienne ?
— Ne faites pas cela, je vous en prie, murmuré-je en dernier recours. C'est mon ami.
— Harold, si seulement il n'était que cela...
— Je vous supplie de ne pas l'envoyer là-bas, je ferais ce que vous voudrez. J'épouserai une femme !
— Et qui dont ? Tu rejettes toutes celles que je te présente !
Mon cœur s'emballe et mes pensées se bousculent.
— La fille du bal, déclaré-je prestement. J'épouserai la fille rencontrée lors du bal de mon retour à Birmingham.
— Je pensais qu'elle avait disparu dans la nature, s'étonne mon père d'un haussement de sourcils.
— Je l'ai retrouvée, il y a peu.
Le duc m'observe longuement sans répondre, sceptique, probablement.
— Je vous le jure, je vous la présenterai à votre retour. C'est une femme tout à fait charmante.
— De quel rang social ?
— Je le lui demanderai.
— Parce que tu ne le lui as pas encore demandé ? s'alarme mon paternel, en levant les yeux au ciel. Mais, Harold, comment t'ai-je élevé ?
— De la façon la plus respectable qui sois. J'ai appris à considérer l'humain avant le titre.
Le duc soupire et hoche la tête, me reconnaissant ce point. Mon père a hérité d'une éducation humaniste à laquelle il ne sait déroger, malgré son rang. C'est la raison pour laquelle je sais qu'il n'éloigne pas Louis par plaisir, et encore moins par vengeance. Il le fait par nécessité, et probablement parce qu'il est influencé par son ami, le duc de Wellington, bien plus conservateur et puritain que nous ne le sommes dans ma famille.
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Après minuit
RomanceUn conte de fées est toujours une belle histoire, excepté quand il ne s'agit pas de la sienne. #AMfic PS : C'est une réécriture très libre du conte de Cendrillon PS 2 : L'histoire se déroule dans le Birmingham du 19ème siècle
Chapitre 3
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