Chapitre 7 - La tribu légendaire (Partie 2)

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Dès notre petit déjeuner avalé, Louno nous téléporte dans la fameuse clairière des Imlayas : au milieu d'un immense terrain fleuri, un large cekouro aux branches tordues, en partie masquées par le feuillage rubis, règne en maître. Une force s'en dégage, il a dû défier de nombreuses tempêtes sans jamais céder.

D'une certaine manière, je l'envie.

Je frissonne sous la morsure du froid, le lieu se situant plus haut en altitude, et resserre les pans de ma cape. Mon compagnon allume un feu de camp au pied de l'arbre sur les cendres d'un précédent, puis m'informe de la présence d'hommes. Cachés dans la forêt environnante. D'après lui, ils nous observent sans intention belliqueuse.

Par Kilyan, j'espère qu'il ne se trompe pas !

À peine ai-je émis cette supplique, qu'un petit groupe jaillit de derrière le vénérable cekouro et nous entoure, l'épée sortie du fourreau. Je reconnais leur tenue : celle de mon frère, lors de notre séparation. Ainsi, la symbolique de la rébellion est perpétuée.

Leur chef, je suppose, se détache, sa lame dans notre direction, tandis que ses congénères pointent la leur vers le sol.

— Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Nous n'hésiterons pas à vous tuer en cas de menace.

— Nous souhaitons rencontrer le prince Lorin, rétorqué-je d'une voix assurée.

— Aucun noble ne vit parmi nous ! Regagnez votre doryaum.

Sans attendre notre réponse, il s'éloigne. S'il croit que je capitulerais si près du but, cet « Imlaya », il va être déçu.

— Lorin est mon frère. Je dois le joindre à tout prix, cela concerne la vie des Auroréens !

L'homme se retourne, surpris par ma véhémence, et me scrute un long moment, le visage impénétrable. Il finit par persifler :

— Puisque tu le réclames, femme, nous allons vous conduire à notre chef, le gardien de la tribu. Il décidera de votre sort.

Sur ces propos inquiétants, un okyda est amené devant moi. Louno m'apporte son soutien et grimpe sur un autre, pendant que le groupe fait de même avec leurs montures. Notre procession traverse ensuite des chemins escarpés dans la montagne, souvent à l'aplomb de ravins. J'évite de regarder vers le bas, soulagée du pied sûr de mon animal.

Mon guide, à mes côtés, ne me quitte pas des yeux ; un rictus sarcastique étirant ses lèvres chaque fois que je détourne la tête ou que je pâlis. Pour échapper à cette emprise, je m'intéresse à la route et tente de la mémoriser. En vain. Tout se ressemble avec ce paysage quasi aride, dans lequel les multiples courbes et embranchements de notre parcours s'entremêlent.

Cinq heures plus tard, nous franchissons un passage entre deux falaises et une vaste cuvette verdoyante se dévoile. Je ne retiens pas une exclamation : une oasis perdue au milieu de la désolation ! Je discerne même, au loin, un lac avec une cascade.

Nous poursuivons sur la route principale, dépassons une large prairie, puis bifurquons à gauche après quelques mansardes, pourvues de terrasses fleuries. Et le centre de ce village apparaît au bout de la rue. Pendant ce court trajet, j'examine les alentours et maîtrise à grande peine une grimace. La plupart des logements sont délabrés, les planches aux murs disjoints, les toits sans gouttières.

Prêts à s'envoler au moindre coup de vent.

Mon attention revient sur mon guide qui d'un geste nous demande de descendre de nos montures. Des personnes, la plupart de jeunes hommes, accourent et nous encerclent. Tous les membres de la tribu ? Je les croyais plus nombreux.

Aurora T1 : Les Perles de Vie / Watty 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant