Chapitre 5

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« Il faut toujours viser la lune car même en cas d'échec

on atterrit dans les étoiles. »

-Oscar Wilde

Au-dessus des Champs-Élysées, des ombres denses de couleur vert forêt s'élevaient. Elles étaient si immenses que la rue au complet était plongée dans la pénombre malgré le soleil éblouissant de la journée.

Puis, le même phénomène se poursuivit au-dessus de tous les arbres de Paris, plongeant la ville dans les ténèbres.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Paige.

- Ce sont les Imit'his, répondit Morad en scrutant le paysage.

Encore une fois, son flegme laissa Cléophée ébahie.

- Les esprits des arbres ? s'étonna-t-elle.

Amiel avait daigné ouvrir les yeux et observait la scène, horrifié.

- Pourquoi font-ils cela ? demanda-t-il. Ils n'entrent jamais en contact avec les humains.

- Ils se révoltent, répondit Morad comme si c'était évident.

Amiel, Cléophée et Paige le dévisagèrent, pensant d'abord qu'il blaguait, mais devant son air grave, ils durent reconnaître qu'il était tout ce qu'il y a de plus sérieux.

- Lorsque j'étais enfant, commença Morad, une vieille prophétie prédisait qu'un jour, les humains ne respecteraient plus la nature et que celle-ci se réveillerait et entrerait en guerre contre eux, provoquant l'apocalypse, c'est-à-dire la fin du monde humain.

Cléophée, catastrophée, posa la main sur sa bouche pendant que Paige écarquillait les yeux d'horreur et qu'Amiel ouvrait la bouche, consterné.

- Les Syrès ont toujours été respectueux envers l'environnement, ajouta Morad. Je sais qu'à Céfir, vous prenez soin de la nature et des arbres, alors vous n'avez rien à craindre. Par contre, nous devons partir d'ici le plus rapidement possible.

- Et laisser les humains mourir ? s'indigna Cléophée. Nous devons les aider.

Morad la fixa, puis affirma :

- Pour l'instant, nous ne pouvons rien faire pour eux.

Cléophée s'apprêtait à protester lorsqu'une forte bourrasque la happa. Ce n'était pas une bourrasque ordinaire. Elle se sentit brusquement poussée et, avant même d'avoir pu s'accrocher à quelque chose, elle bascula par-dessus la rambarde en poussant un cri perçant. Les secondes qui suivirent, elle se sentit tomber dans le vide, puis une main l'attrapa, et une force l'aspira, lui coupant le souffle. Tout tournoya autour d'elle puis, alors qu'elle était sur le point de suffoquer, elle fut libérée et tomba...dans l'eau. On lui tenait toujours le poignet et on la tira vers le haut où elle put enfin reprendre une grande bouffée d'air. En ouvrant les yeux, la jeune fille fut un instant éblouie par les rayons du soleil qui se reflétaient comme des étoiles sur l'immensité de l'eau. Puis, elle aperçut Morad, aussi trempé qu'elle.

- C'est la première fois que je rate mon arrivée, pesta-t-il. Je visais la passerelle. Ta chute de la tour Effel m'a quelque peu déconcentré.

Il lui lâcha le poignet et commença à nager vers une passerelle à quelques mètres d'eux, quasi-imperceptible à l'œil nu. Elle était composée de cristal transparent, et se dressait au beau milieu de l'océan. Elle paraissait si longue que Cléophée n'apercevait pas son extrémité.

La Saga des Syrès : Dévastation ( tome 3) (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant