10.

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Je ne sais pas comment se déroulent les soirées de François lorsqu'il sort avec un autre escort. J'ai l'impression que les choses sont trop sérieuses, en même temps je ne me vois pas rester là à le regarder dans le blanc des yeux sans rien dire.

– Je bois quelques verres chaque jour. Inutile de me faire une leçon de morale, je sais que ce n'est pas bien.

– Pas de jugement, tu sais que tu devrais arrêter et moi j'ai conscience que c'est plus facile à dire qu'à faire.

– Il n'y a donc pas de solution.

– Bien sûr que si. Tu m'invites chez toi ?

– Qu'est-ce que tu racontes ?

– On se tire d'ici. Ce bar ne sert à rien et j'ai l'impression d'être un morceau de viande qu'on évalue.


Il ne faut pas plus d'arguments pour le convaincre, il avait certainement aussi envie de partir. Je l'accompagne jusqu'à son appartement.

– Tu vas fouiller les placards de ma cuisine ?

– Pas la peine. J'imagine que dans le frigo il n'y a que des plats préparés et des bouteilles d'alcool. Ailleurs tu dois avoir des sucreries et aussi des trucs salés, tout ce qui fait du bien quand on le mange mais qui en réalité est néfaste.

– Je déteste faire la cuisine.

– Manque de chance pour toi, il ne faut pas obligatoirement être un chef étoilé pour manger bien. Déshabille-toi.

– Je t'avais prévenu que je n'ai pas payé pour la nuit.

– Fais ce que je te dis. Tu portes des vêtements larges, je ne peux pas voir où tu en es exactement.

– C'est hors de question, je ne me montrerai pas nu.

– Tu peux garder ton slip, c'est pas au niveau du pénis qu'on prend de la graisse.

– Ton humour...

– C'est bon, on peut plaisanter encore. Allez, j'attends.

– Si je ne vais pas à la piscine et que j'ai tout fait pour éviter les cours de sport à l'école ce n'est pas pour rien.

– Oui, tu as honte de ton corps, bla-bla-bla. À poil !


Il commence à se déshabiller lentement. Il a vraiment honte de son apparence. Je le regarde de haut en bas.

– Je suis horrible, non ?

– Non. Comme tu disais il y en a qui souffrent d'une maladie et qui doivent soigner l'obésité avec des médecins. Toi ce n'est pas du tout le cas, tu dramatises énormément.

– Facile à dire pour toi.

– J'ai un pote qui a tellement abusé de la nourriture qu'il a dû passer par la chirurgie pour se faire couper des bouts de peau après son régime. Toi tu peux résorber tout ça sans aller jusqu'à cet extrême.

– C'est là que tu vas me donner un planning.

– De préférence, toutes les décisions devraient venir de toi. Mais je veux bien t'aider.

– Pourquoi ?

– Parce que derrière ta carapace d'agressivité je sens que tu es quelqu'un de sympa. Et ça me rend triste les gens qui ont une si mauvaise image d'eux-mêmes.

– Par quoi je dois commencer ? Jeter tout ce que j'ai dans les placards ?

– Surtout pas ! Il faut y aller lentement. On peut manger de tout, les régimes c'est brutal. La seule astuce c'est de ne pas abuser. Quelques chips ne font pas de mal, s'enfourner un paquet entier tous les soirs, là ça devient un problème.

– Je te dégoûte ?

Je prends trop de temps pour trouver une réponse diplomate.

– Tu ferais l'amour avec moi dans cet état ?

– Non.

– Merci. Je préfère que tu sois franc. Il y en a qui aiment, mais en général c'est juste histoire de se taper un gros une fois dans sa vie.

– J'espère que tu es une lève tôt parce que demain matin, à sept heures, on va faire un footing.

– Tu veux m'achever ?

– Je n'ai pas parlé de marathon.

Finalement, il reste quasiment totalement nu devant moi et cela ne semble plus le gêner. Je vais dire que j'ai réussi à gagner sa confiance.

Vendre mon corpsWhere stories live. Discover now