••La naissance d'un dieu••

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En conséquence, Zeus ordonnait à l'oracle de lui révéler la prophétie des Moires concernant le destin du nouveau dieu. Cette démarche permettait de déterminer si le nouveau venu était digne de l'Olympe ou, au contraire, destiné à demeurer éloigné de ce lieu sacré. Ainsi, chaque dieu devait passer par ce baptême, soumis au jugement divin pour établir son statut dans la hiérarchie céleste.

Pourtant Hadès refusa de présenter son fils aux Olympiens. C'était son seul et unique fils, il était hors de question pour lui que Zeus l'autorise à demeurerer sur l'Olympe. Son désir profond était que son fils demeure à ses côtés. Plus crucial encore, il redoutait la prophétie des Moires. Si Zeus percevait une quelconque menace à sa suprématie dans le destin de son premier-né, Hadès était conscient que son frère n'hésiterait pas à prendre des mesures extrêmes pour l'éliminer. Il ne reculerait devant rien. Même si cela impliquait de déclencher une guerre.

Il se fichait éperdument d'insulter les Olympiens en déclinant leurs invitations. Après tout, il était conscient du mépris général à son égard sur l'Olympe. Peu lui importait, il les méprisait tout autant. À ses yeux, ses frères et les autres divinités n'étaient que des individus présomptueux et arrogants, bons uniquement pour festoyer, séduire, et s'amuser avec les mortels. Lui se distinguait par son dévouement constant à sa tâche de roi. Son temps il l'occupait à juger les défunts, aménager et étendre les enfers, sans négliger la gestion des finances. Même si ces responsabilités le fatiguaient et l'accablaient, il se réjouissait de ne pas être à l'image de ses frères et sœurs. Lui au moins était respectable. Et il comptait bien enseigner à son fils à être tout aussi respectable.

Le prince Zagreus grandit dans l'opulente enceinte du palais d'Hadès. une résidence outrageusement imposante, ciselée dans la roche et incrustée de pierres précieuses. À l'intérieur, la splendeur et les décorations florales tentait vainement d'adoucir l'atmosphère macabre inhérente aux enfers. Chaque coin du palais était paré de millions de fleurs, une mosaïque botanique qui cherchait à créer l'illusion d'un printemps éternel, comme une mémoire fugace des jours où cette saison régnait en maître dans ces lieux lugubres.
Depuis les balcons de la salle des archives, la vue s'étendait à l'infini sur les étendues abyssales du royaume des enfers. C'est là que Zagreus aimait se retirer, assis sur les balustrades ornées d'obsidiennes. jours après jours il se perdait dans la contemplation du domaine de son père. Fasciner par l'immensité de ce monde qu'il ne pouvait atteindre.

D'ici il pouvait voir la beauté des champs Élysées, c'était un endroit doux et l'agréable ou séjournait les âmes des mortels justes et honorables. Il n'y avait encore jamais été mais son père lui avait un jour dit qu'il y régnait un printemps éternel créé jadis par sa mère. L'haleine des vents ne s'y faisait sentir que pour répandre le parfum des fleurs. Un nouveau soleil et de nouveaux astres illuminait les plaines sans jamais être couvert de nuages. Des arbres fruitiers, des bois de rosiers et buissons sauvages, couvraient de leurs ombres fraîches les âmes fortunées.

Les oiseaux chantaient à tue-tête et ils n'étaient interrompus que par les voix touchantes des grands poètes et des musiciens célèbres. Le fleuve Léthé y coulait avec un doux son qui faisait oublier les maux de la vie. La terre changeait constamment durant l'année, et présentait alternativement ou des fleurs ou des fruits. Plus de douleur, plus de vieillesse, là-bas les âmes conservaient éternellement l'âge où elles avaient été les plus heureuses. En ces lieux elles goûtaient aux mêmes plaisirs que ceux dont elles avaient jouient de leurs vivants. Cependant même ici les âmes des défunts continuaient de regretter la vie.

Au milieu de ses prairies de fleurs, entourées par Léthé. Il y avait une île appelée Leuce ou encore l'île des bienheureux. C'était le refuge ultime des héros une fois leurs vies mortelles achevées. Ainsi on pouvait y rencontrer les légendaires, Leonidas, Ulysse, Achille, Alcmène ou encore Thésée.
Parcourir les abords de cette île, aux demeures dorées, permettait d'entendre les échos joyeux de banquets festifs et de combats glorieux. Les héros, désormais libérés de leur existence passée, se livraient à des festivités éternelles. Célébrant leurs exploits héroïques et partageant des récits épiques. Les clameurs de leurs rires résonnaient dans l'air, mêlées à la résonance des verres s'entrechoquant, créant une symphonie vivante qui embrassait l'atmosphère divine de cette île privilégiée. C'était l'unique recoin des enfers où les âmes défuntes goûtaient véritablement au bonheur et à la paix éternelle.

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⏰ Last updated: Feb 08, 2024 ⏰

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•• 𝕬𝖘𝖕𝖍𝖔𝖉𝖊̀𝖑𝖊𝖘 ••Where stories live. Discover now