••La naissance d'un dieu••

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Son nom inspirait une terreur si profonde que même le plus intrépide des Spartiates n'osait le proférer à voix haute. On racontait que prononcer son nom attirait le malheur et déclenchait la colère d'Atropos, celle qui coupe. Ainsi, on préférait lui attribuer des surnoms. Parfois il était nommé le dieu riche. D'autres fois on l'appelait l'hospitalier ou encore le Renommé. Cependant, même l'évocation de ces surnoms suffisait à instaurer la crainte parmi les mortels.

Contrairement à ses pairs olympiens, aucun temple ne lui avait été dédié, aucune prière ne lui était offerte. Les rares audacieux qui osaient des rituels en son nom se révélaient être des insensés. Des pauvres fou, engagés dans des sacrifices et des bains de sang lors de nuit sans lune, implorant le dieu invisible d'apporter la mort à leurs ennemis.

Pourtant Hadès n'avait rien fait pour mériter une réputation si effroyable. Ni sinistre ni implacable, il n'était en rien un monstre. En réalité son rôle se limitait à être le souverain des enfers, n'ayant aucun lien avec le trépas des Hommes. La responsabilité de la vie appartenait aux Moires, plus particulièrement à Atropos, qui décidait de quand l'heure était venue. Et celui qui venait cueillir la vie et l'arracher n'était autre que Thanatos l'incarnation de la mort.

Il n'était pas non plus l'auteur des tourments des âmes maudites. Cette tâche revenait aux démons et aux furies.
Hadès lui ne faisait que gouverner un royaume qu'il n'avait jamais désiré. Il avait trié la paille la plus courte et avait été couronnée maître des enfers. Ce royaume où personne ne voudrait séjourner volontairement. Pas même lui.

Pourtant il avait accepté son rôle de roi des morts et il l'exerçait avec diligence. Il était l'autorité et le juge suprême des défunts, veillant à ce que chaque âme soit justement jugée. Contrairement aux perceptions mortelles, il pouvait se montrer clément dans les situations appropriées. Également, rares étaient les âmes qu'il condamnait à la torture éternelle. En outre, Hadès n'avait rien d'un dieu cruel.

Comme ses frères, il était doué de compassion et d'amour. Son premier émoi amoureux fut pour Menthé, une nymphe d'un des fleuves souterrains. Mais c'est uniquement lorsque son chemin rencontra celui de la déesse Perséphone, qu'il comprit ce qu'était réellement l'amour. Contrairement à ce que disait la légende il ne l'enleva pas contre son gré. En réalité conscients que Demeter, la mère de cette dernière ne la laisserait jamais partir, ils avaient fui tous les deux. Leur mariage, bien que singulier au départ, fut un mariage heureux. Du moins il en avait été ainsi jusqu'à ce que Perséphone ne jette son dévolu sur un mortel et ne se détourne de son époux.

Mais bien avant cela, le roi et la reine des enfers s'étaient aimés profondément. C'est de cet amour sincère que naquit un petit prince. Lorsqu'il ouvrit les yeux pour la première fois toute la cour infernale fut subjuguée par sa beauté. Le prince se distinguait des autres dieux de par une particularité jusqu'alors inédite. Son œil gauche était aussi bleu que ceux de son père, rappelant les flemmes ardentes des enfers. Tendit que son œil droit quand à lui était vert comme ceux de sa mère. À l'image des prairies printanières.

À l'instant où le petit Dieu laissa échapper son premier cri, des incendies se propagèrent à travers tout le monde grec. Dans l'Attique, en crête, à Corinthe et même sur les terres sacrées de Delfes. De même la forge d'Héphaïstos s'embrasa de manière inhabituelle, au point où même le dieu forgeron lui-même ne parvint pas à maîtriser ses flammes. Sur l'Olympe, le feu sacré dansait et frémissait, plus éclatant et ardent que jamais.

La personnification du feu était née. C'était un dieu chtonien que l'on nomma Zagreus.

Selon la coutume, à la naissance d'un dieu, l'enfant devait être conduit sur l'Olympe pour être présenté devant Zeus et les autres divinités olympiennes. Lors de cette cérémonie, le rituel débutait par la vérification de la couleur du sang de l'invité d'honneur. Si la teinte était rouge, cela signifiait la présence d'un imposteur mortel. En revanche, si le sang était doré, il confirmait qu'il s'agissait bien d'un dieu.

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⏰ Last updated: Feb 08, 2024 ⏰

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