Chapitre 3

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Je deviens folle. Vraiment, cette maison me rend dingue. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression que certaines choses ont été déplacées, que certains objets disparaissent. Les livres d'abord, de la vaisselle, le cendrier de ma chambre... Je me sens sans cesse observée.
D'accord, j'ai toujours eu une imagination foisonnante mais là c'en était trop. Chaque soir, d'effrayants cauchemars s'emparent de mon sommeil, me réveillant en sueur et le souffle court. Et ce que je ne saisis pas, c'est pourquoi j'ai l'impression d'être la seule à ressentir ceci.

Plus les jours passaient, plus je devenais anxieuse et tendue. Ma mère ne supportaient plus mes théories qu'elle jugeait absurdes. L'argument de la vieille maison qui grince ne me convenait plus.
La vie suit son court sans que je me sente apaisée. Chaque jour, je m'attends à une nouvelle manifestation de ce "je ne sais quoi" qui me terrorise et m'intrigue en même temps. Je suis presque déçue quand rien ne se passe, comme si l'idée que ma mère puisse avoir raison était insupportable.

Ce soir, c'était décidé, je ne dormirai pas. Installée dans mon lit, à côté de ma lampe torche, j'observe longuement l'ombre des arbres couvrant la lune qui dansent devant ma fenêtre, et j'attends. J'attends un moment fatidique, sans vraiment savoir ce que j'espère ; une apparition ? Un cambrioleur averti ? Une manifestation quelconque ?
Pourtant, je suis saisie par la peur.

Je me tourne vers ma table de nuit. Mon réveil affiche 3h33. L'heure du diable, quel cliché.
Bien qu'épuisée, une vague de courage me pousse à me lever.

- Allez ma vieille, me dis-je à moi-même. On va trouver ce qui cloche ici.

Je me rends à pas feutrés dans le salon, dont la seule lueur provient de la lune. Je garde ma lampe torche en derniers recours, le téléphone dans l'autre main, prête à... à je ne sais quoi, en fait.
Il n'y a que moi ici, du moins de ce que je perçois. Je déglutis difficilement avant d'avancer vers la cuisine, le coeur battant.

Le calme qui empare la cuisine est plus pesant que rassurant. J'ouvre le frigo, pensant combler ma peur par un peu de nourriture. Alors que je m'apprête à saisir le camembert machinalement, je remarque qu'il n'y en a plus.

- Dana à encore du tout bouffer...

Je sais que ma sœur n'y a pas touché, au fond. J'essaie néanmoins de me rassurer ; les fantômes ne mangent pas de fromage.

C'est alors qu'un bruit de pas me parviens. Tétanisée, je referme brusquement la porte du frigidaire. Ma lampe torche braquée sur la porte, il n'y a nul doute ; je ne suis pas, mais alors pas du tout discrète. Alors que j'étais proche de l'infarctus, une silhouette noir s'approche, avec de longs cheveux noirs qui couvre son visage. Alors que j'allais hurler, je comprends que c'est ma sœur, encore dans le gaz.

- Qu'est-ce que tu fais, Charlie ?!

J'avais du la réveiller. Depuis la mort de papa, dont le prénom etait Charles, elle ne m'appelait que rarement par mon prénom. J'en déduisait qu'elle était énervée.

- Excuse-moi, renchéris-je. J'avais faim, c'est tout.

C'est à ce moment qu'un bruit sourd d'une ampleur inimaginable survint. Il semblait provenir de dessous nos pieds.
Je regarde alors ma sœur et constate qu'elle est terrifiée. Soit nous sommes toutes les deux folles, soit il se passe définitivement quelque chose ici.

Sensum [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant