5. La cité d'Al Agar (2)

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Rahyr n'était pas vraiment du genre à s'étaler, mais peut-être que Vankir avait raison : il devait lâcher prise. Les deux djinns arrivèrent sur la grand place Tarjannel, un groupe de djinn s'était regroupé dans ce lieu devant un immense podium circulaire en pierre blanche, dont le tour descendait en escalier.


—Qu'est-ce qu'ils attendent ? Demanda Rahyr à Vankir—Ils attendent le mur de feu, lorsque le conseil ouvrira le coffre que tu vois poser sur ce socle de pierre là-bas, pointa Vankir du doigt, la couronne de feu dressera un mur tout le long du podium circulaire. Ce sera le moment de proposer ton feu pour participer aux jeux de la nouvelle lune afin de prétendre au trône de la cité. Enfin, je veux dire, ceux qui peuvent le proposer, les jeux ne sont ouverts qu'aux djinnins.—Je n'avais pas l'intention de me proposer..., voyant l'expression de Vankir, il ajouta : « mais toi oui ? » —Peut-être, je ne sais pas vraiment, j'hésite.

Vankir et Rahyr dépassèrent la foule et continuèrent leur chemin. Devant eux, des petits djinnins encerclaient un vieux djinnin assis en face d'eux ; il éclaircit la voix et leur demanda :

—Qui ici connaît la légende des trois feux ? De nombreuses mains se levèrent. —C'est une des plus vieilles légendes de notre peuple, voulez-vous que je vous la raconte quand même ?

« Oui, oui », crièrent les petits djinnins, dont les yeux brillants faisaient écho aux flammes qui brûlaient devant eux.

—Au commencement, alors que notre planète venait de se former, le premier djinn, Dimn vint au monde et naquit seul. Il possédait une puissance alors inégalable. Son feu était capable de brûler les objets matériels mais également le monde immatériel. Dimn construisit beaucoup de choses et en détruisit un certain nombre, mais il s'ennuyait terriblement dans le monde sombre et fade qu'était le nôtre.

Sans s'en rendre compte, Rahyr avait ralenti le pas, il stoppa Vankir.

—Mon père me racontait cette histoire quand j'étais un petit djinn. Ils se joignirent alors aux autres et écoutèrent le conteur. Le vieux djinn ouvrit ses mains et fit apparaître avec son feu, la silhouette du premier Djinn, Dimn, telle qu'il l'imaginait.—C'est alors que notre tout premier ancêtre eut envie d'une descendance, continua le conteur, il donna naissance à deux fils et une fille. Mais Dimn n'était pas un djinn partageur. Même s'il était fier de sa progéniture, il se mit à penser que ses enfants pourraient le reverser si il leur faisait don de son feu comme le veut notre rituel de passation. Il décida alors de diviser son feu en deux : le feu matériel, dont les flammes rouges pouvaient dévorer des forêts entières et le feu immatériel, dont l'éclat bleu argenté pouvait refroidir l'âme et en extraire le fluide vital. Il fit don du feu immatériel à son premier fils, Athème et offrit le feu matériel au second, Mérius.

Le conteur fit apparaître de sa main droite, un feu rouge flamboyant, tandis qu'un feu bleu argenté possédait sa main gauche. L'audience était époustouflée. « C'est un hydride, entendit Rahyr dans la foule qui entourait le conteur, Il possède les deux feux ».

—Le premier fils fut le premier djinnin de notre monde, continua-t-il, tandis que le second fut le premier jinnane : Athème et Mérius, les deux frères maudits, dont la quête vers le pouvoir empoisonne notre monde encore aujourd'hui. Alors que Dimn observait ses fils se faire sans cesse compétition, sa fille Elyria contemplait les Cieux et rêvait d'un autre monde bien plus coloré que le nôtre. Un jour alors qu'elle méditait, une fumée lumineuse prit possession de tout son corps et Elyria disparu devant les yeux de ses frères ébahis. Lorsque les deux idiots vinrent prévenir leur père, celui-ci leur sourit et leur dit que cela devait bien arrivé un jour ou l'autre.

Au fur et à mesure que le vieux djinn racontait l'histoire, son feu prenait la forme de ses personnages.

—Je vous ai donné des feux complémentaires, mes fils, dit Dimn. A votre sœur, en revanche, je lui ai donné le feu dans lequel je suis né. C'est ainsi qu'Elyria reçut le feu d'essence originel, celui dont provient la vie. Dimn et ses fils ne revirent plus jamais Elyria. On dit qu'encore aujourd'hui, elle sillonne le Cosmos à la recherche de ses pairs. Voilà, c'est terminé.« Une autre, une autre », crièrent les petits djinns. A cet instant, Vankir sentit son médaillon vibré, c'était un message de la cité d'Al-Agar. Le patrouilleur marmonnait quelques insultes mais sembla soudain solagné. —J'ai cru qu'on m'appelait en mission mais en fait c'est un accord de légation. Ylis me laisse ses appartements, ça y est ! —C'est très gentil de sa part. —On pourrait presque dire que j'y habite depuis plus longtemps que lui. C'est pratiquement ma maison mais en effet, c'est très gentil de sa part. Bon allez, on ne va pas traîner ici pendant mille lunes !

Le monde des Djinns : Ylis, l'arracheur d'âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant