Fuite

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Le macadam froid, un sifflement en continu. La tête qui tourne, les yeux qui vacillent et la soudaine envie de faire disparaître toute cette douleur physique.

Je m'appuie sur le béton, avec la force qu'il me reste. Pris d'un violent mal de crâne, je tiens fortement ma tête, ne supportant pas ce bourdonnement incessant.

Je tente d'ouvrir les yeux, mais une couleur blanche cache ma vision. Je les frotte, espérant que ça serve à quelque chose.

Damien : M-Maxime..? H-Hu-go..?

Je toussote légèrement, arrêtant mes mouvements frénétiques sur mes pauvres yeux et entendant de moins en moins le bruit insupportable d'autre fois.

Damien : Val-entin..?

J'ouvre une nouvelle fois mes yeux bleus, et la lumière blanche devient de plus en plus transparente, me redonnant l'usage de ma vue. Devant moi ne se trouve pas les garçons, mais des centaines de gens au sol.

Hugo : Damien...

Je me retourne vers la provenance de la voix de mon ami, à demi conscient de la gravité de la situation. Hugo est allongé de tout son long et semble vouloir se redresser en vain.

Damien : Attends, je vais t'aidé...

Je me déplace à genoux vers lui, incapable pour l'instant de me relever, encore pris de vertiges. Il me tend faiblement sa main, que je prend et tire pour qu'il s'assoit. Ses yeux sont déjà ouverts et semble encore sonné.

Hugo : Les...Autres...?

Je me retourne et voit Maxime et Valentin peu loin de nous. Il y'a aussi l'inconnu, ou plutôt Thomas. Il nous a aidé...Pourquoi, comment il sait tout ça ?

Hugo : D-Da-m-mien...

Il me montre, apeuré, du doigt les parisiens endormis. Je tourne la tête pour voir, et vois une grande fumée blanche se déployer dans ce dôme. Je suis soudain pris d'une certaine adrénaline.

Damien : On réveille les autres et on fonce tout droit !!

Il hoche positivement la tête puis va secoué nos deux amis. Moi je vais vers Thomas, bouge très vite son épaule. Il ouvre les yeux et sa tête fait une grimace de douleur.

Damien : On a pas le temps, faut partir.

Il se redresse en regardant la fumée aller de plus en plus vite vers nous. Son visage devient sérieux et il se lève très rapidement. Je me lève aussi, beaucoup plus difficilement que lui. Valentin réveille Maxime, dans un état de panique intense.

Thomas : Faut qu'il se grouille !
Valentin : Déjà tu vas te calmer car c'est à cause de toi si on est dans cette merde !
Thomas : Tu préférais être au milieu de ces gens qui sont entrain de se faire asphyxié c'est ça ? Tu peux toujours y'aller, j'te retiens pas !

Je regarde gravement mon ami, d'un regard soutenu, communiquant comme simple message qu'il se calme.

Il baisse la tête alors que l'endormi se réveille dans un hoquet de surprise. Valentin le prend par la taille, aidé par Hugo tandis que je cherche une explication.

Thomas : Un de vous a une cave ou un endroit sans contact avec l'extérieur pas trop loin ?
Hugo : Damien habite dans les rues avant les Champs, c'est trop tard pour aller dans la cave de son père j'imagine.

Je regarde les deux hommes pendant que Maxime reprend conscience.

Thomas : Le gaz est déjà propagé.
Hugo : J'ai loué une maison, rue Saint Ermet, c'est à un rond point d'ici. J'ai un sous sol, je sais pas si ça ferra l'affaire

Je suis déjà aller chez lui. C'est une modeste maison, au cœur de Paris. Son sous sol est aménagé de deux beaux lits et de deux commodes avec de la bouffe et de l'eau. Quand il a emménagé ici en mars, on s'amusait à refaire la déco de ce petit sous sol, mettant une télé, rajoutant un canapé d'angle et ravitaillant les étagères. Pour nous, ça aurait été seulement un endroit pour passer de bonnes soirées, mais là ça va servir réellement à quelque chose. Soit sa fonction initiale : nous sauver.

C'est d'un pas pressé que nous nous dirigeons à la rue Saint Ermet, marchant sur la route pour traverser le rond-point. Normalement, ça aurait été l'heure de pointe, mais plus rien est normal depuis fin novembre. Quand ce putain de gaz à recouvert l'entièreté du globe terrestre, sauf Paris.

Plutôt ironique.

Maxime somnole encore un peu. On m'a prévenu que sa tête est tombée sur un des maintiens en fer de l'estrade.

Je regarde parfois derrière moi, pour voir la propagation du "gaz" comme dit Thomas. Pourquoi il nous tuerait ? Je repense alors à ma pensée d'hier soir :

"Je sais pas ce que le gouvernement a décidé, mais autant tous nous tués."

Je suis tellement débile. Dans le fond, j'ai aucune envie de crever, surtout sans savoir ce qui se passe. Ça a le don de me frustrer psychologiquement à un point inimaginable.

Hugo ouvre son appartement, nous rentrons et courons derrière lui. Il ouvre les portes de son sous-sol dans une telle précipitation qu'il en fait tombé ses clés sur le sol. Une fois le demi comateux et les autres passés, il ferme à triple tour sa porte blindée. Valentin couche Maxime sur le premier lit qu'il voit pendant que je m'affale sur le canapé couleur taupe.

Thomas s'empare de son sac, l'ouvre et en sort un carnet de note, assez rempli vu son épaisseur. Il l'ouvre puis tourne vivement les pages d'encres. Il s'arrête sur une et lit quelques lignes.

Valentin : Tu...Tu vas nous expliquer toute cette merde maintenant !
Hugo : Calme toi...

Mes deux amis s'assoient complètement essoufflé sur le deuxième lit.

Thomas : Trente minutes d'avance. Ils avaient prévu.

Il commence à s'agiter et chercher d'autres choses dans son sac noir. Je me lève et le lui prend des mains.

Damien : Tu. Nous. Explique. MAINTENANT !

Mon ton est volontairement sec et autoritaire. Trois fois qu'il évite ce sujet.

Il se rapproche doucement de moi, me met un coups sur le côté extérieur du genoux gauche, me fait céder. Je tombe la tête là première sur son genou plié en équerre, je m'écroule une nouvelle fois lourdement sur le sol. Le sol de mon ami.





@Consciencesse.



_HEYYYY !
•On saura pas tout de suite ce que veut "Thomas".
•Il est violent nan ?
•Suite plus tard !

Stone {Terminé}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant